retrospective

A tutte le auto della polizia

Fiorella, seize ans, a disparu du domicile familial. Son père, le professeur Icardi, éminent chirurgien, fait jouer ses relations pour que la police mette tout en œuvre afin de la retrouver dans les plus brefs délais. L’enquête est confiée au commissaire Carraro, qui délègue les inspecteurs Solmi et Nunziante pour mener les investigations. Les recherches s’avèrent efficaces, mais hélas c’est un cadavre que les plongeurs remontent à la surface d’un lac situé au sud-est de Rome. La jeune Fiorella a été préalablement abattue d’une balle dans la nuque avant que son assassin ne se débarrasse du corps. De plus, la victime était enceinte. Ces faits établis, une enquête difficile attend les policiers…
… A TUTTE LE AUTO DELLA POLIZIA est un polar dont la structure diffère des poliziotteschi que l’Italie produira dans les années 1970. Dans ce créneau de l’Euro-crime, Mario Caiano apportera d’ailleurs sa contribution en trois occasions, avec TERROR COMMANDO, ASSAUT SUR LA VILLE et ANTIGANG. Auparavant, le cinéaste aura signé en 1972 un giallo atypique et fort réussi : L’ŒIL DU LABYRINTHE.
A la vision de … A TUTTE LE AUTO DELLA POLIZIA, on se rend compte que, bien qu’empruntant des éléments aux deux genres, le film n’est ni un giallo ni un poliziottesco.
Dans l’ensemble, le spectateur est convié à suivre les policiers au cours de leur enquête, un peu à la façon d’un documentaire. On se retrouve ainsi plongé au cœur des investigations du duo d’inspecteurs, cherchant puis recoupant des indices, émettant des hypothèses, tachant de trouver des témoins et mettant en place des filatures. Tous les protagonistes susceptibles d’aider la police criminelle sont à un moment donné mis sur le devant de la scène par le réalisateur : les maîtres chiens, les plongeurs, la police scientifique, les médecins légistes… De ce fait, le rythme est relativement faible, l’enquête intense mais pas spectaculaire. Le film commence à s’emballer après une heure, lorsqu’une filature finit par donner des résultats, et que l’assassin, se sentant en danger, se mette alors en quête d’éliminer tous les témoins gênants. On assiste alors à deux meurtres sanglants à l’arme blanche, perpétrés par le mystérieux tueur portant les classiques gants noirs. Durant ces quelques scènes, le film bascule provisoirement dans le giallo.
Une partie de la trame n’est pas sans évoquer d’ailleurs MAIS QU’AVEZ-VOUS FAIT A SOLANGE ? et LA LAME INFERNALE, l’excellent diptyque de Massimo Dallamano qui abordait la prostitution de lycéennes. Ce qui est étonnant, pourtant, c’est le contraste entre la relative sobriété de ce polar (un semblant de bagarre, peu de coups de feu, une seule véritable poursuite…) et l’abondance de nudité féminine émaillant le film, la plupart du temps gratuite, donnant ainsi à cette un œuvre un côté trash indéniable. Etait-ce assumé par Mario Caiano ? Peut-être, mais il est possible également que le duo de scénaristes soit responsable de cet aspect « malsain », en tout cas graveleux, que l’on retrouve tout au long du film. Le tandem en question, constitué de Massimo Felisatti et Fabio Pittorru, a écrit (séparément ou parfois réunis) les scénarios de quelques œuvres sulfureuses, parmi lesquelles L’APPEL DE CHAIR, QUAND LES FEMMES FONT DING DONG, ONDATA DI PIACERE, mais surtout NUE POUR L’ASSASSIN, qui n’était pas non plus avare en chair « fraîche ».
A part cela, … A TUTTE LE AUTO DELLA POLIZIA est doté d’un solide casting, aussi bien en ce qui concerne les premiers que les seconds rôles. A l’exception de Gabrielle Ferzetti, grand acteur du cinéma classique, la plupart des autres protagonistes sont des habitués du cinéma de genre, avec en tête Enrico Maria Salerno (L’OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL), Antonio Sabato (LE TUEUR A L’ORCHIDEE) et Luciana Paluzzi (L’EMPIRE DU CRIME). A noter que cette dernière et Salerno étaient déjà réunis deux ans auparavant dans un fort bon polar de Roberto Infascelli : LE GRAND KIDNAPPING. Tous les deux sont à l’aise dans leurs personnages respectifs, comme toujours ou presque, et ils ont peut-être même tiré vers le haut le jeu d’acteur souvent inconsistant d’Antonio Sabato, prompt à rouler les mécaniques. Il est ici plus sobre que d’accoutumée, en tout cas parfaitement crédible ; et le fait que les seconds rôles soient à l’unisson participe à rendre intéressant un polar pourtant avare en action. Dommage que la partition musicale soit si quelconque. Pourtant, son compositeur, Coriolano Gori, s’est montré bien plus à son avantage en d’autres occasions, puisqu’on lui doit les bandes originales de FOUR TIMES THAT NIGHT (Mario Bava) et LE TEMPS DU MASSACRE (Lucio Fulci), entres autres.
Malgré ces quelques réserves, voilà encore un film de Mario Caiano qui mérite le détour. Avant une fin de carrière en dents de scie, essentiellement tournée vers la télévision, le réalisateur aura prouvé son talent et son efficacité dans tous les genres du cinéma-bis ou presque : le péplum (ULYSSE CONTRE HERCULE), le film gothique (LES AMANTS D’OUTRE TOMBE), le western spaghetti (MON NOM EST SHANGAÏ JOE), le « Women In Prison » (DESTIN DE FEMME) et donc le giallo et le polar.
… A TUTTE LE AUTO DE LA POLIZIA fut en son temps un succès en Italie, plus en raison de son casting (Ferzetti et Salerno étaient très appréciés du public) que pour l’originalité de son histoire. Le film n’en reste pas moins un polar doté d’un bon suspense dans sa seconde partie.

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