Amer Béton

Un texte signé Michaël Guarné

Françe, Japon - 2006 - Michaël Arias
Titres alternatifs : Tekkon kinkreet
Interprètes : Yû Aoi, Yusuke Iseya, Kankuro Kudo

Nouvelle création du grand studio 4°C, à qui l’on doit déjà des petits bijoux d’animation tels que MEMORIES ou MIND GAME, AMER BETON est adaptée du manga éponyme de Taiyou Matsumoto, mangaka responsable entre autre des excellents Ping-Pong, Printemps Bleu (tous deux adaptés sur grand écran) et Number 5. Michaël Arias, qui a par le passé travaillé sur deux courts de l’anthologie ANIMATRIX (à la fois à la production et aux effets spéciaux), accouche ici d’un projet difficile qui aura mis plus de quatre ans à voir le jour.
L’histoire du film est relativement fidèle à la source originale. On suit ainsi les déambulations de Blanco et Noiro, deux orphelins livrés à eux-mêmes qui contrôlent leur quartier en n’hésitant pas à recourir à la force physique si nécessaire. Leur main-mise sur leur portion de ville ne tarde pas à être menacée avec d’une part l’arrivée d’un puissant yakuza, et d’autre part la venue de Jour et Nuit, deux gamins très violents eux aussi. La lutte entre ces personnages pour la domination de la ville ne fait donc que commencer…
Comme toujours avec le studio 4°C, la qualité de l’animation est au rendez-vous. Les angles de vues sont bien trouvés et les scènes d’action dynamiques, notamment celle d’introduction qui oppose Blanco et Noiro aux nouveaux venus. L’animation classique des personnages se marie bien avec la complexité et la richesse des environnements représentés en 3D. Les décors urbains affichent une multitude de détails qui donnent littéralement vie à la ville en elle-même. De ce fait, celle-ci devient presque un personnage à part entière, comme New York dans TAXI DRIVER. On sent sa présence continuellement ; une présence véritablement pesante pour les protagonistes qui finissent par étouffer. Leurs actes violents n’étant en fin de compte qu’un moyen pour eux de lutter contre cet univers urbain oppressant.
Malgré une beauté certaine, le métrage de Michaël Arias demeure inégal, surtout au niveau du rythme. Le passage où Noiro voit son double maléfique à la fin paraît interminable (au moins 10 à 15 minutes) et le spectateur n’attend qu’une chose : le dénouement.
Par ailleurs, le doublage n’est pas sensationnel ; on a déjà connu des voix japonaises plus motivantes et mieux adaptées aux caractères des personnages. Blanco et Noiro demeurent très dynamiques, voire un peu ‘fou fou’ dans la manga. Dans le film, ils paraissent parfois trop amorphes ; leur fougue et leur hargne semblent quelque peu amoindries. On précisera cependant que les doubleurs n’étaient pas des professionnels, et ce à la demande du réalisateur…
Pour l’amateur du manga de Matsumoto, AMER BETON peut en fait paraître anodin. Très beau, emprunt de poésie et d’un brin de folie, il reste beaucoup trop fidèle au manga pour surprendre. Il n’apporte pas forcément quelque chose de plus que l’œuvre originale ; ceux qui découvrent l’histoire l’apprécieront sûrement, les autres risquent donc de rester sur une impression de réchauffé… Un bon animé, certes, mais qui aurait pu tendre à être encore meilleur si Arias avait pris plus de libertés tout en écourtant son propos.


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- Article rédigé par : Michaël Guarné

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