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Bad Blood

BAD BLOOD est un film fantastique à l’ancienne imprégné de certains éléments d’épouvante, dans la tradition des récents récits de fantômes ibériques. Cette fois le métrage est portugais mais l’amateur lui trouvera surement quelques similitudes, au moins thématique, avec certains métrages espagnol récents.
L’intrigue se montre donc classique : Xavier, un professeur de la grande ville, hérite d’une vieille bâtisse campagnarde, au cœur d’une région du Portugal encore imprégnée de croyances populaires et de superstitions. Les habitants de ces lieux craignent le diable et ses sorcelleries et ils racontent volontiers d’inquiétants récits qui démontrent les pouvoirs du démon. Très vite Helena, la femme de l’enseignant, ressent une atmosphère étrange dans la demeure, tandis que ses enfants commencent à se comporter bizarrement. Au fil des rencontres, les nouveaux venus apprennent qu’un certain Ismael a jadis refusé de vendre sa maison à un riche notable et que, en représailles, sa femme et ses enfants furent massacré par des truands. Ismael lui-même est ensuite devenu une sorte de spectre vengeur hantant les lieux et capable de prendre possession des vivants.
En apparence BAD BLOOD ne propose rien de bien neuf et n’apporte pas vraiment de sang frais au thème de la hantise et de la possession. Mais le métrage révèle pourtant rapidement ses qualités et parvient à trouver son style. Le spectateur attendant un film d’horreur à l’américaine (style AMITYVILLE) en sera cependant pour ses frais : la suggestion est de rigueur et les cinéastes semblent davantage intéressés par la peinture d’une communauté encore sous l’emprise des croyances ancestrales que par l’étalement de gros effets horrifiques. Le métrage ne cherche d’ailleurs pas réellement à effrayer, plutôt à générer un climat pesant culminant lors d’un final certes un peu attendu mais néanmoins efficace.
Beaucoup de scènes s’avèrent pourtant étranges, oniriques ou atmosphériques, sans jamais recourir aux effets spéciaux ou à l’artillerie lourde du fantastique. Ces moments, sans verser dans l’outrance, provoquent une sorte d’hypnose fort efficace si on se laisse prendre au jeu. Il importe en effet de se placer dans de bonnes conditions et de se montrer réceptif à cet étrange mal-être voulu par les cinéastes, lequel finit par s’imposer au fil de la projection, lorsqu’il devient évident que certaines choses ne tournent définitivement pas rond dans cette ancienne demeure. BAD BLOOD est définitivement une œuvre qui demande à être ressentie et dans laquelle la suggestion et l’atmosphère priment sur les effets visuels démonstratifs.
Au niveau technique les deux cinéastes n’ont plus guère à apprendre de leçon : la photographie est belle, la mise en scène efficace, la musique parfaitement adaptée au sujet et les interprètes sont particulièrement convaincants.
Pourtant tout n’est pas parfait pour autant : BAD BLOOD manque parfois d’un peu de nerf et de rythme dans son déroulement. Plus gênant, la révélation finale se révèle assez prévisible tant les cinéastes soulignent parfois à gros traits certaines évidences. Les familiers du fantastique ne seront guère surpris par les dernières minutes du film mais l’ensemble reste suffisamment intéressant pour justifier une vision attentive.
BAD BLOOD n’est pas un chef d’œuvre mais demeure une petite production sincère, réalisée et interprétée avec talent, ce qui est déjà beaucoup par les temps qui courent.

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