8 Diagrammes de Wu Lang, les

Un texte signé Eric Petigni

Hong Kong - Liu Chia-Liang
Interprètes : Gordon Liu, Alexander Fu-Sheng, Yeung Ching Ching

« Sept quittant, six revenant », voici ce que prédisent les bâtons divinatoires du yi-king à madame Yang concernant le départ de ses sept fils pour rejoindre leur père sur le front du Nord et l’y aider à repousser l’envahisseur mongol. Estimant que le sacrifice d’un rejeton peut être acceptable dans le but de protéger la nation, madame Yang, par ailleurs sûre d’une victoire éclatante, laisse donc ses fils partir à la guerre. Cette splendide erreur d’interprétation marque le début de ce non moins splendide film nous narrant le destin tragique de la famille Yang. On passera très vite sur l’impressionnant casting de stars de la Shaw réuni pour jouer les sept frères. On dira simplement qu’il se fait presque entièrement annihiler en dix minutes de métrage, pour revenir sur l’erreur d’interprétation de cette brave madame Yang. En effet, le retour de six de ses fils était initialement prévu mais un seul rentrera au bercail, le sixième fils, indemne physiquement mais rendu fou par la trahison qui les fit tomber au champ d’honneur (si fou qu’il n’en reconnaîtra ni sa mère ni ses soeurs au point de les attaquer à coups de lance…). Puis l’histoire se recentre sur l’autre survivant du massacre, le cinquième frère, Yang Wu-Lang (Gordon Liu) qui, après le déshonneur de la défaite, décide de rejoindre le temple de la quiétude pour y devenir moine. Le hic, c’est que les maîtres du monastère ne veulent pas de lui. Qu’à cela ne tienne, Wu-Lang se fera donc moine lui-même donnant lieu à une scène d’auto-ordination tout simplement grandiose. Bien entendu l’histoire ne s’arrête pas là et le film comporte un grand nombre de séquences marquantes allant du suicide du père Yang au début du film jusqu’à cet anthologique affrontement final où les disciples du temple de la quiétude mettent en pratique sur des hommes les techniques qu’on leur a enseignées pour se débarrasser des loups… ou plus exactement de leurs dents. En grand féru d’arts martiaux qu’il est, Liu Chia-Liang prend un soin méticuleux à mettre en boîte les splendides chorégraphies du film, tirant parti de leurs moindres détails techniques qu’il nous expose ensuite par le biais de ralentis judicieusement utilisés. Mais il n’en oublie pas pour autant le reste du film. Ainsi les (rares) passages de dialogues ne sont jamais pesants et font avancer une histoire finalement assez accrocheuse. On peut juste regretter que le film n’ait pas été tourné en extérieur comme ce fût le cas pour LES ARTS MARTIAUX DE SHAOLIN (peut-être son meilleur film…?) car si le studio convient parfaitement aux scènes de duel, il n’en va pas de même pour les bagarres de groupes. Les acteurs du film reviennent sur cet aspect du tournage au cours d’une des featurettes leur étant consacrées dans les bonus. Ils expliquent à quel point la scène d’ouverture avait été éprouvante à tourner. Mais bon, ce serait cracher dans la soupe que de nier que ce film est un pur divertissement et d’excellente facture. Ajoutez à cela un ton brutal et très noir traitant de thématiques comme l’ironie du sort ou encore le deuil (vécu ici à travers la « renaissance » du héros) et vous obtiendrez ce qui est sans conteste l’un des meilleurs films de kung-fu produit par les studios Shaw Brother période 80’s.


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- Article rédigé par : Eric Petigni

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