8ème édition du Festival International du Film Policier de Liège

Un texte signé Yannik Vanesse

Belgique - 2014

La Huitième édition du Festival International du Film Policier de Liège a fermé ses portes, après quatre jours de programmation et d’activité intense, et après nous avoir assuré qu’il y aura une neuvième, et même une dixième édition.
Si nous ne pouvons que nous réjouir de cette nouvelle, il nous faut être honnête. La septième édition avait montré que le Festival savait proposer une programmation diablement intéressante, utilisant le lien policier de manière parfois ténue, pour proposer des métrages sortant des sentiers battus. Mais une impression d’amateurisme des plus déplaisante en était aussi ressortie, et, alors qu’approchait l’édition 2014, nous ne pouvions qu’espérer une meilleure gestion de l’organisation, tout en conservant la qualité cinématographique remarquée.
Hélas, encore une fois, une grosse lacune en la matière était visible. Le FIFPL, dans sa volonté d’offrir du strass et des paillettes, de créer, à Liège, une sorte de Festival de Cannes, se perd quelque peu. En effet, l’événement proposait une soirée d’ouverture en grande pompe, avec statuettes de cristal offertes aux membres du jury, des nocturnes, après le dernier film de la soirée, avec DJ et petits fours, et autres événements du genre (soirée thématiques, par exemple). Si cette ambition n’est en soi pas dérangeante, il est dommage que le Festival en oublie qu’au départ, il faut proposer un événement cinématographique solide, avant d’ajouter divers à côtés.
Ainsi, le festivalier en venait rapidement à pester face à l’organisation. Les films virent de grands nombre de changements de salle ou d’horaires, non-annoncés, et de retard, qui faisait que le programme était sans cesse chamboulé, et qu’on pouvait aisément se retrouver à aller voir un film, pour en découvrir finalement un autre. Plusieurs métrages virent des problèmes de diffusion, montrant deux fois les dix premières minutes et, dès que les sous-titres étaient faits en direct, le spectateur découvrait un décalage, parfois de plusieurs minutes, entre les propos tenus par les protagonistes, et ce qui s’écrivait en bas de l’écran (le visionnage de CHEAP THRILLS fut ainsi un grand moment de stress). Dans ce contexte, inutile de vous dire que faire une interview relevait du parcours du combattant digne d’un film d’aventure, d’autant que les équipes de films présentes (peu nombreuses) n’étaient même pas annoncées.
Tout ne fut, bien sûr, pas négatif. Car, lors d’un Festival, la programmation cinématographique est ce qui attire le plus. Et, de ce côté-là, l’événement se révélait de qualité et généreux – trop, d’ailleurs, pour un si petit nombre de jours. Il était ainsi bien difficile de couvrir tout le Festival, et certains documentaires se retrouvèrent même sans aucun spectateur. Mais la sélection officielle permit la découverte de nombre de métrages intéressants, et les autres sélections proposaient des films atypiques, parfois surprenants et rares, sans parler de l’occasion de découvrir un chef d’oeuvre comme M LE MAUDIT sur grand écran.
Au niveau des films récompensés, le jury international mit en avant, de manière surprenante, le peu original 7TH FLOOR. Le meilleur acteur fut Spencer Lofranco, au sein du bouleversant JAMESY BOY et, si BANKLADY se révélait très imparfait (il fut cependant récompensé par le jury jeune européen), Nadeshda Brennicke méritait amplement son insigne de cristal de la meilleur actrice. Au sein de cette sélection officielle, MILKY WAY détonnait, n’ayant rien d’un film policier, même en regardant ce genre de manière la plus large possible et, s’il reçut le prix du public, il est fort probable qu’il fut salué pour son côté co-production belge. Heureusement que le jury jeune était là pour récompenser 5 YEARS, un des plus grands chocs du FIFPL, dur à oublier par sa dureté réaliste.
Car le Festival International du Film Policier de Liège se démarquait, cette année, par une envie de montrer des métrages tirés d’histoires vraies, s’achevant souvent par des images d’archives montrant les protagonistes à l’origine du film.
La programmation était ainsi conséquente, offrant aux spectateurs nombre de films plus qu’intéressants, et c’est ainsi avec impatience que nous attendons la prochaine édition. Nous ne pouvons cependant qu’espérer que l’organisation sera un peu plus solide, car en l’état, on ne peut qu’en être attristé. En effet, le Festival International du Film Policier de Liège est encore peu connu (et quasiment pas hors des frontières de la Belgique), et peu couvert par les médias. Il mérite cependant d’être découvert, pour son cadre agréable, ses choix cinéphiliques et la quantité de métrages projetés. Mais il a besoin, pour cela, de mieux aider la presse à faire son travail, et de moins sembler aléatoire dans sa gestion des salles, des sous-titres et des à-côtés.
Tout en remerciant chaleureusement le Festival pour son accueil, nous espérons que la prochaine édition offre ce qui manquait à cette édition.

Retrouvez nos chroniques du FIFPL 2014.


Votre soif de lecture n'est pas rassasiée ?
Téléchargez les anciens numéros de Sueurs Froides


Inscrivez-vous à la liste de diffusion et accédez au
téléchargement des anciens numéros de Sueurs Froides :
- Une tranche d'histoire du fanzinat français
- 36 numéros de 1994 à 2010
- Près de 1800 films critiqués
Un index est disponible pour chercher un film ou un dossier
CLIQUEZ ICI.

- Article rédigé par : Yannik Vanesse

- Ses films préférés :

Share via
Copy link