2. Jour 2 Compétition Fiction Internationale- La Nuit Interdite

Un texte signé Alexandre Lecouffe

Programme très chargé pour ce deuxième jour du Festival avec deux temps forts : la Compétition de courts métrages de fiction et la « Nuit Interdite » composée de 4 courts métrages et trois longs (hors compétition).
La Compétition Fiction était donc, cette année, internationale et proposait huit œuvres aussi diverses dans leur fond que dans leur forme. Plutôt qu’un panorama succinct de tous les films, je préfère m’attarder sur les trois qui m’ont paru les plus achevés (ce jugement n’engageant que moi, bien entendu).

FINKLE’S ODYSSEY de Barney Clay (G.B., 2007)
(photo ci-dessus) Prenant comme point de départ les affres de la création d’un jeune écrivain qui se voit proposer par un représentant des tubes contenant des idées, le film va développer une tonalité fantastique et métaphorique très cohérente, visuellement très inspirée. Si des influences sont perceptibles (Jeunet et Caro pour les images, l’univers halluciné de W. Burroughs ou le BARTON FINK (LE ?) des Coen), FINKLE’S ODYSSEY parvient en 15 minutes à trouver son unité et son propre univers. Projeté pour la première fois en France, il a déjà fait le tour de certains festivals et a reçu un Prix à FantasPorto.

BLOODY CURRENT EXCHANGE de Romain Basset (France, 2007)
Bénéficiant de la présence toujours impressionnante de Philippe Nahon (SEUL CONTRE TOUS de Gaspard Noë), ce court autoproduit est un remarquable exercice de style mêlant sexe et sang de manière subtile et inattendue. Huis-clos à deux personnages dans une chambre d’hôtel, la relation qui paraît anodine (un client, une prostituée) va déboucher sur l’étrange puis le fantastique. Respectant ce qui doit faire l’intérêt d’un court (du moins dans le genre qui nous intéresse) c’est-à-dire tendre vers un effet, le jeune réal’ livre un film ayant bien assimilé ses influences ; on lui souhaite de se lancer avec succès dans l’aventure du long.

BATMAN : ASHES TO ASHES de Julien Mokrani et Samuel Bodin (France, 2008)
Terminé depuis peu, ce premier court réalisé en duo était donc présenté en première mondiale. Défini comme un « Batman fan film » par les auteurs qui ont tous deux une solide expérience dans le domaine de la technique (clip, montage, compositing…) ce BATMAN fait l’effet d’une grosse claque ! Tourné pour un budget ridicule, le film a bénéficié d’un énorme travail en post-production et le moins que l’on puisse dire c’est que le résultat final est bluffant de professionnalisme. Sombre, âpre, violent comme l’univers de Franck Miller qu’il retranscrit fidèlement (BATMAN mais aussi SIN CITY dont il est finalement plus proche), il est visuellement très riche et, honnêtement, moins « glacé » que le SIN CITY de R.Rodriguez.
A coup sûr, ce court à l’aspect très international est parti pour faire parler de lui dans de nombreux festivals.

Hors compétition était ensuite proposé le film anglais SUMMER SCARS de Julian Sands (THE LAST HORROR MOVIE), un « teen-movie brutal et sans concession » que j’ai raté et qui a recueilli les faveurs de ceux qui l’ont vu. En fin de journée étaient programmés deux films russes, VIJ (1967) conte fantastique d’après Gogol et AELITA (1924) le premier film de SF soviétique projeté avec un accompagnement musical.

LA NUIT INTERDITE
Salle comble à nouveau et surchauffée pour cette longue nuit où furent projetés cinq courts-métrages et trois longs de 22h30 à 4h30. On ce qui concerne les courts, la rediffusion du Prix Spécial de l’année dernière, LES MORVEUX de Pierre-Louis Levacher (membre du jury cette année) a plié la salle en deux ! A force d’entendre en boucle à la radio les « petits choristes de Berck-sur-Mer », le personnage principal se transforme en tueur de choristes et les élimine un par un avec les moyens du bord (hache, tronçonneuse, …) avant de les passer à la moulinette. Réalisé en réaction au matraquage médiatique du film LES CHORISTES, LES MORVEUX est un mélange d’univers BD, de burlesque et de gore assez jouissif.
Parmi les courts programmés, ma préférence va sans conteste à DARA (ci-contre), un film indonésien, réalisé par les Mo Brothers où la charmante propriétaire d’un restaurant torture les hommes avec qui elle vient d’avoir un premier rendez-vous. On pense un peu à AUDITION de T.Miike pour la beauté froide du personnage féminin et l’aspect rituel-fétichiste de certaines scènes mais DARA étonne surtout par l’humour extrêmement noir qu’il développe et qui fonctionne à merveille.
Pour les longs-métrages, c’est DOCTOR INFIERNO de Paco Limon (Espagne) qui ouvre le bal avec son savant fou qui veut soumettre de force l’humanité à ses expériences de guérison miracle et qui aura comme adversaire héroïque une infirmière indestructible (maniant le full contact et assez proche physiquement de Hulk). Malgré quelque passages comiques assez trash, bien rythmés et assez délirants, on tombe rapidement dans le n’importe quoi filmique à côté duquel le pire des Miike fait figure d’œuvre austère et bien filmée.
Un petit mot sur BUKAREST FLEISH de Andy Fetscher (Allemagne) où une jeune femme enquêtant sur la mort de son père découvre que celui-ci menait des expériences génétiques sur des humains en Roumanie. Bien filmé, le film ne décolle pas vraiment malgré ses attaques de mutants et son discours humanitaire basique (l’exploitation des pays pauvres par les grandes puissances occidentales).
Le dernier film, THE DEVIL DARED ME TO de Chris Stapp (Nouvelle-Zélande) conte les déboires d’un cascadeur minable qui fera tout pour suivre les traces de son père et tenter de devenir le meilleur de sa catégorie. Comédie grinçante sur le monde des cascadeurs, le film accumule les gags les plus « hénaurmes », les personnages les plus malchanceux et les situations les plus ridicules dans une espèce de tourbillon qui mélange l’esprit « Jackass », SOUTH PARK et les Monthy Python. Quelques bons éclats de rire avant d’aller se coucher !

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- Article rédigé par : Alexandre Lecouffe

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