Dossierreview

Atlantis Down

C’était une mission de routine pour les membres de l’équipage de la navette spatiale Atlantis Down et rien ne les avait préparés à ce qui allait suivre. Alors qu’ils répètent une procédure standard, ils sont perturbés par un éclair qui les éblouit. L’équipe se retrouve alors en pleine forêt et en proie à d’horribles hallucinations.

Le public français a sans doute du mal à mesurer l’importance de la série télé « Star Trek » de Gene Roddenberry. Pourtant, tout amateur de science-fiction, et de space opera particulièrement, se doit de connaître les aventures du capitaine Kirk. Mais l’inconvénient serait d’avoir un semblant de déjà-vu avec toute aventure spatiale, comme pour ATLANTIS DOWN. En effet, le long-métrage de Bartoli ressemble sur de nombreux points à l’épisode « Une partie de campagne » de la série de Roddenberry, datant de 1966.
Dans le récit avec Kirk, l’équipage était déposé sur une planète le temps d’une permission. Or, les membres en question se retrouvent nez à nez avec des individus qu’ils n’avaient plus vu depuis des années. Très vite, on en déduit que ces apparitions sont en réalité des projections de la planète, des sortes de fantômes. Il en est de même pour le long-métrage de Bartoli où les personnages sont rapidement confrontés à leur propre peur.
La différence majeure avec la série télé réside dans la tonalité de l’ensemble. « Une partie de campagne » était résolument optimiste, puisque l’équipage ne semblait courir aucun danger. A l’inverse, les membres de l’ATLANTIS DOWN risquent bel et bien leur vie pour une raison mystérieuse, ce qui pourrait rapprocher leur aventure d’une autre série, « Au-delà du réel », dans cette approche plus sombre de la science-fiction.
Néanmoins, il faut reconnaître que la comparaison est loin d’être en faveur de Bartoli. Le réalisateur en est à son premier long-métrage, et cela est perceptible. Les parties se déroulant dans la navette sont laborieuses: le décor sent le carton-pâte, il n’y a aucune recherche dans les cadres, les dialogues s’éternisent… Les acteurs semblent jouer dans le salon d’un appartement. Les effets spéciaux pour visualiser les extérieurs se rapprochent, eux, d’un jeu vidéo. Certains spectateurs pourraient reprocher l’oubli de la mise en scène de l’apesanteur (ils sont tous debout dans leur navette), mais là, on concède une suspension de crédulité sur un quelconque dispositif de gravité artificielle: le récit se déroule dans un futur proche, il n’est pas impossible qu’un tel dispositif existe dans ce contexte. En revanche, dès leur arrivée dans la forêt, Bartoli apparaît plus à l’aise et en profite pour installer un vrai climat de malaise: la caméra semble flotter autour des astronautes, comme s’ils étaient observés par une force mystérieuse. Mais là encore, sans doute en raison de la maigreur du budget, il ne faut pas s’attendre à des débordements sanglants, les personnages ne font que découvrir les corps de leurs partenaires une fois que ceux-ci ont trépassé.
Ainsi, l’aspect qui a semble avoir bénéficié d’un soin particulier de la part de Bartoli est la montée en puissance du suspense, de l’affirmation des éléments fantastiques. Dès lors, le canevas emprunté se rapproche davantage du film d’horreur classique avec l’équipage d’une navette spatiale en guise d’ados pourchassés par un tueur mystérieux, une impression d’autant plus renforcée au moment où les personnages se retrouvent dans une cabane, une situation typique des récits horrifiques, tels que VENDREDI 13 ou DETOUR MORTEL. On retrouve aussi cette influence dans le traitement des personnages très superficiel.
En conséquence, si les amateurs de science-fiction et de space opera risquent de vite déchanter (au final, c’est un aspect mineur dans le métrage), ceux qui ont le cœur porté vers le fantastique et le surnaturel devraient, eux, prendre un certain plaisir.

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