Un texte signé Vincent Trajan

USA - 1991 - John Hess
Titres alternatifs : Alligator II : The Mutation
Interprètes : Joseph Bologna, Dee Wallace-Stone, Rihcard Lynch, Woody Brown, Holli Gagnier

retrospective

Alligator II – La Mutation (1991) : toujours plus !

Après le succès inespéré de L’Incroyable Alligator à l’orée des années 1980, le producteur Brandon Chase souhaite remettre le couvert dix ans plus tard, afin de réussir un nouveau pari. Il décide alors de refaire appel au metteur en scène Lewis Teague pour mettre sur pied ce projet. Mais ce dernier traîne des pieds et fini par refuser lorsqu’il apprend que le casting original ne sera pas de la partie. Qu’à cela ne tienne ! Brandon Chase engage alors le réalisateur débutant Jon Hess (Watchers sous la houlette de Roger Corman) et fait appel au comédien Joseph Bologna pour camper le rôle de David Hodges alias Lobo Solo, un policier irascible calqué sur le personnage incarné dans le premier volet par Robert Forster. Et vogue la galère, Alligator II : La Mutation est lancée !

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Dents longues mais idées courtes

Dans les années 1990, les films d’attaques aquatiques ne font plus trop recette à l’image du flop de 1987 des Dents De La Mer 4 : La Revanche. C’est pourquoi la mise en chantier d’Alligator II : The Mutation ne passionne les investisseurs qui optent pour une sortie en direct-to-DVD en 1991 sans même passer même par la case cinéma ou TV. Signe qui en dit long sur ce qu’on peut attendre de cette suite. En effet, malgré le capital sympathie dont jouit L’Incroyable Alligator, cette suite s’avère désastreuse à bien des égards…

La faute en premier lieu à un script qui n’a rien d’original. Dans les années 1990, un entrepreneur véreux du nom de Vincent Brown compte faire main basse sur un quartier populaire hispanique afin de le transformer en un immense complexe immobilier luxueux. Pour ce faire, l’homme graisse largement la patte des autorités locales dont celle du maire de la ville. Qui plus est, les égouts qui jouxtent le lac de ce quartier est le lieu idéal pour y déverser des produits chimiques. Petit-à-petit, le lobbying de Vincent Brown s’étend et chasse peu à peu les habitants du quartier afin de permette à de riches acquéreurs d’y élire domicile. Au même moment, des disparitions mystérieuses se multiplient dans le coin et on découvre ici et là des restes humains dans un sale état. Ces étranges affaire sont confiées à l’irascible David Hodges alias Solo Lobo.

Très vite, l’enquête de l’officier de police l’amène à découvrir qu’un énorme alligator se terre dans les bas-fonds des égouts et dans le lac du quartier hispanique. Il décide d’en informer sa hiérarchie et le maire afin de faire annuler le carnaval de la ville qui doit se tenir d’ici peu. Mais l’édile ne compte pas annuler cet évènement et décide de faire discrètement appel à des chasseurs mercenaires pour éliminer le monstre. De son côté, Solo Lobo compte bien lui aussi mettre cet alligator hors d’état de nuire, quitte à marcher sur les plates-bandes de Vincent Brown….

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Au ras des pâquerettes…

On ne va pas se mentir : ce scénario est quasi un copié/collé honteux de L’Incroyable Alligator avec la fougue en moins. En effet, tout comme son prédécesseur, Alligator II : La Mutation braconne sur les terres des Dents De La Mer en y faisant de nombreuses références (le policier veut faire annuler le carnaval contre l’avis du maire, personne ne croit en l’existence de l’alligator, la jambe déchiquetée qui coule à pic après une attaque, …) mais peine à sortir la tête de l’eau. La faute à un scénario trop linéaire qui n’apporte pas vraiment de plus-value à cette suite par rapport au script de 1980 de John Sayles (Piranha, Hurlements), si ce n’est mettre en avant un alligator encore plus gros que dans le premier film à cause de produits chimiques déversés dans l’eau. En effet, les produits chimiques remplacent les méfaits de l’industrie pharmaceutiques du premier film. La ficelle est grosse… Trop grosse. Car au-delà, de ne rien proposer de nouveau, le script utilise toutes les recettes éculées jusqu’à la moelle pour se donner du corps (le flic solitaire qui se bat contre une hiérarchie à la solde des puissants, les riches qui veulent construire un ensemble de luxe et mettre les pauvres dans la rues, etc.). Tout y est !

De plus, la mise en scène de John Hess est plutôt balbutiante avec des prises de vue qui ne rendent pas grand-chose, notamment sous l’eau. On sent que l’homme n’a pas l’expérience requise pour tenir la barre de ce long métrage et ce n’est pas le scénario de Curt Allen (lui aussi débutant) qui va l’aider. De fait, avec cette réalisation molle et ce script qui lorgne allègrement sur celui du premier film, on s’ennuie ferme ! Et malheureusement, ce n’est pas l’excellent Richard Lynch qui pourra renverser la vapeur, tant son personnage n’a peu de consistance malgré quelques coups d’éclats ici et là. Pire encore, on sent que l’acteur principal, Joseph Bologna ne croit pas lui-même en son rôle tant son jeu est monolithique, voire presqu’absent. Il faut dire que son physique de grand dadais un peu mou ne colle pas du tout à son personnage de Solo Lobo, le flic incorruptible aux méthodes expéditives…

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La suite de trop !

Bref, il est assez difficile de rentrer totalement dans ce film tant il est bancal. À l’inverse du premier volet qui était pétri de bonnes intentions malgré un budget très serré, cette suite se vautre dans la facilité et ne fait aucun véritable effort de renouveau. Ainsi, on retrouve dans ce long métrage des scènes tirées de L’Incroyable Alligator (l’analyse de la morsure au microscope, quelques plans de l’alligator dans les égouts, …) ! De même, l’alligator ne fait pas véritablement honneur au monstre auquel on s’attendait car les effets spéciaux sur la bête sont très limités du fait d’un budget encore plus famélique qu’en 1980. Tout comme le premier film, on aura donc droit à des vues subjectives et des plans très serrés pour éviter de trop voir cet alligator/mutant…

Au final, même si Alligator II : La Mutation se laisse voir, il ne possède pas la même aura du premier opus, tant ce film initié par le producteur Brandon Chase n’apporte rien à ce qui aurait pu devenir une franchise. En effet, le long métrage se contente de reprendre les grosses ficelles de L’Incroyable Alligator de 1980 et de les transposer en 1990 sans supplément d’âme. La volonté de Chase de faire tourner la machine à billets sur le dos du premier film est tellement prégnante qu’il est difficile de véritablement apprécier Alligator II : La Mutation…


Test du Blu-ray/DVD sur le site de Sin'Art

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- Article rédigé par : Vincent Trajan

- Ses films préférés : Le Bon, la Brute et le Truand, Le Nom de la Rose, Class 1984, Les Guerriers de la Nuit, Nosferatu - Ses auteurs préférés - Maxime Chattam, Stephen King, Franck Thilliez, Bernard Minier, Jean-Christophe Grangé

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