Blind Alley

Un texte signé Nassim Ben Allal

Espagne/Colombie - 2011 - Antonio Trashorras
Titres alternatifs : El Callejon
Interprètes : Ana de Armas, Leonor Varela, Diego Cadavid

L’espagnol Antonio Trashorras signe ici son premier long-métrage après de nombreuses années passées à tourner pour la télévision. En dehors de son pays, c’est surtout son travail de scénariste pour le cinéma qui est le plus connu et reconnu puisqu’il est l’auteur de L’ECHINE DU DIABLE de Guillermo Del Toro et plus récemment d’AGNOSIA sortit directement en dvd en France.
Une ville balnéaire espagnole terrorisée par un mystérieux serial killer. Rosa, une jeune cubaine, travaille comme femme de chambre dans un hôtel en attendant LE casting qui lui permettra de montrer toute l’étendue de son talent de danseuse. En attendant, la voilà rattrapée par la banalité de son quotidien : faire sa lessive. Elle se rend alors dans le lavomatic le plus proche de chez elle, situé dans une impasse. D’abord seule, elle est très vite rejoint par un jeune homme qui, s’il s’avère d’emblée sympathique, révèle malgré lui quelques zones d’ombres. Est-il vraiment celui qu’il paraît être ?
Le scénario de BLIND ALLEY revient de loin. D’abord prévu comme un épisode d’une heure de l’anthologie des MASTERS OF HORROR, il devait être réalisé par Guillermo Del Toro avant que l’emploi du temps du maître ne soit chamboulé. Depuis, son auteur, Antonio Trashorras se trimballait son texte sous le bras sans trop savoir qu’en faire, jusqu’au moment où il a décidé de l’adapter en long-métrage. Pop, coloré, flashy et très bien mis en musique, BLIND ALLEY est un film ultra référentiel qui convoque en vrac les influences du giallo, une imagerie façon années soixante et un découpage spatio-temporel qui rappelle les bandes d’horreur des EC Comics. Porté par un casting qui satisfera à peu près tous les spectateurs, de la belle gueule de Diego Cadavid à la beauté adolescente d’Ana de Armas en passant par celle, plus mûre, de Leonor Varela, BLIND ALLEY fait preuve d’un sens très sûr de l’esthétique via ses comédiens mais aussi par une direction artistique simple et efficace. Influences conjugués, comédiens sexy, situation propice à tous les débordements…que manque-t-il alors au projet ? Malheureusement l’essentiel, à savoir une histoire digne de ce nom. Nul doute que sous la forme d’un film d’une heure, le scénario devait être efficace et percutant même s’il n’était pas follement novateur et, il faut le dire, assez prévisible dans son déroulement. Plus long de vingt minutes, BLIND ALLEY perd de son suspens et semble tourner en rond jusqu’à un troisième acte dont le déclencheur, bien qu’inattendu, ne lui permet jamais vraiment de racheter ce qui précède. Entre situations répétitives et éculées, des choix de mise en scène qui, à force de vouloir maintenir un suspens finissent par vendre la mèche (la sœur de l’héroïne toujours filmée de dos), l’œuvre d’Antonio Trashorras déçoit car elle finit par tourner à vide. C’est d’autant plus regrettable que de nombreux ingrédients étaient réunis pour donner lieu à un petit film sans prétention mais vraiment bien ficelé. Il en résulte un film malade, parfois traversé par quelques fulgurances mais au final bien trop boursouflé pour remporter l’adhésion.


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- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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