31

Un texte signé Philippe Delvaux

7 forains tombent sur des épouvantails étrangement disposés sur la route. Quelques secondes après, déboulent des gus déguisés en prisonniers qui abattent deux d’entre eux et embarquent les 5 autres. Ceux-ci se réveillent dans un théâtre où des riches maquillés et déguisés en nobles français du XVIIe leur donnent les règles du jeu intitulé 31. Ils ont 12h pour survivre à une flopée de tueurs qu’on va envoyer à leurs trousses. Le jeu est bien sûr faussé. Ils n’ont en théorie, aucune chance, comme l’indique les statistiques des paris. L’entrepôt servant de base du jeu est découpé en zones, et chacune d’elles correspond à un niveau, à un tueur auquel ils devront faire face.

31, le dernier long métrage de Rob Zombie (DEVIL’S REJECT, LORD OF SALEM) est une étonnante version des CHASSES DU COMTE ZAROFF qu’on aurait transposé dans l’univers de MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE. Quand à la narration, outre d’adopter les codes du survival oscillant entre le torture porn (HOSTEL, SAW) et le slasher (HALLOWEEN), elle fonctionne surtout comme un jeu vidéo. Chaque nouveau tueur correspond à un boss de jeu vidéo. Bien sûr, Rob Zombie joue avec les codes du genre. Ainsi il laisse planer le doute quant à la possible survivance de ses boogeymen. Mais surtout, et comme toujours, le réalisateur nous propose une tripotée de personnages hauts en couleur.

Le production design est très travaillé, comme toujours avec le réalisateur musicien. Ainsi on notera la séquence du repas qui fait écho aux visions cauchemardesques de HALLOWEEN II. L’esthétique est toujours au cœur du film, ici Rob Zombie multiplie les effets numériques, des flares omniprésents au grain imitant la pellicule. Ce qui aurait pu être un bonus intéressant devient dérangeant quand la mise en scène devient si frénétique que les scènes de combats sont illisibles. L’ennui c’est qu’on a l’impression que cette mise en scène jouant sur l’esthétique, la forme, en oublie le fond.

En réalité, il est fort possible que cela soit dû à un manque de budget. Le film a été réalisé en une vingtaine de nuits, ce qui a dû peser sur le moral de l’équipe. Rob Zombie a dû en passer par un financement participatif afin de boucler le budget. Autant dire que le manque de moyens se ressent fortement. Manque de changements de valeurs de plan, montage trop rapide destiné à masquer des SFX trop couteux et donc escamotés, et surtout, il manque l’introduction des personnages qui sans background paraissent sacrément vides.

Des défauts qu’on aurait pu pardonner à un débutant mais certainement pas au réalisateur du brillant DEVIL’S REJECTS ni du très réussi remake de HALLOWEEN II. On se demande où est passé le réalisateur maîtrisant sa caméra et son univers, celui qui jouait avec les codes du genre et les attentes du spectateur. 31 paraît sacrément vide, comme une coquille joliment décorée mais avec pas grand chose à l’intérieur. Divertissant peut-être, mais n’ayant pas grand chose d’intéressant à proposer. Les allergiques à la « shaky cam » passeront leur chemin.


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- Article rédigé par : Philippe Delvaux

- Ses films préférés : Marquis, C’est Arrivé Près De Chez Vous, Princesse Mononoke, Sacré Graal, Conan le Barbare

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