Byzantium

Un texte signé Yannik Vanesse

Une adolescente écrit, régulièrement, son histoire, et en déchire les pages. Elle vit avec sa sœur, jeune femme délurée qui n’hésite pas à se prostituer pour apporter un peu d’argent sur la table. Mais un homme suit cette grande sœur jusque chez elle, et elle le tue sauvagement. En effet, les deux vampires qui se cachent derrière cette apparence sont traqués, et obligés de fuir une nouvelle fois. Pourtant, la plus jeune n’en peut plus de mentir et n’aspire qu’à dire enfin la vérité et se libérer de cette sœur qui l’étouffe.

Depuis BYZANTIUM en 2012, Neil Jordan a réalisé et écris plusieurs épisodes de la série « Borgia ». Mais il est surtout responsable de LA COMPAGNIE DES LOUPS, conte de fée sombre et adulte des plus marquant, ou encore du splendide ENTRETIEN AVEC UN VAMPIRE, adaptation brillante (et au casting de toute beauté) de l’excellent livre d’Anne Rice.

Neil Jordan revient donc aux vampires avec BYZANTIUM, cherchant à insuffler, dans ce genre aussi codifié que sur-exploité, une certaine dose d’originalité de par la manière dont les vampires sont crées, ainsi qu’une grosse dose de poésie.
Le réalisateur déploie, pour ce faire, une narration déconstruite (alternant présent et passé, lors de flash-back ou de récits racontés ou écrits, qui révèlent lentement la vie, durant deux siècles, d’Eleanor et de Clara). Le rythme est très lent, le film étant envahi par la voix off d’Eleanor, la plus jeune des deux vampires. La réalisation est soignée, l’esthétique léchée, et les images sont très belles. Hélas, l’histoire comme les protagonistes agacent rapidement.
En effet, le récit a décidé de prendre comme personnage principal un vampire adolescent en apparence, et détestant sa condition de buveur de sang (on pense à Louis dans ENTRETIEN AVEC UN VAMPIRE). Cependant, à aucun moment l’âge véritable de la jeune femme n’est perceptible, et elle se comporte à tout instant comme une adolescente pourrie et dépressive et ne paraît avoir subi aucune évolution. Le personnage passe ainsi le film à se traîner en geignant de désespoir et, rapidement, il en devient épuisant. De surcroît, la mythologie vampirique crée pour BYZANTIUM n’est que rarement crédible. Difficile d’imaginer qu’en deux siècles d’existence, Eleanor n’ait jamais entendu parler de la société secrète qui les regroupe, que le lieu où les vampires sont crées n’est pas protégé, et que la dite société secrète, elle-aussi, n’ait jamais évolué.
Ainsi, les scénaristes du film oublie qu’il est nécessaire, dans une histoire avec des personnages ayant plusieurs siècles, de montrer leur progression, leur évolution, mais au contraire les font stagner, avec de surcroît des personnages dont aucun est supportable. Entre les vampires misogynes, l’adolescent humain perdu qui lui, aurait permis un point d’ancrage s’il avait été mieux exploité, Eleanor qui ne sait que se plaindre, ou Clara jamais sensuelle alors qu’elle aurait dû, de par son personnage et ses actions, représenter la sexualité vampirique dans toute sa splendeur, difficile de ne pas être déçu par la vision de BYZANTIUM. Sur le papier, le film faisait rêver mais l’histoire ne parvient hélas pas à convaincre. Et c’est d’autant plus dommage que le film possède de très belles images et une réalisation superbe, qui ne peut faire qu’espérer que Neil Jordan reviendra aux vampires avec un meilleur scénario.


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- Article rédigé par : Yannik Vanesse

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