Bottom Feeder

Un texte signé Nassim Ben Allal

Canada - 2006 - Randy Daudlin
Interprètes : Tom Sizemore, Wendy Anderson, Charles Fitzpatrick, Amber Cull

Quel plaisir de retrouver Tom Sizemore! Ce comédien au physique massif, second couteau de premier choix dans de grandes productions telles que HEAT de Michael Mann, IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN de Steven Spielberg ou encore A TOMBEAU OUVERT de Martin Scorcese, avait déserté le grand écran depuis quelques temps suite à des problèmes judiciaires. Son retour, il l’effectue à la manière d’un Rutger Hauer en quittant les seconds rôles de superproductions pour des premiers rôles de série B. Et le bougre ne s’arrête pas de tourner, notamment dans un certain STILETTO où il rejoint d’autres « gueules » du cinéma américain aux parcours chaotiques, Tom Berenger et Michael Biehn. Alors oui, retrouver Tom Sizemore est un plaisir, mais ce BOTTOM FEEDER vaut-il vraiment le coup d’œil ?
Premier long de Randy Daudlin, spécialiste des effets de maquillages, qui signe également le scénario, BOTTOM FEEDER a donc tout, à priori, de la petite série B sympa et efficace à défaut d’être innovante.
Lorsqu’un savant découvre le sérum qui permet aux tissus humains morts de se régénérer, c’est l’occasion pour Charles Deaver, mafieux notoire et brûlé au dernier degrés, de recouvrer un visage humain. Méfiant, il décide d’inoculer le produit à son créateur afin d’observer d’éventuels effets secondaires. Bien ( ?) lui en a pris car le savant se transforme alors en une créature humanoïde assoiffée de chair humaine. S’enfuyant dans les égouts, elle se retrouve à la fois pourchassée par les hommes de main de Deaver et en chasse d’une équipe de nettoyeurs emmenée par le charismatique Vince Stoker. Comme dans les égouts, personne ne vous entend crier, tout ce petit monde va devoir ruser pour survivre…
Croisement entre ALIEN et LA CREATURE DU CIMETIERE, BOTTOM FEEDER (le titre fait références aux poissons et autres créatures sous-marines qui remontent à la surface pour se nourrir) peine à se hisser au rang de série B agréable. C’est bien dommage, car les intentions sont là, mixant diverses influences populaires comme le comics (la naissance de la bête), les références à de nombreux films de monstres, d’un point de vue scénaristique comme esthétique. Hélas, cela ne suffit pas et BOTTOM FEEDER peine à trouver sa propre voie, écrasé par ses références. Privé de rythme (la première demi-heure est très longue), le film de Randy Daudlin se perd dans une exploration sans fin de couloirs plongés dans la pénombre. Tom Sizemore assure au maximum et porte littéralement le film sur ses épaules. Les autres comédiens sont tous aussi bons, excepté le SDF jamaïquain dont le faux accent devient lourd à mesure que passent les minutes. Jouant à la fois sur des effets de mise en scène pour provoquer la peur et quelques effusions de sang, il semble que le film prend bien garde de ne pas devenir gore et ce, malgré deux belles décapitations. Du coup, BOTTOM FEEDER a le « bottom » entre deux chaises et la désagréable impression de tiédeur qui s’en dégageait devient de plus en plus vivace. Reste quelques bons moments comme la naissance du monstre et sa mise à mort ou encore le twist final qui, malgré son classicisme absolu, demeure assez efficace.
Ainsi, BOTTOM FEEDER laisse un goût d’inachevé et on se prend à rêver d’une version unrated si tant est qu’elle existe où le film se transformerait en un monument de fureur souterraine gore et intense, où Tom Sizemore ferait figure d’ultime guerrier. Et dans laquelle le monstre serait amputé de cette oreille d’éléphant ridicule qui le décrédibilise malgré un grand soin apporté à sa conception.


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- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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