Arizona Colt

Un texte signé Jérôme Pottier

Italie, France - 1966 - Michele Lupo
Interprètes : Giuliano Gemma, Fernando Sancho, Corinne Marchand, Andrea Bosic, Roberto Camardiel, Rosalba Neri...

Michele Lupo (1932-1989) n’a jamais été un grand réalisateur mais plutôt un bon faiseur. Si cet habile artisan se révèle un poil moins doué que d’autres « Yes Men » italiens tels Anthony Dawson ou Sergio Martino il est tout de même fort recommandable. Sergio Martino entretient d’ailleurs un lien particulier avec Michele Lupo puisqu’il signe avec ARIZONA SE DECHAINE, en 1970, l’excellente séquelle d’ARIZONA COLT. Ce western all’italiana est réalisé en 1966, soit deux ans après le révolutionnaire POUR UNE POIGNEE DE DOLLARS de Bob Robertson, il nous conte l’histoire d’Arizona Colt.
Ce dernier vit en père peinard dans sa cellule jusqu’à ce qu’il en soit extirpé par Gordon Watch et sa horde. Une bande de pillards qui terrorise la région de Blackstone Hill. Ces brigands, à court de bras, viennent délivrer les prisonniers pour les enrôler. Mais il y a un hic nommé Arizona Colt, il refuse de se soumettre à toute autorité, surtout lorsqu’elle nourrit un sinistre dessein…
Arizona Colt est réalisé la même année que DJANGO, il est toutefois très éloigné de la noirceur et de la poésie macabre du chef-d’œuvre de Sergio Corbucci. En effet, même s’il n’est pas fade, le film de Lupo ne s’avère qu’un « banal » divertissement loin des bouleversements formels imposés alors au genre par les productions italiennes. ARIZONA COLT est un western plus classique, une série B trépidante et bourrée de rebondissements portée par une distribution de haute volée.
Giuliano Gemma est Arizona Colt, le beau gosse stakhanoviste du cinéma italien (plus de 100 films à son actif) prête ici sa nonchalance légendaire à ce personnage de cow-boy au grand cœur. Il participera, dans le western italien, à de nombreux classiques du genre : UN PISTOLET POUR RINGO et LE RETOUR DE RINGO (tous deux réalisés par Duccio Tessari en 1965), LE DERNIER JOUR DE LA COLERE (Tonino Valerii-1967), TEXAS (Tonino Valerii-1969), MEFIE-TOI BEN CHARLIE VEUT TA PEAU (Michele Lupo-1972), ADIOS CALIFORNIA (Michele Lupo-1977). Il tient également la vedette d’un des meilleurs péplums de l’histoire du cinématographe : LES TITANS de Duccio Tessari (1962). Très fidèle, il travaille souvent avec les mêmes metteurs en scène, il a beaucoup tourné avec Lupo, dont le très bon polar UN HOMME A RESPECTER (1972) avec Michael Douglas et Florinda Bolkan.
Il est ici opposé à Gordon Watch campé par l’inénarrable Fernando Sancho, l’un des acteurs les plus prolifiques de toute l’histoire du cinéma. Avec près de 250 films à son actif il a balayé tout le spectre du cinéma d’exploitation passant avec aisance du western au film d’horreur, du gros budget à la série Z. On peut le retrouver à la distribution de films comme LAWRENCE D’ARABIE (David Lean-1962) ou LES 55 JOURS DE PEKIN (Nicholas Ray-1963) mais aussi SARTANA (Gianfranco Parolini-1968) et LE RETOUR DES MORTS-VIVANTS (1973), deuxième volet de la tétralogie ibérique culte d’Amando De Ossorio sur les zombies.
Le reste du casting est constitué des habituels seconds couteaux du genre tel Roberto Camardiel qui interprète ici le savoureux Double-Whisky, rôle qu’il reprendra dans la suite de Sergio Martino. Le casting féminin est riche de belles donzelles aux courbes affolantes comme Rosalba Neri. Cette égérie sexy connut une honorable carrière (près de cent films à son palmarès) grâce à sa plastique irréprochable mais aussi à un petit don d’actrice qu’elle sut mettre en valeur dans quelques grosses productions comme BIG GUNS de Duccio Tessari (1973) avec notre Alain Delon national. Corinne Marchand, qui campe ici Jane, la belle du beau Gemma, est une actrice française qui sévit toujours dans la petite lucarne pour quelques sinistres séries franchouillardes (NAVARRO, SOUS LE SOLEIL, L’INSTIT, etc.).
Cette belle brochette sert un scénario du légendaire Ernesto Gastaldi, l’auteur du cultissime LE CORPS ET LE FOUET (Mario Bava-1963) livre ici un script assez classique ponctué de touches de cruauté typiques du western rital (l’élimination de la belle Dolorès, le massacre des habitants par Gordon). Néanmoins, Michele Lupo préfère filmer le tout en minimisant l’aspect sadique au profit du spectaculaire, le réalisateur décide de livrer un spectacle familial bien enlevé. D’ailleurs durant toute sa carrière, y compris dans ses plus grandes réussites westerniennes comme ADIOS CALIFORNIA, Lupo a toujours préféré le classicisme aux dérives sadiennes du western all’italiana. ARIZONA COLT est donc une série B fort réussie, le film va de rebondissement en rebondissement, le héros est charismatique à souhait et la belle est si belle…


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- Article rédigé par : Jérôme Pottier

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