Bad Boy Bubby

Un texte signé André Quintaine

Australie, Italie - 1993 - Rolf de Heer
Interprètes : Nicholas Hope, Claire Benito, Ralph Cotterill, Carmel Johnson

A la vue de la bande annonce, on pourrait penser que BAD BOY BUBBY est un nouveau film triste et sordide à en mourir, de la trempe d’un NEKROMANTIK ou d’un COMBAT SHOCK.
Pensez donc ! On y voit un jeune homme de 35 ans qui vit avec sa mère dans ce qui ressemble pour beaucoup à une cave. Bubby n’est jamais sorti de chez lui et pour cause ; à l’extérieur, l’air est irrespirable ! Lorsque sa mère sort pour aller chercher à manger, elle doit mettre un casque pour ne pas mourir empoisonnée. Pendant ce temps, Bubby doit rester sagement à table attendant le retour de maman. Attention ! Jésus accroché à un crucifix surveille.
Maman est très attentionnée avec son petit Bubby : elle le lave, le coiffe… elle joue aussi le rôle de maîtresse… au lit.
Malgré toute cette attention, Bubby ne parvient pas à évoluer dans le « bon sens ». La façon dont se termine son jeu avec le chat témoigne du fait qu’il a bien du mal à comprendre ce qu’est la mort.
Un jour, un événement peu banal se produit. Le père de Bubby fait irruption dans leur vie et le garçon doit alors partager sa maman. Cela, il a bien du mal à l’accepter, d’autant plus que le comportement de sa mère change également du tout au tout. Plein de haine, il se venge en asphyxiant ses parents.
Au bout de plusieurs jours, Bubby constate que ses parents ne bougent plus. Il doit alors prendre la terrible décision de quitter la « maison » pour affronter l’extérieur. Dès ses premiers pas, il comprend qu’on lui a menti et que l’air n’est pas empoisonné. C’est le début de la liberté.
Dès lors, Bubby va rencontrer une multitude de personnages. Des gens gentils, méchants, curieux, exploiteurs, aigris, intéressés, etc. L’apprentissage ne sera pas facile pour lui, mais ne dit-on pas que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ?
BAD BOY BUBBY est un film terriblement positif. Rolf de Heer ne cherche pas à nous tirer les larmes. En revanche, force est de constater que malgré les mauvais moments que passera Bubby (et il y en aura de terribles), il en sortira toujours plus grand, plus fort.
D’ailleurs, les personnes qu’il rencontre ne lui feront jamais la vie facile. Personne n’a pitié de lui ; tous le traitent comme un malade. Bubby est confronté avec dureté à la vie sociale et c’est sans doute ici qu’on trouvera le message du film : Il faut accepter sa différence ainsi que celle des autres afin d’en tirer sa personnalité et d’en faire une force.
En ce sens, BAD BOY BUBBY est impitoyable.Ce n’est assurément pas un film facile. Cependant, il ne s’agit pas non plus d’une œuvre larmoyante et sombre. Rolf de Heer livre un film plein d’espoir, de lumière et de bonheur. La leçon à en tirer est qu’aussi profond que soit le trou dans lequel vous vous trouvez, vous finirez par en sortir.
Si BAD BOY BUBBY est très peu critique vis-à-vis des gens qui côtoient Bubby, en revanche, il ne fait aucun cadeau aux parents et à la religion, en particulier quand parents et religion sont indissociables comme dans le film.
Dans BAD BOY BUBBY, les parents empêchent les enfants d’être heureux. La mère de Bubby maintient son enfant à la maison afin de l’avoir constamment sous la main pour exercer son pouvoir sur lui. Elle utilise la religion pour le culpabiliser et lui faire peur.
Plus tard, Bubby rencontre Angel qui travaille avec des handicapés et souffre
de son apparence. Ses parents la torturent sans cesse en utilisant son embonpoint et en prétextant que « Les gros sont une abomination à Ses yeux ». Après de nombreux périples et autant de bas et de hauts, ce n’est finalement qu’en tuant leurs parents et en coupant ainsi les ponts avec la religion qu’Angel et Bubby trouveront le bonheur.
BAD BOY BUBBY est le quatrième film de Rolf de Heer.
Il y a quelques années était sorti Alexandra’s Project (2003), un film encore très dur, dans lequel une femme torturait son mari pour toutes les humiliations qu’il lui avait fait subir durant leur vie de couple.
Avec BAD BOY BUBBY qui récolta de nombreux prix prestigieux, Rolf de Heer livrait déjà un film fort, un grand film qui donne envie d’être un petit peu moins petit.


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks


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