Android Apocalypse

Un texte signé André Cote

USA - 2006 - Paul Ziller
Interprètes : Scott Bairstow, Joseph Lawrence, Shannon Jardin, Chris Jericho, Aidan Simpson

Dans un lointain futur, des androïdes remplacent les hommes dans les tâches les plus simples. Arrêté et incarcéré pour en avoir mis un hors service, un homme va devoir pourtant faire équipe avec l’un d’eux pour s’évader.
Réalisateur d’un SOLAR ATTACK assez mou, Paul Ziller persiste dans la science-fiction et s’offre pour l’occasion deux transfuges de séries télés en la personne de Scott Bairstow (La vie à cinq) et de Joseph Lawrence (Les experts : Manhattan), des visages familiers mais peu connus du grand public. Le format télévisuel est d’ailleurs un domaine que Ziller connaît bien. Il a à son actif un bon nombre d’épisodes d’Highlander et Stargate.
Ici, avec ANDROID APOCALYPSE, l’action se déroule dans un futur post-apocalyptique. Les androïdes jouent, dans un premier temps, le rôle de gardien de la paix puis se substituent aux hommes dans toutes leurs besognes.
Le film débute par une escouade d’androïdes qui sauve un enfant perdu dans le désert, à l’extérieur de la métropole. Cette scène nous présente l’androïde DeeCee, qui deviendra l’un des principaux personnages du métrage, ainsi que son propriétaire Polton, le futur badguy de l’histoire. Une introduction dans la logique des JAMES BOND puisque l’enjeu ne sera pas repris plus tard. Ce sont les conséquences de cette séquence qui deviendront le moteur de l’intrigue et non les éléments mis en avant par celle-ci : l’enfant et sa mère ne réapparaîtront plus alors qu’ils étaient le centre d’intérêt de ces quelques minutes. La scène suivante nous présente le personnage de Jute, l’humain. On le voit perdre son travail au profit d’un androïde, ce qui explique son ressentiment, voire sa haine envers ces machines.
Ainsi, on s’attache tout d’abord non pas à Jute mais à DeeCee. Le coeur de l’intrigue est donc bien l’éveil de sa conscience. La thématique d’ANDROID APOCALYPSE côtoie alors des films comme I, ROBOTS, TERMINATOR ou encore BLADE RUNNER. L’évolution par DeeCee fait irrémédiablement penser à celle de Sonny dans le long métrage de Alex Proyas, au T-800 dans le deuxième volet de la saga de James Cameron et aux Replicants chez Ridley Scott. Mais à la différence de ces classiques et blockbusters, Ziller ne s’étend pas sur ces considérations philosophiques, résolu à répondre au cahier des charges d’une série B d’action. L’introspection de DeeCee se fait lors des scènes typiques du buddy-movie où les deux comparses s’échangent des noms d’oiseaux (plus précisément, c’est surtout Jute qui en affuble à DeeCee) avant que naissent entre eux de l’amitié.
Au passage, on note que depuis SOLAR ATTACK Ziller s’est nettement amélioré dans la gestion des effets spéciaux. Ceux d’ANDROID APOCALYPSE sont grandement plus ambitieux et surtout plus nombreux ; la déchéance de ce monde se veut crédible. Il faut cependant reconnaître que le résultat est inégal. La faute en incombe à des approximations visibles dues à la quantité d’effets simultanés à l’écran, comme lors des scènes avec des robots volants. De plus, sa réalisation peine à garder un minimum de tension et de dynamisme malgré la folle cavale des deux comparses au milieu du film. Et en fait, lorsque les scènes de dialogues reprennent, l’histoire s’embourbe et l’ennui reprend le dessus.
Néanmoins, on remarque que la photographie réussit à nous offrir l’espace de quelques plans de beaux paysages comme ces vues du désert traversé par DeeCee et Jute. Ils ont beau sentir l’image de synthèse à plein nez, ils flattent la pupille.
Dans l’ensemble, un manque de moyens est trahi à quelques occasions : exemple dans ce labo high-tech où les instruments semblent provenir d’un magasin de jouets à cause du plastique criard et particulièrement coloré des accessoires. On constate cela avec le tube des seringues : transparents à notre époque, ils deviennent rouge et vert fluo ici. Dans un autre domaine, on s’aperçoit aussi du manque de conviction des figurants lors de la partie se déroulant en prison. Ce n’est pas grand-chose, mais ce genre de détail choque.
Du côté de l’interprétation, Joseph Lawrence semble vouloir rendre hommage à Schwarzenegger en T-800 et cabotine un peu. Cette impression est la conséquence du manque d’homogénéité entre lui et les autres acteurs endossant le rôle des machines humanoïdes. Que ce soit dans le jeu d’acteur ou le maquillage, le plus convaincant est toujours du côté de Lawrence, cela donne ainsi l’impression qu’il est le seul androïde du film.
Série B d’action à connotation philosophique, ANDROID APOCALYPSE n’est pas déplaisant. Il reste distrayant le temps d’une soirée, mais s’oublie très vite. Il est dommage que Paul Ziller ne se soit pas concentré davantage sur ses personnages pour hisser son film au-delà du canevas du simple film d’action. Celui-ci devient un produit calibré, sans saveur.


Votre soif de lecture n'est pas rassasiée ?
Téléchargez les anciens numéros de Sueurs Froides


Inscrivez-vous à la liste de diffusion et accédez au
téléchargement des anciens numéros de Sueurs Froides :
- Une tranche d'histoire du fanzinat français
- 36 numéros de 1994 à 2010
- Près de 1800 films critiqués
Un index est disponible pour chercher un film ou un dossier
CLIQUEZ ICI.

- Article rédigé par : André Cote

- Ses films préférés : Dark City, Le Sixième Sens, Le Crime Farpait, Spider-Man 3, Ed Wood

Share via
Copy link