Babylon Pink

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

USA - 1979 - Henri Pachard
Interprètes : Alexa Parks, Jerry Butler, Joey Silvera, Nikki Knights, Ona Zee, Robert Bullock, Shanna McCullough, Sharon Kane

BABYLON PINK est un classique mineur du cinéma X datant de 1979. A l’époque, il fit forte impression et récolta plusieurs récompenses. Il obtient ainsi, entre autres, le “Erotic Film Award” (l’équivalent des Oscars pour le porno) du meilleur film et fut classé troisième au palmarès du magasine spécialisé Screw. Il est aujourd’hui intéressant de se replonger dans le hard des seventies pour constater que la production s’appuyait alors sur des qualités cinématographiques beaucoup plus élevées qu’aujourd’hui. Un film X haut de gamme déploie grosso modo des compétences techniques (photographie, décor et même interprétation) équivalentes à celles d’un film “traditionnel” standard. Nous sommes loin des tournages au caméscope tremblotant et des post-synchronisations hasardeuses !
BABYLON PINK mise en premier lieu sur une intrigue certes basique et minimaliste mais suffisante pour justifier une petite dizaine de séquences chaudes basées sur le rêve et le fantasme. Le scénario illustre ainsi quelques vignettes reliées par un mince fil conducteur et qui, en fait, se situent à la lisière entre la réalité et les rêveries sensuelles.
Chaque personnage laisse vagabonder son imagination et le résultat est souvent plaisant. La première longue scène chaude met en scène Bobby Astir dans le rôle d’un petit employé de bureau falot, soumis aux remontrances de la vice-présidente de la compagnie, jouée par Samantha Fox. Mais, soudain, Astir prend les commandes et ordonne à la femme d’affaires de baisser sa culotte et de se caresser. Puis il la met à genoux et la prend en levrette tout en multipliant les ordres obscènes.
D’autres séquences font intervenir la volcanique Vanessa Del Rio ou la toujours désirable quadragénaire Georgina Spelvin. Celle-ci, ayant taché sa robe, se réfugie aux toilettes et fantasme sur un homme venant la travailler sans ménagement. Une autre coquine préfère s’imaginer nue sur une table de restaurant, soumise à l’appétit d’une poignée d’hommes et de femmes entreprenants. Une autre se titille l’entrejambe par l’intermédiaire du jet d’eau d’un tuyau de douche. Mais le moment clé de BABYLON PINK est, sans hésitation, le long trio amoureux orchestré par une jeunette expérimentée. Rentrant chez elle avec son nouvel amant, un avocat, elle découvre sa colocataire endormie. Elle décide alors de la droguer et la soumet à un semi viol à l’aide d’un gode ceinture. L’homme de robe ne garde pas longtemps son costume et, fort excité, se joint à la fête pour prouver que son barreau est à la hauteur.
BABYLON PINK est sans hésitation un porno sympathique qui use de pas mal d’humour, y compris lors des passages hot. Il fut réalisé par Henry Pachard et produit par Chuck Vincent, autant dire des cadors du genre. Henry Pachard s’applique surtout à proposer une mise en scène élégante, qui refuse la vulgarité et les facilités (peu d’extrême close up par exemple) pour privilégier les plans plus larges. Sa caméra capture autant l’expression de plaisir des actrices que les détails purement gynécologiques, donnant à l’ensemble un certain cachet soigné. Même s’il ne retrouve pas le faste et l’imagination de L’ENFER POUR MISS JONES 2, Pachard livre un produit d’une certaine qualité dans lequel le pornophile retrouvera tous les incontournables : cum-shot faciaux, solo girl, intermèdes lesbiens, soumission soft, etc. Le cinéaste s’appuie en outre sur une distribution de standing comptant la plupart des grandes hardeuses de la fin des seventies : Vanessa Del Rio (qui tourna plusieurs titres pour Gérard Damiano avant d’accéder à la notoriété grâce à VIVA VANESSA et le complètement cinglé L’ENFER POUR MISS JONES 3 au milieu des eighties), Samantha Fox (rien à voir avec la bimbo de la pop) et Georgina Spelvin, une des premières “adult stars”, révélée par L’ENFER POUR MISS JONES (décidément une saga majeure du hard !) et LES APRES MIDI DE PAMELA MANN avant sa reconversion dans le comique troupier de bas étage avec les POLICE ACADEMY. Bref, des actrices naturelles et un minimum douées pour la comédie, ce qui ne gâte rien ! Si vous y ajoutez une musique entraînante qui passe d’un gros rock sudiste à une sorte de rock psyché tribal sans oublier la musique classique et un peu de punk pop, vous obtenez une décoction plutôt réussie. Ce n’est sans doute pas du grand Cinéma mais c’est au moins du bon porno, court (1h15), rythmé et imaginatif. Vu la médiocrité du X récent, autant se ressourcer un peu avec ce BABYLON PINK fort agréable.


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer

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