Boarding House

Un texte signé Éric Peretti

USA - 1982 - John Wintergate
Interprètes : John Wintergate, Kalassu, Alexandra Day, Joel Riordan, Brian Bruderlin, Selma Kora, Tracy O’Brian, Mary McKinley, Rosane Woods, Cindy Williamson, Christopher Conlan, Elizabeth Hall

John Wintergate et sa femme Kalassu, sympathiques musiciens farfelus, décident un beau jour non seulement de réaliser un film d’horreur, mais d’en faire un objet de culte. Pour cela, ils rédigent un script totalement hallucinant qui verse allégrement dans la parodie et même au-delà, dans un genre qui n’a sûrement pas encore été répertorié et défini tant BOARDING HOUSE fait figure d’objet filmique non identifié.
Jim Royce (Wintergate lui-même) vient d’hériter d’une superbe maison en Californie. Le fait qu’elle fut le théâtre d’événements meurtriers mystérieux ne l’empêche pas de la transformer rapidement en une grande pension pour jeunes filles célibataires. Très vite toutes les chambres sont occupées et Jim se retrouve entouré d’une légion de jolies donzelles qui passent le plus clair de leur temps à se prélasser au bord de la piscine. Mais Jim est plus intéressé par le développement de ses capacités mentales que par l’assouvissement de ses besoins physiques. En se concentrant sur les forces de l’univers, il a en effet acquis un don pour la télékinésie. Bon, cela lui sert surtout à faire tourner un pot de fleurs, récupérer le savon tombé au fond de la baignoire ou faire léviter un œuf au petit déjeuner. Impressionnée par autant de pouvoir, Victoria (Kalassu) va elle aussi s’y mettre, après tout, il suffit de prendre l’air constipé, d’écarquiller les yeux et de respirer fort. Malgré quelques incidents curieux dus à une entité maléfique assoiffée de sang, une grande fête s’organise…
Attention car derrière ce bref résumé se cache une oeuvre bien plus complexe. Mais hélas, complexité ne rime pas nécessairement avec réussite et le film est un amas de non-sens scénaristiques doublé d’une désastreuse expérience visuelle et sonore qui va dérouter plus d’un spectateur.
Tourné en vidéo, pour des raisons économiques, et bénéficiant du procédé Horror Vision, en fait un effet vidéo ringard digne des meilleurs clips des années 80, BOARDING HOUSE ressemble plus, et ce à tous les niveaux, à un porno californien qu’à un film d’horreur. Ainsi Jim se ballade très souvent en string, exhibant sa musculature et son bronzage, alors que ses locataires, lorsqu’elles ne sont pas à moitié nues, arborent toutes des tenues qui ne dissimulent pas grand chose de leur anatomie. Les situations, et les dialogues en découlant, entre les séquences de meurtres, sont totalement aberrants et n’apportent bien souvent rien à l’histoire, qui est elle-même inintéressante et trop confuse pour capter l’attention. L’absence de mise en scène, la caméra est juste là pour filmer platement l’action, et le passage trop abrupte d’une séquence à l’autre achève de donner un aspect bricolé au film. La sensation, à la fois excitante et inquiétante, que l’on va brusquement tomber sur un insert gynécologique est encore renforcée par le jeu des acteurs qui se contentent de réciter des lignes de texte tout se mettant physiquement en valeur. Mais c’est bien du sang qui gicle lorsque ces longues plages de remplissages arrivent à leur apogée.
Méritant sans problème sa place au panthéon des mauvais films, BOARDING HOUSE, grâce à toutes ses tares, va au-delà de la médiocrité pour en finalité devenir ce pour quoi il a été conçu, un objet de culte. Mais sa vision pouvant se révéler péniblement irritante, il est conseillé de ne pas le regarder seul. Le meilleur moment pour le diffuser est probablement lors d’une soirée bien arrosée entre amis. Chacun pourra alors choisir d’en regarder une partie, entre les discussions, attendant patiemment et, hélas vainement, que quelque chose se passe.


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- Article rédigé par : Éric Peretti

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