Atomic Cyborg

Un texte signé Yannik Vanesse

Italie - 1986 - Sergio Martino
Interprètes : Daniel Greene, Janet Agren, Claudio Cassinelli

Paco est un cyborg. Sa mission consiste à tuer quelques scientifiques travaillant dans une chambre d’hôtel miteuse dans le quartier chinois. Tout ne se passe cependant pas comme prévu, et Paco est obligé de fuir, poursuivi autant par le F.B.I que par l’organisation qui l’a créé.

Les années 80 représentent un certain âge d’or du cinéma bis italien. A cette époque bénie, les producteurs et réalisateurs s’appropriaient les succès mondiaux pour en faire leur propre version, plus fauchée, plus ridicule, plus magnifique ! CONAN impressionne le public ? Naît alors BARBARIANS ! LES DENTS DE LA MER raflent tous les suffrages ? LA MORT AU LARGE, en réponse, envoie des stock shots de requins – tous différents, alors que le film est censé ne mettre en scène qu’un seul animal – s’attaquer à des nageurs, des bateaux, et même un hélicoptère ! Et, si certains ne s’arrêtèrent jamais d’utiliser cette recette (Bruno Mattei refaisait ALIENS avec des zombis dans les années 2000, avec le surprenant ZOMBIE THE BEGINNING), cette période faste du bis italien ne fut hélas pas éternelle. Mais, durant cette époque, il est logique que TERMINATOR donne lui aussi des idées. Une de ses versions italienne est donc cet ATOMIC CYBORG, qui vit le jour grâce au réalisateur Sergio Martino. Ce metteur en scène prolifique a oeuvré dans le gialli (TORSO), et a même mis en scène la divine Edwige Fenech dans L’ETRANGE VICE DE MADAME WARDH. On le trouve aux commandes du film de cannibales LA MONTAGNE DU DIEU CANNIBALE, où Ursula Andress y est inoubliable, où encore s’occupant de 2019 APRES LA CHUTE DE NEW-YORK, film s’ « inspirant » de NEW-YORK 1997.

Puisqu’ATOMIC CYBORG reprend TERMINATOR, il est nécessaire d’avoir un acteur musclé pour remplacer Arnold Schwarzenegger. Il s’agit de Daniel Greene, un acteur touche-à-tout et prolifique (il fait même des apparitions dans « L’agence tous risques » et dans « Dynastie »), aussi musclé que peu charismatique. Ainsi, dans le métrage, il est assez impressionnant, en manches courtes et regard sombre, et incarne assez bien quelqu’un d’aussi énigmatique que dangereux. Mais, dès qu’il doit combattre, les choses se corsent. En effet, le chorégraphe s’est visiblement inspiré d’animaux exotiques, tels le flamant rose ou autres, pour créer des positions de katas assez pittoresques. Tout amateur de cinéma d’action asiatiques, où les acteurs utilisent nombre de positions de ce genre, risque de se demander ce qui se passe. Tout amateur de films sublimement raté sera aux anges ! Chaque combat devient ainsi un moment de pure réjouissance, et le spectateur ne peut que regretter qu’ils ne soient pas plus nombreux.
Cependant, il y a bien d’autres choses pour s’amuser dans ATOMIC CYBORG. Le scénario, déjà, ose quasiment abandonner son histoire de départ pendant? presque tous le film ! Car, après sa fuite (l’occasion de voir une pluie acide des plus plaisantes faire des trous dans la voiture du héros), Paco se réfugie dans un petit bar perdu dans le désert, ce qui lui permet d’avoir une idylle avec la jolie tenancière (car notre cyborg, plus proche d’un UNIVERSAL SOLDIER, n’est pas de marbre), et surtout de faire des combats de bras de fer avec des camionneurs très très méchants ! C’est ainsi que nous découvrons un autre point fort du film, la construction des personnages. Ces derniers, tout en nuances et en subtilité, sont campés par des acteurs sobres et pondérés. Il suffit de citer en exemple ce conducteur de camion, tellement énervé d’avoir perdu au bras de fer face à Paco, qu’il va fomenter les plans les plus terribles et tirés par les cheveux (nous sommes à deux doigts du tunnel peint dans la montagne d’un « Bip-Bip et le coyote »), avec force ricanements méchants. Un pur bonheur ! Bien sur, les poursuivants originels finiront par retrouver Paco, ce qui permettra au spectateur de découvrir quelques fusillades sublimement ratées, à base de roquettes greffées sur des fusils à pompe et autre joyeusetés du même acabit. Tout cela se déroule sur une musique de supermarché du plus bel effet.
ATOMIC CYBORG, désireux de se montrer généreux, offre aussi quelques mises à morts très drôles, et même un combat face à une cyborg sauteuse et ricanante des plus surprenants. A cela s’ajoutent quelques plans sur des poitrines dénudées, histoire de tenir le spectateur attentif, et quelques costumes futuristico-ringards, de couleur très criarde. De plus, Sergio Martino n’oublie pas que, puisqu’il s’agit de reprendre TERMINATOR, il faut un plan sur un avant bras ouvert montrant des câbles, que le héros fait bouger pour se réparer. Ici, la scène n’est pas vraiment justifiée, mais donne droit à une séquence superbe, le bras n’étant jamais crédible une seule seconde.
Ainsi, ATOMIC CYBORG doit être évité si le spectateur cherche un bon film de science fiction. Cependant, pour toute personne adorant ces délicieuses bisseries aussi généreuses que ratées, ce film sera un bonheur de chaque seconde ! Toute personne considérant les années quatre-vingt avec nostalgie ne pourra que prendre un plaisir fou devant ce métrage.


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- Article rédigé par : Yannik Vanesse

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