Abominable

Un texte signé Nassim Ben Allal

USA - 2006 - Ryan Schifrin
Interprètes : Matt Mc Coy, Haley Joel, Lance Henriksen, Jeffrey Combs, Paul Gleason

Ce qui frappe d’emblée à la vision de ce film, c’est son incroyable générique constitué d’un nombre impressionnant des plus belles trognes de la série B.
Pour sa première réalisation, Ryan Schifrin (fils du grand Lalo – le thème de MISSION : IMPOSSIBLE – Schifrin) a convoqué un casting trois étoiles réunissant Dee Wallace Stone (E.T, CUJO, CRITTERS), Jeffrey Combs (RE-ANIMATOR), Paul Gleason (PIEGE DE CRISTAL, MANIAC COP 3), Rex Linn (CLIFFHANGER) et l’incroyable Lance Henriksen (TERMINATOR, ALIENS, PUMPKINHEAD).
Certes, ce côté catalogue est bien sympathique, mais au final, qu’en est-il du film lui-même ?
Six mois après l’accident d’escalade qui a coûté la vie à sa femme, Preston Rogers, maintenant condamné à la chaise roulante, retourne dans son chalet. Son retour n’est pas vraiment remarqué par ses concitoyens, trop occupés à disserter sur la « bête » qui a tué le cheval du fermier Billy Hoss.
Mais alors qu’il tente de reprendre ses marques, flanqué d’un infirmier étouffant, Preston remarque une étrange et immense silhouette velue. Lorsqu’il se rend compte qu’il s’agit d’une créature affamée, il se heurte à l’incompréhension de son entourage. Persuadé que cette créature va s’attaquer au chalet voisin, occupé par cinq jeunes femmes, Preston va tenter le tout pour le tout pour les sauver… depuis son fauteuil roulant.
Un homme en fauteuil qui espionne ses voisin et qui découvre quelque chose de terrible. Un concept déjà vu ? Oui, puisqu’il s’agit du pitch de FENETRE SUR COUR du grand Hitchcock. Malin, Ryan Schifrin qui co-signe également le scénario, mixe ce postulat de départ avec le film de monstre et, surprise, cela fonctionne.
Sur un score ultra dramatique de son père, très influencé par Bernard Herrmann (compositeur fétiche d’Hitchcock), Ryan Schifrin livre un film très influencé par les années quatre-vingt.
Rythme assez lent sur les deux premiers tiers, monstre dévoilé au compte goutte, prologue très intriguant, le film repose sur un solide suspens plus que sur des effusions gore.
Emmené par des personnages archétypaux (il ne manque aux policiers du coin que la boîte de donuts) mais bien esquissés et qui ne tombent jamais dans le ridicule, ABOMINABLE s’emballe ensuite sur son dernier tiers pour livrer son lot d’action et de sang avec un plaisir communicatif. Le suspens et la tension sont alors à leur comble jusqu’au twist final en forme de clin d’œil éminemment sympathique.
Bref, si ABOMINABLE a tout de la petite série B dont il est bon de se délecter, quelques menus défauts viennent néanmoins parsemer le métrage, à commencer par la direction d’acteurs. Les comédiens semblent en effet en roue libre, comme si Schiffrin, intimidé par son casting, n’osait lui donner de directives. Ensuite, et sûrement pour des raisons de durée, la narration échappe parfois au point de vue de Preston pour s’en aller suivre la trace de chasseurs en forêt. Si ces séquences ne sont pas déplaisantes, elles nuisent cependant à l’évolution de l’histoire et à son efficacité. Enfin, dernier souci et sans aucun doute le plus gênant, le faciès du monstre. Hybride entre le Bigfoot américain et l’abominable homme des neiges de l’Himalaya, la créature d’ABOMINABLE est d’une laideur ridicule. S’il est aisé de dire qu’elle ressemble à Demis Roussos en raison de sa pilosité, elle lui ressemble surtout au niveau des traits du visage, pour aussi improbable que cela puisse paraître.
Ainsi, ce ratage parasite le dernier tiers du métrage, même si de nombreux autres éléments parviennent à relever le niveau, comme les effets gore absolument réussis (à l’image de cette morsure au visage qui coupe une tête en deux à la verticale).
Au final, ABOMINABLE s’avère quoi qu’il en soit hautement recommandable et il ne faut pas oublier que c’est un premier film. Si Ryan Schifrin persévère dans le genre tout en gommant ses menus défauts, pas de doute qu’il risque de signer quelques films d’horreurs plaisants et efficaces !


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- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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