Cerberus

Un texte signé Jérémie Vey

USA - 2005 - John Terlesky
Interprètes : Greg Evigan, Sebastian Spence, Brent Florence, Michael Davis, Garret Sato, Emmanuelle Vaugier

Des terroristes kidnappent le frère de la conservatrice de musée Samantha Gaines, afin qu’elle les aide à retrouver la légendaire épée d’Attila cachée en Europe de l’Est. Les voici donc partis pour le fin fond de la Roumanie (délocalisation oblige) où ils seront retardés dans leur quête par des mercenaires américains, mais aussi et surtout par Cerbère, un énorme chien à trois têtes qui protège le précieux artefact. C’est John Terlesky, acteur et metteur en scène pour la télévision, qui se colle à la réalisation de cette nouvelle production Lions Gate destinée à une diffusion sur la chaîne câblée Sci-Fi Channel.
Le pitch de CERBERUS est plutôt attirant du fait du mélange loufoque des mythologies : d’un côté le seigneur de la guerre et chef des Huns Attila, de l’autre le monstre Cerbère, gardien des enfers dans la Grèce antique. Mais tout rapport à la mythologie s’arrête ici, puisque le seul but du film est de nous montrer le massacre des protagonistes par un monstre assoiffé de sang. Le scénario est en effet très basique et fait penser à un vague ersatz d’Indiana Jones. Les invraisemblances sont nombreuses et laissent parfois perplexe: la scène de reconstitution où l’on peut voir Attila est des plus douteuses. Les mercenaires américains arrivent d’on ne sait où et on ne sait comment au milieu du film alors que le chien mythique porte comme collier d’énormes chaînes en or qui pourraient laisser croire que son maître n’est en fait qu’un rappeur américain. Les acteurs sont quant à eux plutôt bons dans l’ensemble. Et même si l’inconsistance des personnages rend leurs efforts bien vains, ils donnent vraiment l’impression d’avoir confiance en leur rôle.
Mais laissons là les défauts dont on devinait l’existence bien avant d’avoir vu le film, et qui n’entachent en rien la vision d’une telle production, pour nous concentrer sur ce que l’on est réellement en droit d’attendre de CERBERUS : des cgi, de l’action, et des gros effets bien gores. De ce côté, CERBERUS tient plutôt bien ses promesses.
Après une première demi-heure soporifique du fait de la trop longue et ennuyeuse exposition des personnages et de la situation, le film se lâche enfin. Les protagonistes arrivent en Roumanie où ils se livrent à quelques gunfights bienvenus avant de rencontrer le monstre. Et là encore, bien que la pauvreté du budget se fasse méchamment ressentir dans les effets digitaux, CERBERUS tient plutôt bien la route avec son Cerbère aux crocs acérés et aux babines baveuses. L’interaction entre les acteurs et le monstre est bien gérée, et surpasse largement la plupart des productions dans ce genre telles que PTERODACTYLES, produit pour la même chaîne. En revanche, le film pèche par son manque cruel d’effets spéciaux gores. Cerbère ne semble pas assez sauvage et vorace, et bien qu’il soit imposant, les massacres auxquels il se livre ne sont pas vraiment palpitants. La fin aussi est malheureusement décevante, non pas parce qu’elle est des plus prévisibles (ce qui semblait évident), mais à cause du sort qui est réservé à notre méchant monstre. La manière dont les personnages viennent à bout du molosse est déconcertante de facilité et de simplicité. John Terlesky semble n’avoir pas su comment se dépêtrer de Cerbère, et cette fin est clairement bâclée. Mais le rythme soutenu de l’ensemble, qui enchaîne sans temps mort les apparitions du monstre et les gunfights légers en logistique mais plutôt bien fichus, suffit à faire bonne impression. Dès l’arrivée des personnages en Europe de l’Est, la tension, bien que minime, ne faiblit pas, et ce jusqu’au bout du métrage.
CERBERUS n’est donc pas exempt de défauts, mais c’est une honnête petite série B, sans prétention et efficace. Le budget minuscule n’empêche pas (toutes proportions gardées) la qualité des scènes d’action, et c’est finalement un agréable moment que nous fait passer ce film.


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- Article rédigé par : Jérémie Vey

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