Behind the Mask: The Rise of Leslie Vernon

Un texte signé Nassim Ben Allal

USA - 2006 - Scott Glosserman
Interprètes : Nathan Baesel, Angela Goethals, Robert Englund, Scott Wilson

En 1992 déboule non sans un certain choc C’EST ARRIVE PRES DE CHEZ VOUS, film Belge devenu culte depuis. Curieusement, alors qu’il triomphe dans la sphère anglo-saxonne, aucun remake n’est annoncé, pas plus qu’une déferlante de films « inspirés de ».
Il faudra attendre Wes Craven et son SCREAM quatre ans plus tard pour assister à une certaine réflexion sur la dramaturgie du slasher.
Depuis, pas grand-chose, Craven ayant usé le concept jusqu’à la corde. Mais dix ans plus tard, un certain Scott Glosserman arrive avec son premier film et relève le pari risqué d’entrer dans l’intimité d’un boogeyman en devenir sur le mode du faux documentaire.
La petite bourgade de Glen Echoes tente d’effacer de sa mémoire le drame qui l’a touchée voilà 20 ans : le petit Leslie Vernon, soi-disant possédé par le diable, a été jeté par sa mère dans une chute d’eau. Alors que tout le monde le croit mort, ce dernier revient pour se venger et décide de massacrer les ados qui se réunissent à chaque anniversaire de sa mort dans son ancienne maison. Mais voilà : être un vrai psycho-killer, ça demande du travail, un entraînement sportif et une véritable préparation. C’est ce que va constater une équipe de télé emmenée par la présentatrice Taylor Gentry, qui va suivre le parcours de Leslie Vernon, à la demande du principal intéressé.
Construit en deux parties, deux tiers de faux documentaire et un tiers de slasher, le film de Scott Glosserman est intéressant à bien des égards sans être foncièrement innovant.
Ainsi, la première partie, jouissive à souhait pour qui est familier avec l’univers du slasher, est une véritable perle d’humour noir au cynisme assumé. Le spectateur y assiste à un véritable making-of de la futur scène de crime, apprêtée par le tueur afin d’y être le plus efficace possible (ah le gag de la télécommande qui permet de couper le courant à volonté) ainsi qu’à la sélection des futures victimes et de la future survivante. Making-of il y a également en ce qui concerne la personnalité du tueur et son entraînement acharné (car comme il le souligne, comment être sûr de rattraper sa victime quand celle-ci s’enfuit en courant alors que vous marchez lentement ?). Si l’humour est omniprésent, une vraie réflexion se dessine petit à petit lorsque Leslie Vernon fait part de ses intentions et présente à l’équipe de tournage médusée, son « parrain », Eugene, psycho-killer à la retraite.
C’est là que BEHIND THE MASK prend tout son sens et se démarque de la simple blague de potache à destination des slasher geeks. En effet, dans l’univers du film, des tueurs tels que Freddy ou Jason existent réellement et ne sont, au final, que l’incarnation des peurs collectives. C’est ainsi qu’Eugene présente son « travail » car c’était en effet pour un lui un boulot de trucider des gens lorsqu’il était actif, sans plus. BEHIND THE MASK philosophe ainsi sur la nécessité pour une culture de posséder ses propres monstres et effleure alors une certaine mise en abyme du concept même de cinéma d’horreur (impression renforcée par la présence de seconds couteaux aux passés chargés dans le genre : Robert Englund, Zelda Rubinstein et Scott Wilson). Ainsi, « l’œuvre » des psycho-killer aurait un sens profond. Cette réflexion méritait un véritable approfondissement et pourquoi pas, un parallèle avec les films de genre. Malheureusement cela ne viendra pas alors que cette thématique semble au cœur même du projet.
Après cette première partie consacrée aux coulisses du métier, il est temps pour Leslie de passer à la pratique. Et c’est dans ce troisième tiers que le film perd de son intérêt. Le réalisateur décide en effet de laisser tomber le style reportage pour passer au véritable slasher et sombre malgré lui en plein SCREAM.
En effet, dans ce deuxième et ultime acte, l’équipe de tournage, forte de la connaissance du plan de Leslie, décide de sauver les adolescents qu’il a choisi d’éliminer. Ainsi, à la manière des héros du film de Craven, les journalistes savent exactement quoi faire pour ne pas se faire tuer…mais finissent tout de même par se faire avoir par un tueur plus fin qu’il n’y paraît…
Au final, BEHIND THE MASK est un film plaisant, drôle et parfois cynique qui sait s’amuser d’un genre en le traitant avec respect. Malheureusement, dés qu’il quitte la farce, le réalisateur est moins à l’aise et, sous prétexte d’adresser un clin d’œil à son genre de prédilection, en livre une synthèse des plus mauvais passages obligés sans pour autant jouer d’une certaine distanciation qui aurait été nécessaire.


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- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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