Catriona MacColl

Un texte signé Éric Peretti

- 2011

Membre du jury pour cette première édition du Festival Hallucinations Collectives à Lyon, Catriona MacColl est plus que jamais présente dans le cinéma de genre. L’égérie fulcienne tient le rôle principal dans L’EMPLOYÉ DU MOIS, court métrage qui vient de remporter un prix mérité au NIFFF, et participe à l’aventure THÉÂTRE BIZARRE, film à sketchs qui s’offre en ce moment une première mondiale au festival Fantasia. Pour Sueurs Froides, elle a accepté de se replonger dans ses souvenirs pour tenter d’éclairer sa filmographie obscure.

Sueurs Froides : Peux-tu nous parler de ce que tu faisais avant de devenir comédienne.

Catriona MacColl : Je suis née à Londres et je suis restée en Angleterre jusqu’à mes 19 ans. Là-bas, durant huit années, j’ai suivi une formation type “petit rat de l’opéra”. J’ai été encouragée par quelques professeurs à me lancer dans une carrière de comédienne et plus tard, j’ai pris des cours d’art dramatique avec un professeur qui m’a dit d’aller d’abord jusqu’au bout de ma formation de danseuse, que si je devais un jour devenir comédienne, cela se fera.
J’ai persévéré dans la danse et c’est ce qui m’a mené en France. Hasard des choses, j’ai passé le même jour des auditions pour Lyon et Marseille, et j’ai été prise dans les deux compagnies… j’ai choisi Marseille. Travailler pour Roland Petit n’était pas facile, mais j’ai eu l’occasion d’aller danser en Russie en 1973. Je ne comptais rester qu’une année en France, j’en ai passé deux et j’ai eu une blessure. Je ne savais pas ce que j’allais faire. J’ai alors eu la chance de croiser les pas d’un enfant terrible du théâtre : Jean-Pierre Bisson. Il montait des spectacles sur Nice et j’ai joué avec lui.
Au bout de deux années sur les planches, j’ai pensé que j’avais fait mes preuves. Je pensais retourner en Angleterre, mais comme je n’avais pas fait d’école d’art dramatique, j’appréhendais un peu, là-bas je n’appartenais à aucune “famille” de comédiens. Je suis passé par Paris et des amis avec qui j’avais joué à Nice m’ont présenté à des agents. C’est ainsi que j’ai obtenu mes premiers rôles à la télévision.

Sueurs Froides : Parmi les nombreux téléfilms et séries auxquels tu as participé, notons LA PEAU DE CHAGRIN (id. Michel Favart, 1980) d’après Balzac, et NOIRES SONT LES GALAXIES (id. Daniel Moosmann, 1981)

Catriona MacColl : Dans LA PEAU DE CHAGRIN, je tenais le magnifique rôle de La Comtesse Fœdora. C’était à l’époque ou l’ORTF produisait des grandes œuvres dramatiques et des épopées historiques de qualité. Le réalisateur, Michel Favart, était assez en vogue à l’époque, Alain Cuny jouait le rôle de l’antiquaire. J’étais aussi entourée par deux acteurs qui sont morts assez jeunes, Marc Delsaert et Richard Fontana. J’ai retrouvé Richard sur le tournage de NOIRES SONT LES GALAXIES… À l’époque je me disais qu’est ce que c’est que ce truc. Il faudrait que je regarde cette série à nouveau, beaucoup de gens m’en parlent, ça a dû marquer les esprits. La seule scène dont je me souvienne est celle de la piscine, lorsque je dois expliquer au personnage principal ce qu’il se passe. C’était un 3 janvier, en extérieur et de nuit. Il a fallu que j’aille plusieurs fois de suite dans cette piscine. On me donnait du cognac ou du whisky dès que je sortais pour me motiver, alors je ne me rappelle plus très bien si mes explications sont claires.

Sueurs Froides : Dans ta filmographie obscure pour le cinéma, on retrouve un mystérieux POWER GAME (Juego de poder. Fausto Canel, 1983) tourné dans les années 80 en Espagne.

Catriona MacColl : Super souvenir, pas seulement parce que j’ai tourné avec mon premier mari Jon Finch qui était une star en Espagne, il y avait déjà fait 7 films, mais parce que c’était une famille. Le metteur en scène cubain, Fausto Canel, et moi on s’adorait, on était du même signe astrologique, on avait beaucoup de choses en commun. Il m’a aussi aidé à acquérir une conscience politique car il avait été emprisonné à Cuba et avait pourtant dirigé un film depuis sa prison. C’était un exilé politique. La productrice, Katrina Bayonas, est devenu est très bonne amie. Elle a aussi été directrice de casting pour certains films d’Almodovar. Elle est aujourd’hui l’agent numéro un en Espagne. Pour en revenir au film, je ne m’en souviens plus vraiment, c’était une sorte de thriller dans lequel je jouait l’épouse névrotique de Jon Finch. Je crois qu’il était question de chantage et d’une prise d’otages…

Sueurs Froides : Encore plus obscur est ce MANGEUSES D’HOMMES (id. Daniel Colas, 1986 ou 88)…

Catriona MacColl : Il n’est pas sorti en France, et je pense qu’il n’aurait pas marché. C’est encore un bon souvenir car on est parti tourner deux mois en Sierra Leone. J’étais en plein divorce et j’avais besoin de partir, mon agent français m’a téléphoné pour me dire qu’il avait sous les yeux un scénario rigolo et qu’il fallait que je le lise. C’est une histoire tirée d’une pièce de café théâtre, un gros succès qui affichait complet tous les soirs. Il y avait un esprit très BD, avec une brune, une blonde et une rousse. Je jouais le rousse, une aristocrate anglaise. La blonde était ma bonne et la brune, interprétée par la nièce de Delphine Seyrig, Coralie, jouait mon amie. Naufragées sur une île déserte, elles deviennent de plus en plus sauvages et finissent par manger leur mari… Ce film était écrit, joué et mis en scène par Daniel Colas, un grand homme de théâtre. C’est encore un film qu’il faudrait que je revoie, dans mon souvenir le résultat n’était pas très bon mais peut-être qu’il n’est pas si mal. Il doit sûrement avoir un potentiel de film culte…

Sueurs Froides : Revenons au présent, puisque tu as une double actualité.

Catriona MacColl : Je viens de terminer un court métrage nommé L’EMPLOYÉ DU MOIS que j’ai tourné sous la direction d’une jeune réalisateur suisse, Olivier Beguin. Je me suis beaucoup amusée et je pense que c’est un cinéaste intéressant dont il faudra suivre les prochains projets avec attention. J’ai également tourné dans le segment français du film THÉÂTRE BIZARRE. C’est Richard Stanley, un homme très brillant et d’une extrême gentillesse, qui en est le réalisateur. Le sketch se nomme LA MÈRE DES CRAPAUDS et j’espère que le résultat final sera à la mesure du travail fourni par l’équipe.

Sueurs Froides : Un dernier mot sur l’ensemble de ta carrière…

Catriona MacColl : J’ai eu une carrière complètement bizarre que j’assume totalement aujourd’hui et dont je suis assez fière car elle sort complètement des normes anglaises. C’est une bonne carrière.

Merci à Catriona pour cet entretien.
Merci à Anne-Laure de Boissieu pour l’organisation de l’entretien


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- Article rédigé par : Éric Peretti

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