Big Bad Wolf

Un texte signé Patrick Lang

Etats-Unis - 2006 - Lance W. Dreesen
Interprètes : Trevor Duke, Kimberly J. Brown, Richard Tyson, Sarah Aldrich, Christopher Shyer...

Le loup-garou est plutôt mal loti dans le paysage cinématographique actuel. Il est souvent relégué au second plan, il fait partie d’une histoire sans en être le centre d’intérêt. Un loup-garou simple guest star est devenu monnaie courante, on peut même admirer un lycanthrope dans HARRY POTTER ET LE PRISONNIER D’AZKABAN. On peut dire qu’avec CURSED de Wes Craven (remonté honteusement par des producteurs peu scrupuleux ) et BIG BAD WOLF maintenant, on devra encore patienter pour trouver un digne successeur à HURLEMENTS ou LE LOUP-GAROU DE LONDRES.
D’entrée de jeu, BIG BAD WOLF fait dans l’originalité : une bande d’ados va faire la fête (boire, fumer et satisfaire sa libido) dans une cabane perdue au fond des bois. En chemin, ils tombent évidemment sur un bouseux qui leur déconseille de continuer. Bien sûr, nos têtes-à-claques ne l’écoutent pas et se rendent quand même à la cabane. Là, ils se font trucider les uns après les autres par un loup-garou. C’est du jamais vu ! Néanmoins, la différence par rapport aux autres avatars du même genre, c’est le choix du réalisateur. En effet, après ces incidents, il recentre l’action dans la ville, ne retournant dans ces lieux que pour le dernier acte.
Il faut bien sûr saisir le ton humoristique de ce résumé, BIG BAD WOLF alignant un poncif du genre après l’autre. Il n’évite aucun cliché. Obligatoirement, une telle suite de lieux communs force le respect. La seule originalité, si on peut dire ça comme ça, c’est la volonté du réalisateur d’ajouter une touche très ”trash” à son film. On peut donc voir notre loup-garou violer une fille en balançant des phrases chocs. Comme vous l’aurez déduit, il est doué de la parole. Un loup-garou qui parle, ce n’est pas l’idée du siècle ni la grosse innovation qui fera bouger le genre. A la limite, un monstre loquace pouvait donner de nouvelles possibilités, mais ici, il utilise la parole pour nous asséner ses blagues parfois douteuses.
Une scène est assez significative du niveau de l’ensemble : les jeunes se barricadent dans la cabane, mais un retardataire est resté à l’extérieur avec le loup-garou. Un des jeunes veut ouvrir la porte pour secourir son camarade. Il est freiné par le chef du groupe qui lui dit de ne pas faire l’idiot. Cela ne le décourage pas et il ouvre la porte, et le loup-garou l’accueille d’un coup de griffe en hurlant : « espèce d’idiot !! ».
On est constamment partagé entre la consternation et la désolation devant un tel spectacle. A chaque fois que le réalisateur veut s’éloigner des sentiers battus, c’est à l’aide de fausses bonnes idées. Que nous reste-t-il ? Quelques scènes de nus et une poignée de scènes gores. C’est bien maigre et ça rehausse à peine l’intérêt de cette production qui flirte allègrement avec le Z. La réalisation, les effets spéciaux ainsi que l’interprétation se hissent rarement à un niveau acceptable, à l’exception de Richard Tyson qui incarne le grand méchant loup. Il tire son épingle du jeu en rendant son personnage détestable. Sachant que c’est un habitué de ce genre de rôles d’antipathiques, cela n’étonnera personne. Pour souligner la pauvreté des effets spéciaux, il suffit de voir la transformation en loup, passage obligatoire de tout film de loup-garou qui se respecte. Cette métamorphose dure 5 secondes à l’écran et est entièrement digitalisée, c’est l’une des pires transformations jamais vues. Le faciès du monstre fait davantage penser à un chien mutant qu’à un loup, on pense à un bigfoot par moments aussi !
En clair : c’est moche, mal joué, idiot, gore et sexy. Et pourtant, on arrive sans problème à regarder le film jusqu’à la fin. C’est peut-être la fascination que l’on peut avoir devant un tel étalage de débilités, ou bien une mise en scène quelque peu dynamique. A vous de juger si vous êtes courageux.


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- Article rédigé par : Patrick Lang

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