Blood Monkey

Un texte signé Nassim Ben Allal

Etats-Unis/Thaïlande - 2007 - Robert Young
Interprètes : F. Murray Abraham, Matt Ryan, Amy Manson, Matt Reeves

Après IN THE SPIDER’S WEB, une partie de l’équipe technique (ainsi que le scénariste) remet le couvert pour un autre film tourné dans la même jungle. Avec un budget pas beaucoup plus élevé que la production Sci-Fi, mais en revanche avec un réalisateur bien plus expérimenté (Robert Young, 75 ans dont 36 passés à tourner sans relâche), BLOOD MONKEY se situe quelque part entre le « creature-feature » direct to dvd et une énième variation autour de King-Kong.
Six étudiants rejoignent en pleine jungle africaine le professeur Hamilton dans le but d’étudier les singes. Sur place, l’éminent anthropologue leur apprend qu’il a découvert le chaînon manquant de l’évolution, l’espèce non répertoriée faisant le lien entre le singe et l’homme. Mais cet animal s’avère des plus dangereux…
Si le film démarre de manière énergique avec la capture ratée de l’un de ces gros singes tueurs, la suite retombe très vite dans les méandres de la série B de bas échelle. En effet, lorsque les six étudiants apparaissent , la messe semble dite : parfaits stéréotypes, futures victimes idéales pour pimenter l’action, ces personnages (comme les comédiens qui les interprètent avec un manque total de conviction) ont l’air sortis de divers films d’horreur à micro-budgets. L’évolution de leurs relations et leurs trajectoires respectives semblent inscrites sur leur front tellement leur caractérisation force le trait. Au milieu, F. Murray Abraham, dont le talent n’est plus à démontrer, fait tâche à cause de son jeu le plus souvent juste mais qui n’évite pas toujours le cabotinage ! Et pourtant, le rôle qu’il défend n’est pas beaucoup mieux écrit.
Si le scénario présente les mêmes faiblesses que beaucoup de mauvais « creature-feature » (on attends les attaques de la bête et entre deux plans vaguement gore, l’ennui est ferme), la réalisation est en revanche au dessus du tout venant. En vieux routard de la télé, Robert Young sait donner de l’ampleur à son image et ce, malgré un faible budget. C’est chose faite ici. Tirant admirablement parti de la beauté de ses décors naturels, le réalisateur crée des images qui pourraient sans mal illustrer des récits de Kipling.
Malheureusement, c’est l’un des rares points forts du film. Handicapé par un rythme très lent et des effets de maquillages sortis tout droit des films de Bruno Mattei de la grande époque, BLOOD MONKEY peine à s’imposer…tout comme son singe, d’ailleurs ! La créature simiesque, objet de convoitise des personnages principaux et moitié de titre du métrage, brille par sa quasi-absence. Un grognement, des yeux luisants dans l’obscurité, quelques gros plans de crocs et même un jet d’urine particulièrement jaune nourrissent l’essentiel de son temps de présence à l’écran. Et ce n’est pas l’envie de suggérer l’horreur qui explique cette absence mais un vrai manque de moyen. BLOOD MONKEY ou comment tourner un film de monstre sans aucun monstre. Seule la réalisation évite à ce direct to dvd le naufrage total.


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- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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