3. BIFFF 2008 – Contrastes du passé italien

Sporadiquement, l’Italie tente de prouver qu’elle revient sur la scène fantastique. Saura-t-elle un jour ressusciter les mânes des glorieux ancêtres ? Rien n’est moins sûr. Le BIFFF s’enquiert régulièrement du fantastique transalpin, mais ce qu’il ramène dans ses filets nous laisse dubitatif.

THE HIDEOUT signe le retour de Pupi Avati au film fantastique, dix ans après son précédent film de genre, L’ARCANO INCANCATORE (présenté au BIFFF si nos souvenirs sont bons). Et l’auteur de ZEDER et de LA MAISON AUX FENETRES QUI RIENT a du métier. Le résultat ne démérite pas et offre une œuvre classique mais efficace, qui aurait pu avoir été réalisée durant l’âge d’or des années ’60-‘80. Le film repose sur son décor de maison hantée, assez bluffant au demeurant. Comme régulièrement dans le passé du cinéma de genre italien, le film est tourné en anglais et situé aux Etats-Unis, ce qui en dilue quand même partiellement son « italianité » (le titre original semble bien être THE HIDEOUT, IL NASCONDIGLIO n’étant que le titre d’exploitation italienne). Enfin, on ne boudera pas notre plaisir : THE HIDEOUT ne révolutionne rien, mais se regarde avec grand plaisir.

Venons-en ensuite au sujet qui fâche : MOTHER OF TEARS de Dario Argento. Comment Dario Argento a-t-il pu commettre une telle purge ? Un réalisateur avec près de 40 ans de métier, qui a en outre débuté comme scénariste, aurait pourtant dû se rendre compte que le script était pourri de A à Z. Un naufrage d’une telle ampleur en devient vraiment gênant. Ca confine presque au suicide artistique. Dario Argento avait déjà repoussé les standards du navet de haute gamme avec le pathétique FANTOME DE L’OPERA et avait continué de se vautrer avec THE CARD PLAYER et DO YOU LIKE HITCHKOCK ? mais on l’avait cru remis en selle par le succès de sa collaboration à la série MASTERS OF HORROR. La désillusion n’en est que plus grande. Et encore plus quand on voit comment se conclut la trilogie des trois mères. Il n’y a proprement rien à sauver de MOTHER OF TEARS : le script digne d’une série Z, la réalisation jamais inspirée, la direction artistique défaillante et datée. Les sorcières punks et leur grimaces ridicules semblent sortir tout droit du clip « La salsa du démon » du Grand orchestre du splendide, l’invisibilité de l’héroïne est digne d’une série télé des années ’50 et l’apparition de Daria Nicolodi, la mère d’Asia – dans le film comme dans la vie – en fantôme disneyen provoque au mieux un rire de gêne. On en ajoutera une couche avec l’interprétation pathétique : oui oui, Asia Argento y joue comme un pied, restant dans la tonalité du reste du casting. Les larmes du titre, ce sont celles des fans du réalisateur. Ne reste qu’une question : Dario Argento va-t-il définitivement s’immoler avec son prochain « GIALLO » ?

Ceci dit, avec deux films au compteur du BIFFF, on constate bien que le retour italien n’est pas pour tout de suite. L’Espagne et l’Angleterre ont depuis plusieurs années pris les devants sur le marché du fantastique européen. Même si l’Italie signe encore quelques beaux films de genre (au hasard ARRIVEDERCI AMORE, CIAO ou encore LA SCONOSCIUTA), elle échoue à relancer massivement le mouvement et à réattirer sur elle l’attention internationale. Et à bien y regarder, on ne décèle pas vraiment de nouveaux talents : Avati et Argento (qui a présenté la plupart de ses films au BIFFF depuis sa fondation en 1983) cette année, Soavi et Tornatore auparavant, ce sont là des réalisateurs installés, des vieux maîtres. N’y a-t-il personne dans la nouvelle génération pour relever le défi du cinéma de genre ?

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