Un texte signé Angélique Boloré

Espagne - 2002 - Enrique Urbizu
Titres alternatifs : La caja 507
Interprètes : Antonio Resines, José Coronado, Goya Toledo, Félix Álvarez, Dafné Fernández, Juan Fernández, Luciano Federico

review

Box 507

Le directeur d’une succursale bancaire à la Costa del Sol, Pardo Modesdo, se fait braquer et enfermer dans la salle des coffres. Là il découvre, parmi les cassettes éventrées, des papiers prouvant que la mort de sa fille unique dans un incendie de forêt sept ans plus tôt n’était pas vraiment qu’un départ de feu accidentel. Tout le film tourne ensuite sur sa quête de vérité puis sa soif de vengeance.
Petit thriller espagnol, LA CAJA 507 ne remporte pas tous les suffrages. Certains trouveront en effet la ficelle un peu grosse avec parfois des hasards bien tirés par les cheveux. Ils n’ont pas tord, mais pour tous les spectateurs qui auront apprécié ce film, cela relève du détail, du démarrage de l’intrigue impossible mais sans intérêt. Par contre, ce qui en a, c’est ces personnages, complexes, ces situations, intéressantes et cette mise en scène, magistrale.
Tout d’abord, ce décor espagnol fleure bon l’exotisme. Dans ce type de film, on a peu l’habitude de voir un soleil de plomb, de la végétation rabougrie, des truands en chemisette et lunettes de soleil. En parlant de vilains, ceux-ci sont particulièrement gratinés et servis par des acteurs professionnels et charismatiques. D’ailleurs, il n’y a absolument rien à redire à l’interprétation, les acteurs sont tous parfaits.
On part donc dans de bonnes dispositions et le spectateur n’a pas fini d’être surpris. En effet, l’intrigue est racontée de manière édulcorée. Il aura un certain travail de réflexion à faire pour relier les scènes et les personnages entre eux. Il doit deviner beaucoup de choses et on est donc loin de toutes les réponses servies sur un plateau. Ce parti pris et cette mise en scène surprennent mais finalement, le spectateur en ressort le grand gagnant. Il prend beaucoup de plaisir ; on lui demande enfin de réfléchir. Et certaines scènes, sans extravagances, sans grandiloquence nous livrent alors des situations fortes (le cadavre dans un sac plastique, la torture de certains personnages).
Ce qui est le plus marquant, c’est le parcours un peu poupées gigognes du long dénouement. Les braqueurs, qui ne sont ni des amateurs ni des tendres (ils exécutent l’un des leurs qui a juste un peu dérapé) ne sont rien comparés à Rafael, l’ex-chef de la police à la solde du maffieux local et propriétaire du fameux casier 507 aux papiers compromettants. Quand Rafael comprend, après une traque musclée que les braqueurs ne lui ont pas pris ses documents, il les abat tout de même sans aucune pitié. Mais Rafael n’est rien comparé à son patron, un maffieux italien exilé et qui sème l’horreur dans la maison de son homme de main. On pense avoir atteint des sommets de cruauté et d’indifférence mais le maffieux n’est lui-même rien comparé à d’autres instances plus hautes que lui. Toute la maisonnée de Marcelo paie la note, même son fils d’une dizaine d’années. Cette gradation, sobrement mise en scène, nous épuise. Quand verrons-nous la fin de cet engrenage infernal ? Quand arrêterons-nous de voir mourir les gens dont nous croisons les destins et tribulations depuis le début du film ? Et le réalisateur nous achève avec un Pardo Modesto en fait bien pourri et qui comble du désespoir est certainement trop bête pour s’en apercevoir.
Modesto est le personnage central, le père d’une jeune fille aimant et qui se remet très difficilement de sa mort. Il nous semble sympathique, touchant. A ce titre, la mort de sa fille est spectaculaire. Nous suivons cette jeune fille qui ment à ses parents pour aller camper en bord de mer avec son petit ami. Le garçon va nager seul. Alors qu’il est encore dans l’eau, le garçon voit un immense incendie de pinèdes. Il remonte en dératant, il appelle sa copine qui sort de la tente et se voit encerclée par des flammes immenses. Cette scène est magnifique visuellement et forte émotionnellement. On s’identifie complètement à cette jeune fille condamnée. Les appels du garçon, proches et clairs, rendent encore plus terrifiante cette mort, à quelques mètres près.
Cependant, le message de fin n’est pas vraiment clair. Certains voient un happy-end, une vengeance menée à bien et un gagnant à l’histoire. Pour d’autres, il n’y a que des perdants. Modesto est même un homme horrible, médiocre et inhumain. Sa fille est vengée mais beaucoup sont morts, dont des innocents. Cependant, cette considération lui échappe, ce crétin est satisfait de pouvoir dépenser l’argent soutiré dans cette affaire et qu’il pense mériter.


Votre soif de lecture n'est pas rassasiée ?
Téléchargez les anciens numéros de Sueurs Froides


Inscrivez-vous à la liste de diffusion et accédez au
téléchargement des anciens numéros de Sueurs Froides :
- Une tranche d'histoire du fanzinat français
- 36 numéros de 1994 à 2010
- Près de 1800 films critiqués
Un index est disponible pour chercher un film ou un dossier
CLIQUEZ ICI.

- Article rédigé par : Angélique Boloré

- Ses films préférés : Autant en Emporte le Vent, Les dents de la Mer, Cannibal Holocaust, Hurlement, L’invasion des Profanateurs de Sépultures

Share via
Copy link