Black Cat

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Hong Kong - 1991 - Stephen Shin
Titres alternatifs : Hei mao
Interprètes : Jade Leung, Simon Yam, Thomas Lam

Une des spécialités du cinéma hongkongais fut toujours de s’inspirer, de manière plus ou moins ouverte, des grands succès occidentaux pour accoucher de remakes à la sauce locale. Le triomphe de NIKITA ne pouvait, forcément, laisser indifférents la colonie britannique et, au début des années ’90, débarque ce BLACK CAT fortement influencé par l’œuvre de Luc Besson. Jade Leung, beauté d’une vingtaine d’années, débute donc sa carrière en reprenant le rôle de Nikita, pardon, d’Erica, aux côtés du stakhanoviste du cinéma hongkongais Simon Yam.
L’intrigue, connue, concerne une jeune femme prénommée Catherine, incarcérée aux Etats-Unis pour meurtre. En essayant de fuir, la demoiselle est abattue par les forces de l’ordre. Mais elle se réveille dans un centre d’entrainement secret de la CIA où elle est formée au métier d’assassin d’élite et placée au service du gouvernement. Rebaptisée Erica par son mentor, Brian (Simon Yam), la jeune femme se voit implanter une puce dans son cerveau qui décuple ses capacités physiques mais lui cause également de violentes migraines. Envoyée en mission à Hong-Kong, Erica / Catherine y tombe amoureuse d’Allen, un scientifique qui travaille pour un parc environnemental. Mais le passé de la demoiselle la rattrape…
Petit thriller solide mais sans la moindre surprise, BLACK CAT s’appuie sur la performance de Jade Leung, une débutante qui incarne avec conviction cette voleuse violente devenant, par la suite, une tueuses expérimentée à la froideur étudiée. Leung devait d’ailleurs récolter un prix d’interprétation aux Hong Kong Award pour ce rôle et se montre effectivement plutôt à la hauteur au point de vue dramatique même si elle ne possède pas, par contre, les capacités physiques de ses consoeurs Michelle Yeoh, Cynthia Khan et autres stars du « girl with guns ». Jade Leung poursuivra sa carrière avec un inévitable BLACK CAT 2, suivi de diverses déclinaisons (BLACK CAT IN JAIL, BLACK CAT AGENT FILE), tournant plus de trente films en quinze ans sans jamais accéder au vedettariat. Elle se retira finalement du cinéma au milieu des années 2000, à seulement 35 ans.
L’action de BLACK CAT, de son côté, s’avère rondement menée, avec de nombreux éclats de violence, quelques assassinats bien orchestrés par notre héroïne et une poignée de gunfights efficaces qui ne lésinent pas sur la quantité de sang versé. Rien de fondamentalement original mais la mise en scène efficace de Stephen Chin, producteur de moult polars typés « girls with guns » et réalisateur d’une poignée de romances relativement réputées, sauve les meuble. Par son côté exotique (on voyage des USA à Hong Kong), BLACK CAT s’élève au-dessus des produits de séries fauchés comme Hong Kong en a produit à la pelle durant les années 80 et 90. Hélas, le rythme de BLACK CAT se révèle problématique : après un début en fanfare qui verse joyeusement dans la violence brute de décoffrage, la suite s’apparente à un long ventre mou, certes ponctuée de l’une ou l’autre scènes bien menées, avant un final hargneux mais décevant qui laisse la porte ouverte à une suite, d’ailleurs tournée dans la foulée. L’esthétique générale et la bande sonore accusent, eux, le poids des ans, ce qui rend le long-métrage déjà très daté vingt ans après sa réalisation.
Présenté comme un remake explosif de NIKITA, ce BLACK CAT tient surtout du pétard mouillé qui ne tient pas une seconde la comparaison avec le film de Luc Besson, nettement plus réussi à tous les points de vue. Cependant, pris de manière indépendante et sans chercher les ressemblances avec NIKITA, le long-métrage de Stephen Chin assure l’essentiel et se regarde d’un œil distrait mais sans déplaisir pour les inconditionnels du polar musclé en provenance d’Asie.


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer


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