Au-delà de la haine

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Italie - 1972 - Alessandro Santini
Titres alternatifs : Al di là dell'odio
Interprètes : Jeff Cameron, Stefania Nelli, George Cavendish, Cameron Steel

De méchants Indiens massacrent une famille de braves pionniers. Seule une fillette survit, enlevée par le chef Nuage Gris qui l’élève sous le nom de Loana. Une vingtaine d’années s’écoulent et la belle tombe amoureuse du nouveau chef du clan, Cerf Volant. Mais les Indiens, après avoir attaqué un convoi de soldats, capturent le lieutenant Wilson et Loana reconnaît alors son jeune frère, supposé mort dans le carnage du début. Que va faire la belle Indienne ?
En dépit d’un titre mensonger et d’une affiche prometteuse, AU DELA DE LA HAINE est un western assez contemplatif dans lequel on trouve peu d’action. La première moitié du métrage se centre sur l’histoire d’amour très nunuche entre la belle Blanche élevée chez les Peaux Rouges et le chef Cerf Volant. Opposant la violence des soldats, passant leurs rares moments d’intimités auprès de prostituées vulgaires, et le mode de vie des Indiens, le cinéaste Alessandro Santini prend clairement parti pour ces derniers sans minimiser leurs exactions. Néanmoins, le scénario signé Bruno Vani (ensuite recyclé dans le X avec, par exemple, ANGELINA SUPERPORNO) tourne rapidement à vide en empilant tous les clichés possibles et en les saupoudrant d’une morale politiquement correcte épuisante. A force de bons sentiments, le métrage devient pénible et le spectateur n’espère plus qu’une chose : voir, enfin, un peu d’action animer cette morne romance.
La mise en scène, plate et parfois indigente, ne sauve guère et les meubles et la photographie de Gaetano Valle (DJANGO, TEXAS ADIOS) se révèle ici d’une grande paresse voire même franchement ratée et incapable de mettre en valeur les paysages peu exploités.
Au casting, nous retrouvons Jeff Cameron, lequel, après avoir débuté dans le péplum (HERCULE CONTRE MOLOCH) s’est reconverti, comme beaucoup, dans le western spaghetti durant la seconde moitié des années ’60 via POUR DJANGO LES SALAUDS ONT UN PRIX, ARIZONA COLT ou LE COLT ETAIT SON DIEU. Son interprétation n’est guère convaincante mais les autres acteurs, quasiment tous des inconnus dont ce sera l’unique contribution au Septième Art, sont, eux, particulièrement embarrassants, en particulier lors des passages détaillant les mœurs indiennes, lesquels versent dans le ridicule et l’humour involontaire.
Pour les amateurs de spaghetti, habitués aux outrances en tout genre, AU DELA DE LA HAINE semblera sans doute bien trop sage et timoré pour convaincre. Notons cependant une séquence surprenante et quasiment horrifique très originale voyant une bande de militaire s’enfoncer dans un canyon où les attaquent des centaines de serpents. Malheureusement, le reste du film ne s’élève jamais à ce niveau et se contente d’illustrer très platement une intrigue prévisible.
La durée restreinte (environ 75 minutes) aide à digérer la pilule et à conférer à AU DELA DE LA HAINE un semblant de rythme mais le spectateur aura toutefois quelques difficultés à s’intéresser à ce film ennuyeux, anonyme et laborieux.
Reste la musique d’Elsio Mancuso, compositeur ayant beaucoup œuvré dans le western italien (UNE LONGUE FILE DE CROIX, SARTANA LE FOSSOYEUR) et le bis (LE MANOIR DE LA TERREUR, MALABIMBA, DECAMERON 2) qui propose ici une partition très correcte même si guère originale.
En résumé, AU DELA DE LA HAINE pourra plaire aux inconditionnels du western à l’italienne mais risque surtout de donner du grain à moudre au détracteur de ce style qui n’y verront que conventions, banalités et séquences prévisibles ponctuées d’un peu de cruauté gratuite. Bref, une bien mauvaise pioche !


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer

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