Art of the Devil 2

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Thailande - 2005 - Pasith Buranajan, Isara Nadee, Seree Phongnithi, Yosapong Polsap, Putipong Saisikaew, Art Thamthrakul, Kongkiat Khomsiri
Titres alternatifs : Long Khong
Interprètes : Napakapa Nakprasit, Hataiwan Ngamsukonpusit, Akarin Siwapornpitak

Métrage ayant récolté un certain succès auprès des amateurs d’horreur asiatique, ART OF THE DEVIL se devait d’accoucher d’une séquelle, laquelle n’a pourtant rien en commun avec son prédécesseur excepté un climat similaire et une fascination pour les rituels magiques.
La réalisation de cet ART OF THE DEVIL 2, sorti en 2005, se voit donc confiée à une certaine « Team Ronin », pseudonyme collectif cachant pas moins de sept (sic !) réalisateurs, lesquels rempileront d’ailleurs pour un inévitable ART OF THE DEVIL 3.

Pasith Buranajan, Isara Nadee, Seree Phongnithi, Yosapong Polsap, Putipong Saisikaew, Art Thamthrakul et Kongkiat Khomsiri (auteur de l’épique film d’aventures historiques BANG RAJAN) prennent donc les commandes d’un métrage exploitant une intrigue à la trame assez simple mais à la construction quelque peu embrouillée. Partagé entre le présent et divers flashback, le scénario s’intéresse à cinq jeunes gens d’une vingtaine d’années partis dans une maison isolée pour l’enterrement du père de leur ami Ta. Ce-dernier a vécu une adolescence difficile : après la mort de sa mère, son père s’est remarié avec une enseignante sexy nommée Panor qui n’hésitait pas à la frapper. Plus tard, Ta a dû surmonter une rupture avec la jolie Kim et la noyade de son frère qui le conduisit d’ailleurs en prison. Kim, son nouveau copain Por, le couple lesbien Tair et Noot et le comique de service, Ko, débarquent donc la maison de Ta et, très vite d’étranges événements surviennent. Des esprits maléfiques se manifestent et un passé traumatisant profondément enfoui refait surface alors qu’une malédiction décime la petite bande et que la vérité se révèle progressivement.
Via une série de flashbacks nous apprenons que les six amis ont jadis piégé la belle Panor en flagrant délit d’adultère avec le prof de gym. Celui-ci se vengea en humiliant et violant les jeunes gens qui allèrent par la suite trouver un sorcier local pour faire périr l’enseignant abusif d’horrible manière. Mais Panor, déshonorée, n’a pas dit son dernier mot…

Pour les habitués de l’horreur asiatique, ART OF THE DEVIL 2 semblera sans doute familier tant il reprend le schéma des malédictions décimant un petit groupe d’individus lié par un secret dissimulé des années durant. On pense inévitablement aux métrages consacrés à la sorcellerie jadis produit par la Shaw Brothers (comme par exemple la saga BLACK MAGIC) même si les scénaristes ne se gênent pas pour emprunter aux slashers américains (sur le modèle de SOUVIENS TOI… L’ETE DERNIER) ou à pomper vigoureusement le final du AUDITION de Takashi Miike dans une scène de torture particulièrement gratinée. Au risque d’éventer quelque peu un twist final (de toutes manières assez prévisible), on retrouve aussi l’influence du SIXIEME SENS via une surprenante révélation en forme de « I see dead people » pas désagréable mais sentant encore une fois quelque peu le réchauffé.
ART OF THE DEVIL 2 ne brille donc pas vraiment pas l’originalité de son script qui se contente d’empiler une suite de clichés déjà vus bien trop souvent. Seule la construction un peu plus fouillée que de coutume donne au métrage un semblant d’intérêt, les nombreux flashbacks lui conférant un minimum de suspense et d’ambiance malsaine.
Les personnages, eux non plus, ne sont pas très développés et l’interprétation pas toujours très convaincante, n’aide pas à s’intéresser au sort de cette bande de jeunes gens très conventionnels tout droit sorti d’un slasher des années 80.
Heureusement, l’amateur pourra trouver un certain intérêt à ART OF THE DEVIL 2 par la présence d’une poignée de passages gore gratinés. Le métrage débute d’ailleurs pas une scène de boucherie pure digne de HELLRAISER impliquant des hameçons transperçant la chair d’une victime et, après trois bons quarts d’heures languissants, les cinéastes se décident à mettre les bouchées doubles (ou même triples !) avec quelques séquences sanglantes peu ragoutantes. Une bonne soupe de viande humaine, des corps dévorés vivants, des ongles arrachés et une torture bien graphique au chalumeau sont au programme des réjouissances et la « Team Ronin » se lâche dans un esprit proche du torture porn à la SAW ou HOSTEL. La mise en scène, de son côté, se montre plutôt compétente et utilise efficacement les flashbacks (en teintes sépia) ainsi qu’une imagerie horrifique sympathique à base de bestioles grouillantes, de rituels de sorcellerie et de passages nocturnes à l’atmosphère efficace. Pas de quoi crier au génie mais le film s’élève un peu au-dessus de la masse des direct to vidéo et des innombrables RING-like récents.
Handicapé par une intrigue conventionnelle grevée de dialogues mal écrits et de faux frissons bien trop familiers (style « quel est ce bruit étrange ? / « juste le vent »), ART OF THE DEVIL 2 compense en partie son manque d’originalité par une flopée de scènes gore aux effets spéciaux très soignés. Les amateurs d’horreur sanglante et de fantômes asiatiques peuvent donc y jeter un œil même si, objectivement, tout cela a déjà été vu et revu maintes fois. Et souvent en mieux !


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer

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