retrospective

Anthropophagous

Un groupe d’amis prend la mer et s’arrête sur une petite île pour déposer une jeune femme prise en stop. Cette dernière doit en effet retrouver un couple d’amis qui s’est installé dans le village de l’île. Mais l’endroit est curieusement déserte et, alors qu’ils l’explorent, circonspect, un tueur mystérieux commence à s’en prendre à eux.

Joe d’Amato est un des grands noms du cinéma bis italien. Décédé depuis 1999, il a derrière lui une très longue carrière dans laquelle se rencontrent les grands genres du bis. ANTHROPOPHAGOUS reste d’ailleurs un de ses titres les plus connus, surtout pour son final particulièrement malsain. Il a cependant marqué les amateurs de cinéma italien avec d’autres films, comme l’inoubliable EMMANUELLE ET LES DERNIERS CANNIBALES, avec son égérie Laura Gemser.

Le bis italien des années 80 aimait beaucoup s’inspirer (voire joyeusement copier) les grands succès étrangers, n’hésitant pas, parfois, à se prétendre la suite des films dont il prétendait s’inspirer. Le chef d’œuvre qu’est L’ENFER DES ZOMBIES s’intitulait par exemple ZOMBIE 2. De son côté, l’inspiration d’ANTHROPOPHAGOUS est à chercher dans un film magnifique, LES REVOLTES DE L’AN 2000, réalisé quatre ans auparavant par Narcisso Ibanez Serrador. Joe d’Amato, pour son propre film, l’épure de tout ce qui tourne autour des enfants (Serrador, en mettant en œuvre, dans son oeuvre, des enfants tueurs, posait une intrigue glaçante, dans le sens où les héros ne pouvaient se résoudre à porter la main sur ces créatures représentant l’innocence). Il en conserve le reste de l’intrigue. Ainsi, il envoie un groupe de personnes sur une petite île, censément habitée, mais les héros ne trouvent que des maisons vides. L’ambiance est pesante et, quand les meurtres commencent à survenir, les héros vont tout autant fuir que tenter de comprendre qui les prend pour cible et pourquoi.
Autant être honnête, ANTHROPOPHAGOUS est avare en meurtres, les héros n’étant pas nombreux, et le spectateur les voit ainsi plus souvent courir dans des rues désertes, se cacher dans des maisons vides, discuter et se séparer, qu’autre chose. L’ambiance n’est pas franchement terrifiante, Joe d’Amato n’arrivant pas vraiment à instaurer la peur dans ses images, et les raisons qui font que le tueur soit devenu un terrible meurtrier mangeur de chair humaine sont des plus classiques.
Cependant, quand les meurtres surviennent, Joe d’Amato se lâche complètement et livre quelques morceaux délicieusement gore et traumatisants. Impossible de rester de marbre quand le meurtrier arrache le fœtus d’une femme enceinte pour le dévorer alors qu’elle agonise, ou lors du célèbre final, qui a fourni sa réputation au film.
ANTHROPOPHAGOUS est un classique du cinéma d’horreur italien de l’époque et, s’il n’est pas dénué de longueurs, sa réputation est tout à fait méritée. De magnifiques fulgurances gores, avec de superbes effets spéciaux, sont là pour séduire le spectateur et rappeler que le cinéma bis italien a bâti sa réputation sur ce genre de chose, que ce soit avec des animaux tueurs, des zombies, des cannibales ou, comme ici, des tueurs psychopathes. Joe d’Amato offre même un clin d’œil aux amateurs de requins tueurs lors d’un surprenant préambule.
C’est donc un excellent film d’horreur qu’est ANTHROPOPHAGOUS, qui plaira à tout amateur d’horreur n’ayant pas peur du gore.

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