American Nightmare

Un texte signé Yannik Vanesse

Dans un futur proche, les Etats-Unis ont adoptés une loi autorisant, une nuit dans l’année, tous les crimes possibles et imaginables (seuls les membres du gouvernement sont épargnés). Ce fameux soir, une famille respectable, croyant au pouvoir libérateur de cette législation, verrouille ses portes et ses fenêtres. Le quartier est tranquille, le père de famille est fier de tous les systèmes de sécurité qu’il a vendu. Quelques tensions se produisent lors du repas, entre la fille qui ne comprend pas pourquoi elle n’a pas le droit de fréquenter son petit ami, plus âgé qu’elle, et le jeune garçon, dont la candeur et la gentillesse le poussent à s’insurger contre les morts se produisant lors de cette terrible nuit. C’est lui qui, plus tard dans la soirée, fait rentrer chez eux un pauvre sans abri, poursuivi et blessé, conduisant ses tortionnaires à cerner la maison, bien décidés à se venger.

AMERICAN NIGHTMARE (aussi appelé THE PURGE) est le deuxième film que réalise James DeMonaco (après STATEN ISLAND). Il en est aussi le scénariste et, s’étant déjà frotté au home invasion (il a scénarisé le remake ASSAULT ON PRECINT 13), c’est tout naturellement vers ce genre qu’il se dirige avec AMERICAN NIGHTMARE. Produit par Jason Blum (l’homme derrière la franchise curieusement lucrative PARANORMAL ACTIVITY), le film aura suffisamment de succès pour qu’une suite soit réalisée, et qu’une troisième soit mise en chantier (les trois films scénarisés et réalisés par James DeMonaco). Ethan Hawke incarne le héros de cette histoire.

Le point de départ du film fait délicieusement froid dans le dos. Avec cette législation autorisant les viols et les meurtres les plus atroces lors d’une unique nuit, le réalisateur/scénariste crée un récit horriblement crédible, jouant sur les peurs et les bas-instincts de sa population, qui permet aux riches de réguler la population pauvre et de contrôler sa société. Quelques dialogues et scènes lancent certains questionnements, lors d’une introduction certes classique mais très intéressante. Le spectateur y voit une famille aisée, bien entendu pour cette loi. Fort logiquement, la nuit mettra à mal leurs convictions.
Hélas cependant, à part cette scène d’exposition, entre personnages souriant et gentils qui semblent cacher leur jeu (certains, quand débutera la fameuse nuit, partiront en chasse), AMERICAN NIGHTMARE bascule assez rapidement dans le film de siège, de dangereux tueurs psychopathes voulant entrer dans la maison barricadée parce qu’on leur a ravi leur proie. S’en suit une course-poursuite dans la maison pour retrouver l’étranger et continuer à fermer les yeux, mais toutes ces scènes de couloir obscurs tournent vite en rond, et le spectateur s’ennuie quelque peu.
Certes, le méchant du récit est fascinant, entre sa politesse et ses crises de folie furieuse, et toutes ses interventions à l’interphone sont bienvenues mais, en attendant le jeu de massacre final, il ne se passe pas grand chose.
Alors, quand les méchants entrent enfin, le film bascule dans une boucherie plutôt plaisante (meurtre à la hache ou au fusil de chasse), et le retournement de situation final se révèle diablement ironique (dommage que le réalisateur ait opté pour une happy-end). Cependant, le film aurait pu être beaucoup plus qu’une simple invasion de maison par des criminels et, s’il se laisse regarder, il s’oublie très vite, plongeant dans le tout-venant des séries B de ce genre. Au vue du pitch de départ, c’est vraiment dommage.


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- Article rédigé par : Yannik Vanesse

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