Blood Creek

Un texte signé Mazel Quentin

USA - 2009 - Joel Schumacher
Interprètes : Henry Cavill, Dominic Purcell, Emma Booth

1936 aux Etats-Unis, Richard Wirth, expert en occultisme, est envoyé par le Troisième Reich dans la ville de Town Creek pour poursuivre ses travaux.
Soixante dix ans plus tard, Evan Marshall recherche son frère disparu dans la région, celui ci réapparait un soir sans explication. Les deux frères décident alors de prendre les armes pour traquer les ravisseurs.
Joel Schumacher, ce simple nom a souvent fait trembler la plupart des cinéphiles. Certains ne se sont, d’ailleurs, jamais remis du film BATMAN ET ROBIN. Au point que quelques-uns sont persuadés que Schumacher a volontairement détruit la franchise. N’allons pas jusqu’à ces extrémités, et même si l’on reconnaîtra l’excellent PHONE GAME dans la filmographie du monsieur, nous sommes obligés de constater que le réalisateur ne jouit pas d’une réputation des plus appréciables.
Faisons un point sur le casting avant de nous attarder sur le film. C’est Dominic Purcell qui tient le premier rôle aux côtés de Henry Cavill. Le premier est connu pour ses aventures en prison dans la série PRISON BREAK. Le second, a joué dans des films très différents comme HELLRAISER 8 : HELLWORLD de Rick Bota et WHATEVERS WORKS de Woody Allen. Une carrière hétéroclite diront certains, peut-être. Sa notoriété revient cependant à son rôle dans MAN OF STEEL de Zack Snyder où il incarne Superman. Amusant de le voir dans un film réalisé par « l’assassin » présumé de la franchise, Batman. Cela nourrira probablement les fantasmes de certains. Mais nous nous écartons du sujet. On fera aussi plus que noter la présence du génial Michael Fassbender dans le rôle du diabolique Nazi, Richard Wirth. L’acteur d’origine allemande, avait été découvert dans le très réussi EDEN LACK de James Watkins, puis dans INGLORIOUS BASTARD de Quentin Tarantino, l’excellent SHAME de Steve McQueen et le très discuté PROMETHEUS de Ridley Scott où il incarnait l’androïde David avec une justesse à couper le souffle. Finissons le casting par le nom de Shea Whigham, connu principalement pour son rôle de shérif corrompu de la ville d’Atlantic City dans la série BOARDWALK EMPIRE, produit par Martin Scorsese. En somme, un joli casting. Mais attention, chez Schumacher le casting n’a jamais été synonyme de réussite.
BLOOD CREEK s’inscrit dans ce qui semble être ces quelques dernières années, un renouveau de la Nazisploitation. Un « genre » qui a abandonné le caractère érotico-pornographique qui a fait le succès de son aîné, pour se concentrer sur des intrigues plus proches de celle des survivals, et jongle la plupart du temps habilement entre l’humour et le sérieux. Côtoyant ainsi des films comme THE BUMKER, DEAD SNOW, OUTPOST, OUTPOST-BLACK SUN, IRON SKY, THE 25TH REICH ou encore, NAZIS AT THE CENTER OF THE EARTH, le réalisateur arrive à apporter sa pierre à l’édifice avec un film humble et soigné. C’est principalement en s’attardant sur la dimension occulte du genre que Schumacher arrive à construire une ambiance propre et intrigante. Certains diront que, ce caractère occulte n’a rien de bien innovant. Peut-être, mais le film est suffisamment maîtrisé pour que le plaisir suive et que nous soyons embarqués dans cet univers mystérieux et cabalistique le sourire aux lèvres.
Le film arrive, de plus, à utiliser habilement les codes du survivals et du revenge movie pour construire une narration pas si linéaire et conventionnelle que l’on pourrait s’y attendre. Abandonnant, de plus, le caractère humoristique qui avait mis cette « nouvelle nazisploitation » sous le feu des projecteurs, le film se permet de sortir un peu des sentiers battus. On le rapprocherait ainsi plus d’un OUTPOST que d’un DEADSNOW.
C’est enfin le personnage de Richard Wirth, interprété par Michael Fassbender, qui fait la réussite du film. Quoi de mieux qu’une sorte d’Otto Rahn nécromancien à la recherche de runes nordiques pour faire frémir le spectateur, le tenant en haleine entre crainte et sympathie.
Pour conclure, le film de Schumacher est une réussite typique du monde du genre. Une connaissance d’un ensemble de codes qui sont suivis et détournés, une ambiance réussie et un méchant charismatique. Alternant scène d’action et scène plus narrative, le film est simple, mais jamais ne lasse. On notera la scène de l’attaque d’un cheval, bon exemple de ce mélange des plus attrayants. Il manque tout de même ce petit quelque chose indescriptible pour que le film soit réellement admirable. BLOOK CREEK mérite en ce sens largement sa place au côté des succès du même genre. De quoi nous faire oublier BATMAN ET ROBIN ? Peut-être pas, mais c’est en chemin.


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- Article rédigé par : Mazel Quentin

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