Butcher Boy

Un texte signé Michaël Guarné

Irlande - 1997 - Neil Jordan
Interprètes : Eamonn Owens, Sean McGinley, Stephen Rea

Si Neil Jordan a pu illustrer ses talents de réalisateur lors de contes fantastiques (citons ENTRETIEN AVEC UN VAMPIRE, sûrement le plus connu du public), il ne faudrait pas pour autant oublier que plusieurs de ses films s’ancrent dans la réalité. L’Irlande, pays natal du cinéaste/écrivain, est certainement sa source d’inspiration la plus marquée, comme l’attestent MICHAEL COLLINS ou THE BUTCHER BOY.
Adapté d’une nouvelle de Patrick McCabe, le film nous raconte la triste jeunesse de Francie Brady, petit rouquin de douze ans vivant dans un village irlandais durant les années 60 avec son père alcoolique et sa mère qui en subit les amères conséquences. Un environnement difficile qui pousse évidemment le jeune garçon à faire quelques bêtises, en compagnie de son ami Joe Purcell. L’une des plus récurrentes consiste d’ailleurs à harceler le jeune Phillip Nugent, le petit « bourge » du quartier dont la mère horripile Francie plus que tout au monde. N’ayant aucun point de repère, Francie, envoyé dans un premier temps en maison de redressement, sombre à petit feu dans la folie sans même sans apercevoir…
Tourné à Clones et Dublin, THE BUTCHER BOY fait partie de ces films que l’on garde en tête pendant longtemps. Et si le long métrage de Neil Jordan marque les esprits, c’est notamment grâce à la performance du jeune Eamonn Owens qui interprétait là son premier rôle pour le grand écran. Impossible pour le spectateur de rester indifférent face au personnage de Francie, à la fois canaille et petit ange. Le pauvre gosse fait tout ce qu’il peut pour évacuer la tristesse quotidienne de sa situation familiale, ce qui se traduit le plus souvent par des âneries (la mise à sac de la demeure des Nugent par exemple).
Le plus triste dans tout ça est certainement l’incapacité du protagoniste principal à faire face à ses problèmes. Il glisse doucement vers la violence et le meurtre sans réaliser une seconde l’importance de ses actes. Il faut dire qu’on ne lui apprend pas à différencier le bien du mal, le môme subissant la colère de son père sans raison, quand ce n’est pas un prêtre qui tente d’abuser de lui…
La caméra reste souvent proche des personnages et nous impose de ce fait l’horreur des événements décrits. Les hallucinations de Francie mises à part (l’apparition de la Vierge Marie qui le conseille à plusieurs reprises), il n’y a pas d’effets inutiles ; juste une ambiance réaliste extrêmement froide et tendue. La période choisie, la Guerre Froide, renforce parfaitement ce climat de tension qui règne tout au long du film.
Neil Jordan s’amuse par ailleurs à jouer sur les mots. Francie se fait ainsi traiter de porc par l’affreuse Madame Nugent qui ne peut pas comprendre les agissements de ce petit garnement. Francie finit donc par recouvrir les murs de sa maison de « pig » écris en rouge. Par la suite, il trouve un petit boulot de garçon boucher à l’abattoir du coin et s’occupe, bien entendu, de cochons. Tout ça amenant une conclusion sanglante dans laquelle le titre du film prend alors tout son sens…
THE BUTCHER BOY, retiré de l’affiche en Irlande après quelques jours d’exploitation seulement, mérite vraiment d’être vu. Comédie noire, parfois cruelle, cette œuvre porte un joli regard sur une enfance ruinée par autrui.

Retrouvez notre couverture du 31ème Brussels International Fantastic Film Festival (BIFFF).


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- Article rédigé par : Michaël Guarné

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