retrospective

Bleak Future

BLEAK FUTURE (soit en français FUTUR MORNE d’après le site officiel !) est d’abord une aventure quant à sa réalisation. Tourné en super 8, le film fut projeté la première fois en décembre 1996 à Santa Monica. Il aura fallu attendre jusqu’en 2003 pour qu’il soit enfin visible sur DVD. Réalisé par le guitariste et écrivain Brian S. O’Malley, BLEAK FUTURE est le fruit d’une combinaison alliant enthousiasme, talent et système D. Ce savant mélange, on le doit à une bande de potes débrouillards, unis par les liens sacrés du Z. Dans les bonus du DVD, nous apprenons que O’Malley a auparavant bossé sous la houlette de Roger Corman, ceci pouvant expliquer cela.
FUTUR MORNE produit par Anarchy 101 nous raconte une quête philosophique, une saga post-apocalyptique qui voit notre héros “The Slangman” partir à la recherche de la Source. Après avoir touché du doigt la civilisation parfaite (vaccin universel, gouvernement mondial éradiquant les guerres, etc….), les hommes (c’est-à-dire nous) ont conduit la planète bleue à la catastrophe. En effet, un groupe de savants, dans un élan de fraternité universelle, a développé le projet Pangea qui a pour but de réunir tous les continents dans l’espoir d’unir enfin les hommes. Espoir hélas de courte durée, que des rayons lasers tirés par satellites annihileront complètement en effaçant toute trace de vie sur Terre. Nos protagonistes (Slangman, Atlatl, Femme, The Malathion Man, etc..), ayant miraculeusement échappé au carnage, n’ont d’autres choix que la survie, sur une Terre désormais réduite à une mer de sable d’où émerge quelques vestiges du passé. En archéologue averti, The Slangman a le privilège et le pouvoir d’être l’heureux possesseur du dernier livre de la planète. Modestement, il se déclare être “l’homme le plus intelligent du monde connu”.
Voilà pour l’histoire en elle-même, mais il faut voir le traitement qui lui est fait : de la dérision et de l’humour à gogo. Des décors aux costumes en passant par les dialogues, tout est là pour se marrer avec ce film qui ne délaisse pas pour autant la critique sociale en se moquant de notre société consumériste. En effet, les objets les plus usuels deviennent, par la grâce de la pénurie, des trésors que Slangman peut échanger tout au long de ses pérégrinations vers la Source. Quel plaisir de voir Slangman sortir, devant les yeux ébahis des femmes d’un harem, un rouleau de PQ. Mais son usage originel semble avoir disparu de la mémoire des survivants car Slagman explique au mutant que ça sert à polir le chrome.
Autre moment de franche rigolade lorsque Slangman accompagné par Atlatl rencontre des nomades avec lesquels il tente de négocier : conversation surréaliste et conclusion radicale des négociations.
Corrosif, drôle, imaginatif sont les qualificatifs qui conviennent le mieux à ce film qui pourrait être une version hybride de LA VIE DE BRIAN (réalisée par des Monty Python punks) et de BAD TASTE de Peter Jackson pour les quelques scènes gore. Le manque évident de moyens ne nous empêche pas de suivre les pérégrinations de Slangman qui sont construites comme des épisodes au cours desquels nous rencontrons avec lui de nouvelles trognes mutantes ou non. Quelle jubilation de voir apparaître un mutant à bicyclette ou d’autres encore maniant le sabre comme Uma Thurman dans KILL BILL, la dextérité en moins.
En conclusion, un film pour tout ceux que le cheap ne rebute pas et que l’irrévérence et la parodie attirent. FUTUR MORNE ?! Mon œil… Futur jouissif, oui !!!!… Et regardez de toute urgence cette perle faite de mauvais goût et d’irrespect, politiquement incorrecte. Quel bonheur de se laver la tête et les yeux avec des films de cette trempe où il n’y a aucun risque de s’endormir devant des images aseptisées…..Un film qui tâche ? C’est BLEAK FUTURE qu’il vous faut !

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