indie-eye

Burn Paris Burn

Dernière production indépendante en date de la Youth Industry, ce collectif video underground grenoblois né, en 2004, de la cuisse du Mandrak, une des fameuses salles d’expo (avec le Brise Glace et le Tapavu) du non moins célèbre squatt artistique La Baraque, BURN PARIS BURN vient, quatre ans après les crypto-cultes SIX DREADS DE L’ENFER, confirmer la vitalité – et l’ambition ? – de cette scène plus psychédélique encore que simplement iséroise.

Passionné du jeu vidéo Freelord, Romarik (Laurent Sebelin) rencontre Venus (Elodie Biet), une jeune femme étrange qui va changer sa vie… Magie vaudou, moto volante, album ensorcelé, une perruque et un château dans le ciel… À eux deux, ils vont créer l’ultime groupe de musique, les Satan System, qui les mènera au sommet du pouvoir et de la décadence d’un Paris hanté et outrageusement surréaliste.

Comme on en retrouve, ici et là, en France universitaire (voir le pasticheur Cinema Galactis d’Angoulême), le studio Youth Industry propose donc une alternative au fantastique français des « majors » et rassemble un hystérique vivier « amateur » aussi débrouillard (3 ans de pré-prod, 40 jours de tournage pour une équipe de 60 personnes, le tout facturé 21 malheureux milliers d’euros !) qu’inventif, au risque – mesuré ? – de confondre alors le foisonnant alternatif avec le foutraques patenté.

En effet, à empiler les contextes, les enjeux, les univers, les manières, les thématiques et les digressions, le titre ne tarde pas à offrir, malgré une remarquable qualité graphique (des extérieurs régulièrement reversants), une impression brouillonne et volontiers naïve (la charge anti-médias, d’abord amusante puis vite poussive…) que son statut de conte ne suffit pas à légitimer (le cynisme ricanant et roublard nimbant le propos coupe d’ailleurs, en un embarrassant contresens, les jarrets de cette notion), pas plus que ses confortables justifications psychédéliques.

Habile metteur-en-images (la chose flirte parfois avec une sorte de méga-clip), malin distillateur d’ambiances, le duo à la tête de l’entreprise pêche ainsi en revanche en écriture – sous couvert underground de dynamiter, comme son héros la lune, la narration classique ? – impression soutenue par la relative faiblesse et le redondant « dantesque ! » du discours (les dialogues plus quotidiens sont en revanche irréprochablement drôles !), le laborieux des articulations dramatiques et le régulier didactisme de ses références (qu’il s’agisse de « l’évocation » du Joueur de flûte de Hamelin post-moderne ou bien des allusions (maladroites) à l’expressionnisme outré du cinéma muet).

Restent au crédit de BURN PARIS BURN le fun, évident (même si c’est un minimum !), un non moins manifeste goût pour l’emphase (pas toujours bien contrôlé mais régulièrement audacieux) hésitant entre grotesque assumé et ridicule accidentel et une « bienvenue » localisation parisienne de son intrigue (Paris qui a décidément le vent en poupe chez les amateurs frenchies (après le PARIS BY NGHT OF THE LIVING DEAD de Greg Morin produit par Bach Films)).
Mais il jouit surtout, au coeur du maelström volontiers épileptique dont relève son visionnage, de séquences à la beauté rappelant parfois le meilleur de l’infographie cinématographique (CAPTAIN SKY ET LE MONDE DE DEMAIN, IMMORTEL AD-VITAM), offrant ainsi au passage la sensation aussi revigorante qu’inédite de tenir là une sorte de film de Rob Zombie (THE DEVILS REJECTS) qu’aurait consciencieusement designé Oshii Mamoru (AVALON) !

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