retrospective

A armes égales

John Frankenheimer (1930 – 2002) fut un des artisans solides du cinéma américain, passant avec aisance du drame LE PRISONNIER D’ALCATRAZ au film de guerre LE TRAIN, tous deux avec Burt Lancaster. On lui doit également le thriller politique SEPT JOURS EN MAI, le film d’épouvante écologique PROPHECY, l’efficace suspense BLACK SUNDAY ou encore FRENCH CONNECTION 2. Les deux dernières décennies de sa carrière furent, par contre, plus inégales mais recèlent cependant une poignée de longs-métrages burnés et bien ficelés comme PAYEMENT CASH, DEAD BANG ou RONIN.
Tourné au début des années ’80, A ARMES EGALES tente de s’approprier les codes du cinéma martial asiatique au travers d’un polar quelque peu prévisible mais suffisamment énergique pour susciter l’intérêt.
Boxeur sur le retour, Rick (Scott Glen découvert dans APOCALYPSE NOW) est chargé par les enfants de Toru Yoshida (la super star japonaise Toshiro Mifune) de récupérer à Los Angeles un précieux sabre et de le convoyer au Japon. A son arrivée, Rick échappe à la mort des mains du frère de Toru, Hideo qui s’empare du sabre. Cependant, ce-dernier est un faux. Rick se voit donc chargé d’infiltrer l’école d’arts martiaux de Toru afin de s’emparer de l’arme. Peu à peu, cependant, Rick adopte les manières orientales et suit les préceptes du bushido, refusant de voler son sensei.
Mal accueilli à l’époque (certains critiques n’hésitant pas à le qualifier de « sous Chuck Norris de série Z »), A ARMES EGALES s’est vu par la suite réhabilité. En dépit d’une intrigue classique et d’un rythme quelque peu assoupi durant sa première moitié, le film brille réellement lors d’un très impressionnant final encore fort efficace aujourd’hui. Nous assistons à un affrontement entre ninjas fort violent avec électrocutions, décapitations, têtes pulvérisées à coup de katana, etc.
Scott Glenn se montre convaincant en sale type reprenant peu à peu confiance en lui et regagnant, au final, son honneur perdu. Mifune, comme toujours, livre une prestation sans reproche. Cette bonne interprétation donne véritablement un cachet particulier au film et lui permet de s’élever au-dessus de la simple série B musclée comme il en pullulait dans les années ’80.
Dans l’ensemble A ARMES EGALES se regarde aujourd’hui avec plaisir en dépit de l’une ou l’autre longueurs et baisses de rythme : d’une durée de 110 minutes, le film eut indéniablement gagné à se voir resserrer d’un bon quart d’heure. Néanmoins, le final brutal et sanglant rachète en partie ce défaut et permet de terminer la projection sur une note globalement positive. Une bonne petite série B (comme burnée).

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