retrospective

Adios Gringo

En 1964 un certain Bob Robertson révolutionnait le western avec un petit budget qui mettait en vedette un acteur US inconnu dénommé Clint Eastwood. POUR UNE POIGNEE DE DOLLARS est un franc succès (même si la critique ne suit pas) et Sergio Leone décide d’abandonner son pseudo américanisé. Ce qui n’est pas le cas de Montgomery Wood, un jeune acteur athlétique virevoltant, qui tourne, l’année suivante ses quatre premiers westerns, tous de très bonne facture. Ainsi, il est la vedette du sympathique LE DOLLAR TROUE de Giorgio Ferroni (le metteur en scène du classique LE MOULIN DES SUPPLICES-1960), de deux excellentes pelloches de Duccio Tessari (UN PISTOLET POUR RINGO et LE RETOUR DE RINGO) et d’un film de George Finley intitulé ADIOS GRINGO…
Bien sûr ce George Finley n’est autre que Giorgio Stegani, quant à Montgomery Wood, c’est l’éternel candide du cinéma de genre italien, Giuliano Gemma. Un acteur stakhanoviste qui ne vieillit pas, à croire qu’il s’abreuve à la fontaine de jouvence, il vient même de tourner, en 2010, son centième film.
Il campe ici Brent Landers, un cow-boy niais qui se fait arnaquer lorsqu’il achète un troupeau à un certain Gil Clawson (Nello Pazzafini) qui lui refile du bestiau de contrebande. Brent est accusé de vol par le vrai proprio du bétail, le tout dégénère en duel et Brent passe du statut de détrousseur à celui d’assassin. Sa tête est mise à prix mais il s’enfuit, bien décidé à retrouver Clawson pour prouver son innocence.
Et oui, car comme dans la majeure partie de sa filmographie, Gemma campe ici un pauvre ingénu accusé d’un crime dont il n’est pas l’auteur. Le beau Giuliano vogue ainsi de péril en péril dans ce western bon enfant qui le mènera à affronter l’ignoble Gil Clawson.
Un salopard interprété par l’excellent Nello Pazzafini, un ancien cascadeur qui sera régulièrement ennemi de Gemma y compris l’année suivante dans l’honorable ARIZONA COLT (Michele Lupo). Durant près de 200 films (jusqu’à sa mort en 1997) il jouera régulièrement le salaud, il est éblouissant lors de sa courte apparition dans LA GUERRE DES GANGS de Lucio Fulci (1980). Sa tronche pas possible de révolutionnaire mexicain lui permet de composer l’une de ses plus belles partitions dans le chef-d’œuvre de Sergio Sollima FACCIA A FACCIA (1967). Nello Pazzafini est ce qui caractérisait le cinéma Bis des sixties et des seventies, un second rôle de premier choix. Il est l’attraction principale de cette bobine beaucoup trop lisse.
En effet, ADIOS GRINGO est d’une naïveté presque touchante dans sa volonté farouche de vouloir proposer un divertissement tout public moraliste à souhait. Un film bipolaire (en gros il y a les méchants d’un côté et les gentils de l’autre) dont le cinéphile ne retient aucune scène tant Stegani applique un style impersonnel. Il faut dire que ce dernier est avant tout un scénariste (entre autre du DOLLAR TROUE) qui signe là son deuxième long métrage en tant que réalisateur. Il mettra en scène une petite dizaine de films dont un autre western un peu plus percutant, GENTLEMAN KILLER en 1967. Dans ADIOS GRINGO, seules les acrobaties de Giuliano Gemma (il est ici un digne prédécesseur de Jackie Chan) et la performance de Nello Pazzafini peuvent captiver le spectateur. ADIOS GRINGO est un western, plastiquement, de bonne tenue mais beaucoup trop manichéen, on est très loin de l’ambiguïté des westerns all’italiana à venir.

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