3 Aventures dans l’Himalaya

Un texte signé Patryck Ficini

France - 1955-1956 - Dazergues Max-André, Roc Gil, Dahin Michel

Dans la première moitié du vingtième siècle, les éditions Ferenczi ont publié énormément de fascicules populaires : aventure, science–fiction (notamment chez Maurice Limat), western (Albert Bonneau, le papa de Catamount pour un autre éditeur) et évidemment policier. La collection culte « Mon roman d’aventures » a ainsi fourni bien des émotions et des rêves au lecteur de l’époque à travers des « petits romans », comme disait Limat, c’est à dire des novellas souvent chapitrées. L’équivalent français de certains pulps américains !
Le maître du fascicule actuel, alias le Carnoplaste, a la bonne idée de republier aujourd’hui certains de ces récits.
TROIS AVENTURES DANS L’HIMALAYA regroupe ainsi des aventures tibétaines sur plus de 40 pages. La véritable littérature populaire, exotique et fantastique, est de retour, ne manquons pas le coche !
Max-André Dazergues a écrit nombre de romans policiers et d’aventures. Il a notamment consacré 8 volumes aux méfaits du Bossu, une sorte de génie criminel contrefait (une série très agréable). Toujours pour les éditions Ferenczi, il a donc signé ce MONASTERE DES MORTS VIVANTS, qui n’a évidemment rien à voir avec la saga cinématographique des Templiers Aveugles de Amando de Ossorio. On s’en doute, ni d’ailleurs avec une quelconque histoire de zombies.
Dazergues conte l’arrivée dans un étrange monastère tibétain de deux alpinistes qui « font » le mont Everest. Après une tempête de neige et une avalanche, admirablement mises en scène, l’Anglais et son sherpa, avec qui il a tissé une belle amitié, rencontrent des moines mystérieux et cagoulés. Des hurlements retentissent dans une cellule fermée. Il semblerait qu’ils soient menacés par la « mort lente ». De quoi s’agit-il ? Que se passe t-t-il exactement dans ce monastère reculé, perdu sur le Toit du monde ? Difficile d’en dire plus sans dévoiler le véritable sujet d’un récit aussi court, beaucoup plus moderne qu’il n’y paraît et vraiment en phase avec les peurs de son époque. L’amitié interculturelle entre les deux héros, que tout pourrait pourtant séparer, est touchante (on est loin du racisme dont on taxe souvent, parfois à raison, les auteurs de l’époque). Dazergues, réputé pour avoir aussi écrit des récits teintés de macabre, réserve au lecteur stupéfait une véritable scène d’horreur, puissamment évocatrice. Une belle plume, délicieusement surannée, au service d’une idée forte. Très forte.
Gil Roc, poète à ses heures, délire encore plus dans L’ETRANGE PEUPLE DU KINTCHINDJINGA, un titre difficilement prononçable pour une histoire complètement folle où des explorateurs perdus dans l’Himalaya découvrent une civilisation oubliée qui voue un culte à Kali-Yuga. Pour s’en sortir vivants, ils devront affronter des hypnotiseurs, des chauves-souris vampires, des serpents qui se multiplient à mesure qu’on les tue. Hallucinations ou réalité ? Bob Morane et Henri Vernes n’ont qu’à bien se tenir ! Impossible de développer plus d’idées en un si faible nombre de pages. On ne résiste pas au plaisir de citer un court extrait particulièrement sanglant de cette aventure profondément fantastique :
« Les jeunes gens eurent encore le temps de distinguer son corps qui s’enfonçait dans la vase. Un immonde saurien se précipita sur lui et emporta une jambe. Quelque chose de violacé teinta la boue, puis le corps fut entièrement recouvert par les reptiles. » (P.26)
Le polygraphe belge Michel Dahin, avec PRISONNIERS DES DIPLODOCUS, narre quant à lui les aventures d’un détachement de l’armée anglaise en proie à de terribles périls : tribu d’hommes à trois yeux armés de flèches empoisonnées et, bien sûr, reptiles préhistoriques terrifiants. Les affrontements sont assez spectaculaires, malgré une écriture déjà plus discutable que celle de ses collègues, et cette histoire de « monde perdu » intéresse, après Conan Doyle, même si l’intrigue réserve au final assez peu de surprises dans son déroulement par trop linéaire.
On savait que le Carnoplaste fournissait régulièrement des fascicules inédits et passionnants. En rééditant des textes oubliés mais dignes d’intérêt, cet éditeur atypique frappe très fort, une nouvelle fois. Gageons qu’il ne s’arrêtera pas en si bon chemin.


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- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

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