C’est une romance d’aujourd’hui

Un texte signé Patryck Ficini

« Une scie circulaire.
Un marteau de vitrier.
Un couteau électrique.
Une ponceuse.
Des clous.
Une perceuse. »
C’est à 19 ans que LAURENT FETIS débute au FLEUVE NOIR, avec un GORE aussi sanglant que maîtrisé, LA CERVELLE CONTRE LES MURS. Preuve comme le FLEUVE savait nous en donner que la valeur n’attend pas le nombre des années. FETIS signa ensuite MAGNA MATER (apocalyptique et démoniaque, avec des passages dignes de BARKER ou DEODATO) pour l’éphémère ANGOISSES (censée succéder à la cultissime ANGOISSE, sans S). A la même époque, il livra aussi quelques polars originaux à la SERIE NOIRE qui lui valurent son excellente réputation.
FETIS ne s’assagit Dieu merci pas avec le temps. Les années 2000 virent ainsi la sortie de INDUSTRIELLE ROMANCE, un étonnant roman de super-héros ( ?) bien violent, et du LIT DE BETON, au héros zombie et producteur de snuff-movies (après la pornographie de INNOCENT X), moins gore qu’à ses débuts mais toujours superbement glauque.
Honnêtement, connaît-on beaucoup d’écrivains capables de citer LUCIO FULCI, TAKASHI MIIKE et MICHEL FUGAIN dans le même roman ?
C’est ce que fait LAURENT FETIS dans LE TACOT D’ELSA LAMBIEK, aux éditions LA BRANCHE (dans leur sympathique, même si plutôt chère, collection-hommage à la SERIE NOIRE), une grosse novella de 90 pages qui narre la rencontre d’étudiants hédonistes avec un couple de tueurs en série proprement terrifiants. Un vrai malaise s’installe au détour de dialogues qui dérapent (« Vous avez déjà mangé de la merde ? »). A la façon du FETIS de ces dernières années, pas de gore à proprement parler mais une ambiance malsaine et menaçante. Comme ce lendemain de cuite où nos étudiants ne savent plus trop s’ils ont violé une fille en groupe ou participé à un innocent gang-bang entre adultes consentants.
Il y a cette fin aussi, véritable petit chef d’œuvre de tendresse sadique. Quasi romantique et belle comme un poème dark :
« – Tu m’aimes ?
Me demande-t-elle en branchant le couteau électrique et en l’approchant de ma joue.
Elle me demande encore si je l’aime et la mer clapote à nos pieds.
(…) Moi je caresse mon oreille manquante et la cicatrice qui sépare ma joue en deux.
Le soleil blanc brille tellement fort que je dois fermer mon œil unique.»

Informations


Votre soif de lecture n'est pas rassasiée ?
Téléchargez les anciens numéros de Sueurs Froides


Inscrivez-vous à la liste de diffusion et accédez au
téléchargement des anciens numéros de Sueurs Froides :
- Une tranche d'histoire du fanzinat français
- 36 numéros de 1994 à 2010
- Près de 1800 films critiqués
Un index est disponible pour chercher un film ou un dossier
CLIQUEZ ICI.

- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

Share via
Copy link