A day

Un texte signé Sophie Schweitzer

Sud-Corée - 2017 - Jo Seon-ho
Titres alternatifs : Ha-roo
Interprètes : Myung-min Kim, Yo-han Byeon, Hye-Sun Shin, Eun-hyung Jo

De retour chez lui, en Corée, Jun-Young assiste à un accident de voiture. Quand il réalise que parmi les victimes se trouve sa fille, il se réveille dans l’avion, quelques heures avant l’atterrissage. Rapidement, il réalise qu’il est coincé dans une boucle temporelle où il est condamné à revoir encore et encore sa fille morte.

Difficile de résumer le film sans gâcher l’un de ses nombreux rebondissements tant celui-ci fonctionne sur le principe du twist. Dans un film, on parle de twist lorsqu’une information survenant dans le film fait entièrement basculer celui-ci et nous fait reconsidérer toutes les informations données précédemment. Chaque révélation dans A DAY apporte un niveau de complexité supérieur au film. Ainsi chaque tiroir s’ouvre laissant le spectateur recevoir le même choc que le héros. L’intrigue va ainsi crescendo jusqu’à un final assez époustouflant.

A DAY est un film de Corée du Sud et à l’instar du reste de la production locale, il joue avec les codes d’un genre spécifique à savoir celui de la boucle temporelle. Basé sur le même schéma qu’UN JOUR SANS FIN de Harold Ramis. Cette fois-ci c’est sur la tonalité du drame que le film s’axe. Ce qui fait la force du film et son côté remarquable c’est l’impact émotionnel de ses scènes, notamment celles de l’accident où le film n’hésite pas à filmer en ralenti la mise à mort d’une adolescente. Mort qu’il répète à l’infini sous les yeux de son père.

Il y a dans la mise en scène une recherche d’émotions pures à travers des scènes chocs qui n’est pas sans rappeler l’excellent DERNIER TRAIN POUR BUSAN qui s’axait également sur la relation d’un père à sa fille, cette fois-ci sur fond d’apocalypse zombie. La mise en scène est avant tout efficace, parfois en faisant trop dans la charge émotionnelle à la seule fin de placer le spectateur à la place de ses personnages dont le destin est pour le moins compliqué. C’est évidemment un style très asiatique qu’on retrouve par exemple dans J’AI RENCONTRÉ LE DIABLE de Kim Jee-woon, où le trait est parfois grossi pour obtenir une plongée abyssale dans l’enfer vécu par un personnage. Une manière de raconter les histoires qu’on retrouvait cependant dans le cinéma américain dans les années 80 tout particulièrement dans le cinéma de Michael Mann (le face à face dans HEAT de Robert de Niro et de Al Pacino) ou encore dans le cinéma de William Friedkin (FRENCH CONNECTION mais aussi POLICE FÉDÉRALE, LOS ANGELES).

Cho Sun-ho réalise avec A DAY son premier long métrage. Pour une première réalisation, le résultat est assez maîtrisé. La mise en scène est très moderne et à la fois too much comme peuvent l’être les productions asiatiques. Ainsi des travelings très rapides, des caméras flottantes (sur drone) ou encore des ralentis impressionnants interviendront afin de souligner une action souvent dramatique. La mise en scène est très appuyée sur l’émotion en fait parfois trop, choisissant de n’offrir aucune scène de répit au spectateur qui pourrait lui permettre d’approfondir ses personnages. Pour sa durée, A DAY reste trop en surface. Ses personnages demeurent des archétypes par manque de scènes de vie quotidienne pour les approfondir. Le film préférant jouer avec le spectateur, et les révélations distillées au fur et à mesure, ainsi que des scènes d’accident et de course poursuite assez hallucinantes.

A DAY est un film d’action avec la profondeur d’un drame, comme on en trouvait dans DIE HARD de John McTiernan. Sa mise en scène exubérante plaira au public en recherche de sensation forte. Les amoureux de la subtilité passeront leur chemin.

Projeté à l’Etrange Festival dans une version originale soutitré anglaise, on peut se demander s’il connaîtra une sortie française en salle ou si on devra se contenter d’une sortie direct to DVD.


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- Article rédigé par : Sophie Schweitzer

- Ses films préférés : Le bon, La brute et le Truand, Suspiria, Mulholland Drive, Les yeux sans visage, L'au-delà

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