Cat-Women of the Moon

Un texte signé Philippe Chouvel

Après qu’une voix off ait brièvement évoqué les mystères et les secrets de l’espace infini, sur fond de ciel étoilé, apparaît à l’écran une fusée en forme de suppositoire, fonçant à vive allure en direction de la Lune. A son bord , un équipage composé de cinq éléments : Laird Grainger, le commandant de bord, Helen Salinger, la navigatrice, Kip Reissner, le co-pilote, Doug Smith, l’opérateur radio et Walt Wallace, l’ingénieur. L’expédition scientifique est la première à se rendre sur le satellite de la Terre, un voyage long de trois-cent mille kilomètres.
Après un incident à bord et un risque d’explosion avorté grâce à la bravoure de Reissner, la navette parvient finalement à alunir. Les membres d’équipage, après avoir revêtu l’indispensable combinaison spatiale, partent en reconnaissance sur le sol lunaire ; en l’occurrence l’endroit choisi (à la demande d’Helen) est une vallée située du côté de la face cachée de la Lune.
Après avoir marché un moment, Helen les conduit jusqu’à une grotte dont l’entrée gigantesque se trouve au pied d’une paroi rocheuse. Le groupe s’y engage, et au bout d’un moment découvre des traces d’humidité, puis constate la présence d’oxygène : l’air est respirable. Après avoir ôté leurs encombrantes combinaisons, les membres de l’expédition poursuivent leur route, et son attaqués par des araignées géantes. Ils parviennent à les neutraliser, et à sortir de la grotte. Surplombant une vaste vallée, leur champ de vision leur permet de voir au loin une mystérieuse cité…
CAT-WOMEN OF THE MOON est un film qui peut séduire à plus d’un titre, pour peu que l’on apprécie son côté suranné. Tourné en noir et blanc, il donne un cachet particulier à ses décors, rappelant parfois la poésie d’un Méliès. Réalisée une quinzaine d’années avant que l’Homme ne mette véritablement les pieds sur la Lune, l’œuvre d’Arthur Hilton mêle science-fiction et aventure exotique dans une totale absence de réalisme, mais avec une naïveté touchante et un minimum de savoir-faire, étant donné la maigreur du budget. Les fameuses « Cat –Women » évoquent inévitablement les Amazones de la mythologie, et comme leurs ancêtres elles vivent en matriarcat, éprouvant un mépris pour les hommes. Leur confrontation avec les hommes de l’équipage donne au film une saveur particulière, un spectacle mélangeant science-fiction et aventures. Un exotisme amplifié par la belle musique d’Elmer Bernstein, aux accents parfois orientaux, dans l’esprit des peplums et des contes des mille et une nuits. Bernstein aura également composé, la même année, la musique de ROBOT MONSTER (chroniqué précédemment).
Il est préférable de voir CAT-WOMEN OF THE MOON au second degré, tant le film s’avère particulièrement kitsch dans tous ses aspects : l’invraisemblance de l’histoire, le jeu académique des acteurs, sans oublier la pauvreté des effets spéciaux. Niveau casting, la plupart des interprètes du film ont fait l’essentiel de leur carrière dans des séries télé. On notera toutefois que certains d’entre eux ont eu leur heure de gloire, comme Sonny Tufts dans SEPT ANS DE REFLEXION, ou Victor Jory dans PAPILLON.
A l’époque, il faut croire que le film marqua particulièrement les esprits, puisqu’un remake (MISSILE TO THE MOON) fut réalisé dès 1959 par Richard E. Cunha, le metteur en scène de SHE DEMONS. Mais cette copie fut loin de rallier tous les suffrages, et ne parvînt pas à faire oublier l’original. D’ailleurs, Joe Dante, John Landis et consorts ont rendu quelque peu hommage au film dans AMAZON WOMEN ON THE MOON, en 1987. Pour toutes ces raisons, on peut donc considérer ce CAT-WOMEN OF THE MOON comme un classique du cinéma psychotronique.