Black Magic Rites

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Italie - 1973 - Renato Polselli
Titres alternatifs : Riti, magie nere e segrete orge nel trecento, The Reincarnation of Isabel
Interprètes : Mickey Hargitay, Rita Calderoni, Raul Lovecchio, Christa Barrymore

BLACK MAGIC RITES est une petite production italienne du début des années 70 qui combine fantastique, érotisme et prétentions vaguement auteurisantes. Réalisé par Renato Polselli, qui venait de commettre le giallo sexy DELIRIUM, ce métrage utilise en apparence une trame classique du genre (la sorcière avide de sang exécutée puis revenant à la vie pour se venger…bref un décalque du MASQUE DU DEMON de Mario Bava) mais délaisse rapidement tout souci de cohérence au profit d’un scénario éclaté.
L’intrigue est donc pratiquement impossible à comprendre ou à résumer. Elle implique Isabella, une sorcière vampire brûlée vive au Moyen-âge après que des villageois en furie lui ait planté un pieu dans le cœur. Cinq siècles s’écoulent et une petite bande de satanistes costumés comme des super-héros d’opérette (ou un groupe métal des années 80) décident de ramener Isabella à la vie pour célébrer la vingt-cinquième lune. La cérémonie demande évidemment le sacrifice de quelques vierges dont les corps et les yeux arrachés devraient permettre le retour de la sorcière. Les invitées d’un château, pourtant très actives sexuellement, vont donc tomber une par une sous les crocs de vampires menés par Dracula en personne et…Bon, inutile d’aller plus loin, BLACK MAGIC RITES n’a tout simplement aucune cohérence narrative, d’autant que le scénario (hum!) effectue des bonds d’un lieu et d’une époque à l’autre. Mais, apparemment, Polselli s’en moque et désire simplement offrir au spectateur un spectacle bigarré et mémorable. Une intention à demi réussie.
Si le scénario est incompréhensible, les dialogues, pour leur part, confinent au surréalisme et offrent quelques grands moments de comique involontaire: “si elle ne se rappelle de rien c’est qu’il ne s’est rien passé”; “Toi! – Moi – Oui, toi!”, ou encore “tes yeux reflètent le feu du feu du désir”…Bref, c’est assez impayable, tout comme lorsqu’un des pervers participants se plaint “Elle s’est refusée à moins parce qu’elle était vierge” et qu’une jolie bisexuelle dénudée lui réplique très sérieusement “Nous avons toutes étaient vierge un jour, même moi”. Citons enfin, pour la bonne bouche (si on ose dire) cette réplique hallucinante énoncée par un disciple de Van Helsing: “les vampires ont besoin d’un sang qui n’a pas été contaminé par le sperme humain”. Un tel niveau de bêtise approche évidemment le génie (et vice et versa!) et on se demande alors si le scénariste, qui n’est autre que Polselli lui-même, ne le fait pas quand même un peu exprès.
Heureusement tout n’est pas négatif pour autant. La bande sonore typique de son époque se révèle assez agréable, la photographie est très belle et le travail de la caméra oscille entre l’amateurisme prétentieux et le métier solide mais décontracté pour aboutir à un résultat possédant un certain style. Nous sommes loin du je-m’en-foutisme triomphant de bien des productions similaires (Pardonnez nous petit Jésus… Franco bien sûr!) et cette mise en scène de bon niveau contribue pour beaucoup à donner un petit cachet à l’ensemble.
Les principaux interprètes, pour leur part, sont assez déjantés mais ils livrent des compositions bien adaptées au sujet. Mickey Hargitay, ex-mari de Jayne Mansfield et ancien Mr Univers reconverti dans la série B italienne (LES AMOURS D’HERCULE ou le fameux VIERGES POUR LE BOURREAU) aux cotés de Rita Calderoni, vue dans le très similaire NUE POUR SATAN. Néanmoins les autres acteurs ne sont pas du même calibre et il faut avouer que leur interprétation tient parfois davantage de la représentation de patronage que de l’Actor Studio.
Au niveau de la violence et du gore, indispensables à ce type de production, calmons tout de suite les ardeurs: les maquillages sanglants sont peu nombreux et pas franchement convaincants, l’unique passage un peu plus choquant étant situé dès les premières minutes. Mais, heureusement, Polselli se rattrape au niveau de la nudité, elle généreuse et gratuite, ne se privant pas d’exhiber de belles italiennes n’ayant pas froid aux yeux, ni ailleurs manifestement. L’humour est également bien présent même si il est presque toujours involontaire, comme précédemment souligné.
Même si il n’est pas très réussi, BLACK MAGIC RITES s’avère néanmoins vaguement divertissant et son esthétique très colorée lui a assuré un petit statut de film culte, sans doute pas vraiment mérité mais ne chipotons pas.
Laissons plutôt le mot de la fin à la grande prêtresse réincarnée qui, dans les dernières secondes résume fort habilement le propos: “je t’ai dit que le connu et l’inconnu se touchent, n’essaie pas de comprendre”.
Bref, une curiosité qui devrait trouver son public, même si celui-ci est sans doute restreint.


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer

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