Blood Feast 2: All U Can Eat

Un texte signé Mickaël BenAyen

USA - 2002 - Hershell Gordon Lewis
Interprètes : Christy Brown, Christina Cuenca, Melissa Morgan, J.P. Delahoussaye

Hershell Gordon Lewis, avant d’être sacré pape de l’horreur, grâce à son démentiel BLOOD FEAST, a servi quelques nudies (films un brin déshabillés produits des années 30 à la fin des années 60, avant que n’arrivent les films hardcore). En 1960, il produit donc avec ses propres moyens THE PRIME TIME, puis s’associe avec le producteur David Friedman avec qui il tournera quasiment tous ses films. Ensemble, ils exploitent le filon du film de sexploitation jusqu’à ce que la concurrence devienne trop âpre. C’est alors que Hershell Gordon Lewis a l’idée de tourner un métrage dans l’esprit du grand guignol, où les personnages mourraient dans des torrents de sang. C’est ainsi que naquit le premier BLOOD FEAST en 1963. Il tourna ensuite coup sur coup 2000 MANIACS! (1964), COLOR ME BLOOD RED (1965) et A TASTE OF BLOOD (1967). D’autres films suivront jusqu’à ce que le réalisateur cesse toute activité après son GORE GORE GIRLS (1972). Mais, 30 ans après son dernier film, il décida de se remettre au travail et ainsi de réaliser BLOOD FEAST 2.
Un traiteur égyptien se voit commander un buffet à l’occasion d’un mariage. Possédé par la maléfique statue de Ishtar qui lui ordonne de tuer, son festin sera composé de chair et de sang.
Ce qui choque dans ce métrage, c’est la ressemblance avec BLOOD FEAST premier du nom. Les effets de caméra restent les mêmes, les acteurs sont inconnus au bataillon, mais cabotinent allègrement et surtout, cette incroyable liberté dans sa façon de filmer. Nous pouvons donc constater que Lewis n’a rien perdu de sa verve d’antan. Il nous régale de plusieurs effets gore. Nous avons donc au programme: énuclation, éventration avec arrachage de boyaux, égorgements, doigts passés au mixeur ou tête décalottée (cette scène fait référence au PREDATEUR DE LA NUIT de Jess Franco (1987) ou au BRAINDEAD de Peter Jackson (1992)… Les scènes gores sont trop nombreuses pour être énumérées en détails, mais elles restent jouissives. Mais elles n’accusent pas le coup de leur prédécesseur de 1963. Les moyens mis en œuvre sont plus importants et les effets gore s’avèrent de bien meilleure facture. Outre les geysers de sang parsemant le métrage, le réalisateur y inclus des scènes comiques, notamment les 2 héros policiers: John McConnell (détective Loomis) et Marc McLachlan (détective Myers). Le premier passe son temps à manger tout et n’importe quoi, même devant les cadavres, l’autre vomit toujours devant ces derniers (il vomit donc souvent). Le festin final est, lui aussi, gratiné (c’est le cas de le dire) car le protagoniste, Fuad Ramsès, nous concocte un menu à base de main et d’yeux baignant dans du sang. Nous pouvons aussi citer la scène du repas, à la fin du film, où le curé pédophile tente de séduire un jeune homme. Le nom du héros principal fait référence au premier BLOOD FEAST (en fait, c’est son petit fils). Les noms des détectives font immédiatement références au docteur Loomis (incarné par Donald Pleasence dans le mythique HALLOWEEN) et au tueur de ce même film (Michaël Myers). De plus, Lewis inclut des musiques dans son métrage qui sont en complet décalage avec l’action qui s’y passe. Hershell Gordon Lewis rend hommage aux nudies d’antan et ses pin-up nues en train de comparer leurs sous-vêtements ou de prendre la douche. BLOOD FEAST 2 suit donc un schéma précis: envoûtement du protagoniste, scènes gore, érotiques, scènes gore, comiques, puis enfin scène gore.
Le film souffre quand même de quelques longueurs (il est vrai que 99 minutes de métrage sans vraiment d’histoire, ni d’acteurs convaincants, le spectateur regarde le temps passer). Ce problème n’entame en rien le plaisir que nous prenons à voir toutes ces scènes gores joliment mises en scènes. Le réalisateur le dit lui même: « L’effet spécial de l’arrachage de visage nous a coûtés autant que BLOOD FEAST tout entier ».
BLOOD FEAST 2, malgré sa longueur, marque le grand retour derrière la caméra de ce très grand réalisateur qu’est Hershell Gordon Lewis (sachant qu’il a passé ses 30 dernières années séparant son dernier film, GORE GORE GIRLS et son retour à la réalisation, à faire du télémarketing). Les scènes gores sont parfaitement mises en scènes, les scènes comiques fonctionnent parfaitement, les acteurs cabotinent parfaitement, tout ça avec des musiques ne collant pas aux scènes. Bref: du grand Lewis. Il est dommage que les éditeurs français ne sortent pas plus de films du pape du gore (hormis BLOOD FEAST et 2000 MANIACS!) ; beaucoup de ses oeuvres étant encore inédites en France.


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- Article rédigé par : Mickaël BenAyen

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