Bienvenue à Zombieland

Un texte signé Claire Annovazzi

USA - 2009 - Ruben Fleischer
Titres alternatifs : Zombieland
Interprètes : Jesse Eisenberg, Woody Harrelson, Emma Stone, Abigail Breslin

La population mondiale a subi l’attaque d’un virus dévastateur. Les personnes contaminées sont devenues des zombies qui attaquent tout le monde, les contaminant à leur tour.
Il y a toutefois un survivant, un jeune homme qui s’est fixé des règles de survie et les respecte à la lettre. Son but : rejoindre ses parents, s’ils sont toujours en vie. Sur son chemin, il va croiser d’autres survivants avec lesquels il va devoir s’entendre, ce qui n’est pas toujours évident. La confiance est devenue une denrée rare dans les “États Unis de Zombieland”.

Depuis quelques années – et il semble que le phénomène tende à se poursuivre – le geek/nerd/nolife/otaku/gamer/fanboy* est devenu une cible de choix. Si ces groupes étaient à la base bien définis, ils se recoupent maintenant, partageant un grand nombre de leurs caractéristiques. L’inadapté social fait aujourd’hui l’objet d’une attention soutenue de la part de la télévision, des publicitaires, des producteurs ou des éditeurs. L’industrie cinématographique n’est pas passée à côté du phénomène, et propose ou proposera plusieurs oeuvres destinées à cet animal curieux : adaptations de comics, de mangas, d’oeuvres de SF… Il est plus rare qu’il soit le héros d’un film, mais c’est le cas dans celui-ci.

Le postulat de départ de BIENVENUE À ZOMBIELAND : que ferait un geek s’il se retrouvait confronté à une armée de zombies? La réponse : pour survivre, il analyserait la situation et établirait une liste de règles immuables. Ou presque. Et le pire dans tout ça, c’est que ça marche! Et c’est ainsi que Columbus, le héros de ZOMBIELAND, a pu échapper aux infectés qui peuplent maintenant le sol des USA. C’est ce qu’il nous explique d’entrée de jeu au début du film.
En quoi Columbus est-il un geek? Quand la contamination a commencé, il était enfermé depuis plusieurs jours chez lui, passant son temps à jouer à World of Warcraft tout en mangeant des pizzas. Autant dire qu’établir des stratégies pour lutter contre des Orcs ou des Mages, ça le connaît. Ce n’est pourtant plus la même chose quand le monstre, c’est votre voisine de palier, très jolie au demeurant, qui s’est faite mordre par un SDF zombie. Sans compter ses problèmes de transit intestinal et sa frousse naturelle, Columbus est un geek, aucun doute là-dessus.
Jesse Eisenberg, avec sa tête de premier de la classe, l’incarne avec beaucoup de sincérité. Il est la garantie “émotions” de ce film.

Cela pourrait sembler antinomique, mais ZOMBIELAND est aussi un film très rock & roll. En effet, il s’ouvre sur For whom the bell tolls de Metallica, nous faisant profiter du carnage qu’une bande de zombies peut faire sur une musique à grosses guitares qui annonce la fin du monde.
La partie anticonformiste et rebelle est assurée par Woody Harrelson, magnifique dans une version plus âgée mais tout aussi cinglée de son Mickey Knox (TUEURS NÉS, 1994). On comprend que Tallahassee a une araignée au plafond quand, à la recherche de Twinkies, sa friandise favorite, il pénètre dans un supermarché possiblement envahi de zombies armé d’une batte de baseball et d’un sécateur.
Mais Tallahassee est aussi un fanboy. Il passe son temps à citer des répliques de films ou à rejouer des scènes complètes – par exemple la reprise du morceau de banjo de DÉLIVRANCE (1972). Il est aussi complètement fan de la guest star du film (chut, c’est une surprise, il faut voir le film pour savoir qui c’est), chez qui toute la petite bande va prendre ses aises pendant un temps, et il va nous le montrer amplement.

Et quand on voit le reste des survivants du film, on comprend bien que pour survivre à une invasion de zombies, il faut être socialement handicapé. Pour une fois qu’être un geek peut être un avantage!

S’il faut insister de cette façon sur les personnages, c’est parce que c’est le point fort du film.
La mise en scène, assurée par un nouveau venu dans le long métrage, Ruben Fleischer, est somme toute très classique, malgré quelques trouvailles ingénieuses – la manière d’afficher les règles de Columbus dans le décor par exemple. Visuellement, il y a eu des films de zombies bien plus gores ou plus effrayants, même si certains maquillages sont très efficaces. Les décors post-apocalyptiques et déserts sont en revanche assez réussis, suffisamment pour qu’on y croie en tout cas.
Plutôt que de reprendre les règles des films de morts-vivants initiées par George Romero, le réalisateur a choisi de s’inscrire dans le récent courant des films d’infectés (28 JOURS PLUS TARD, 2002, ou JE SUIS UNE LÉGENDE, 2007) : les zombies ne sont pas des morts revenus à la vie mais des personnes malades, et ils sont capables de se déplacer très vites.
En revanche, la vraie force de ZOMBIELAND, c’est l’écriture de ses dialogues. Chaque parole prononcée est piquante et bien sentie. Elles définissent les personnages aussi bien que leurs costumes peuvent le faire. On ressort du visionnage de ce film avec un carnet complet de répliques cinglantes et on n’a qu’une envie: les réutiliser.

En résumé, ZOMBIELAND est une comédie avec des zombies, et pas un film de zombies drôle. Pas de réflexion sur l’aspect humain du zombie – LE JOUR DES MORTS-VIVANTS, 1985 – ou de critique de notre société – ZOMBIE, 1978. ZOMBIELAND est un film fun, à déguster avec une petite mousse et des popcorns, entre amis. Une séquelle étant prévue pour l’an prochain, préparez-vous à vivre “another day in Zombieland”.

*Notes:
Le terme geek (/gik/) est un anglicisme désignant une personne passionnée, parfois de manière intense, par un domaine précis. Il s’emploie entre autres dans le domaine de l’informatique ainsi que dans celui de la science-fiction.
Un nerd (/nɜːrd/), dans le domaine des stéréotypes de la culture populaire, est un terme anglais désignant une personne solitaire et intelligente, à la fois socialement handicapée (mais pas toujours isolée car un nerd peut conserver une vie sociale) et passionnée par des sujets liés à la science et aux techniques.
Un nolife est une personne qui consacre une très grande part (si ce n’est l’exclusivité) de son temps à pratiquer sa passion, voire son travail, au détriment d’autres activités. Cette addiction affecte ses relations sociales et sentimentales. Le terme est le plus souvent utilisé pour désigner une personne souffrant d’une forte dépendance au jeu vidéo ou à l’ordinateur.
Otaku (おたく en hiragana, ou お宅 en faisant usage du kanji) est une personne qui consacre la quasi-totalité de son temps à une activité d’intérieur obsessionelle comme les mangas, animes, ou encore les jeux vidéo.
Un gamer (« joueur » en anglais) est une personne passionnée de jeux vidéo.
Le fanboy, est un individu (habituellement masculin, bien que la version féminine fangirl puisse être utilisée pour les femmes) qui nourrit une profonde affection pour une marque, un produit, une oeuvre, un artiste ou simplement un point de vue sur quelque chose, jusqu’à un niveau obsessionnel voire maladif. Le fanboy reste fidèle à son obsession, rejetant (souvent de manière agressive) tout point de vue différent du sien.
Source Wikipedia.


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- Article rédigé par : Claire Annovazzi

- Ses films préférés : Une Balle dans la Tête, Fight Club, La Grande Bouffe, Evil Dead, Mon Voisin Totoro


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