Un texte signé Yannik Vanesse

USA - 2012 - Jennifer Chambers Lynch
Interprètes : Vincent D'Onofrio, Eamon Farren, Evan Bird

BIFFF 2013review

Chained

Une mère et son fils vont au cinéma. A la fin de la séance, ils sortent tout heureux de ce moment d’intimité. Ils prennent le taxi qui passait miraculeusement par là pour rentrer chez eux. Au fil du trajet, ils sentent que quelque chose cloche, tandis que le taxi les emmène, toujours plus loin dans la campagne, restant totalement muet aux interrogations, suppliques et insultes de ses passagers. Car le mystérieux conducteur est un tueur en série, qui va emmener les deux personnes chez lui. Après avoir tué la pauvre femme, il va faire de l’enfant de neuf ans son esclave, son disciple, son fils, l’élevant d’une manière effroyablement perverse, reflet de son esprit dérangé et torturé.

Le père de Jennifer Lynch n’est plus à présenter. La réalisatrice œuvre cependant dans un univers bien éloigné de celui de son père, préférant une violence plus crue, plus âpre, bien éloigné de l’onirisme qui caractérise David Lynch. Il s’agit ici de son troisième film, projeté dans le cadre de la 31ème édition du BIFFF. Dans l’excellent SURVEILLANCE qui précède CHAINED, Jennifer Lynch avait déjà prouvé sa maîtrise de la violence glauque et atroce, sans aucun espoir, et son amour des twists déstabilisants ; elle continue ici à explorer cette voie.

Le récit qu’elle nous livre ici est intimiste. Mis à part l’introduction qui sera le seul moment de bonheur dans ce voyage au bout de l’enfer et quelques séquences, tout CHAINED du milieu jusqu’à la fin, se déroule dans la demeure sinistre de notre tueur en série. Tout cela pourtant sans aucun ennui. Jennifer Lynch maîtrise à la perfection l’espace, enfermant son spectateur en même temps que son personnage principal dans cette demeure atroce. Le spectateur se prend le film en plein visage, et plonge dans l’horreur absolue.
Etouffant et atroce, le métrage nous fait suivre le quotidien de cet enfant renommé Rabbit, qui vogue entre ennui et horreur totale. Son tortionnaire est incarné par Vincent D’Onofrio, surtout connu pour la série « New-York, section criminelle ». Il est absolument parfait dans CHAINED, où il déstabilise, en alternant les moments où il nous fait ressentir une haine absolue envers son personnage, et ceux où il provoque la pitié ; cela est vrai en particulier dans les flash-back, certes prévisibles, mais superbement mis en scène.
Les deux acteurs sont excellents. Vincent D’Onofrio va transformer cet enfant, qui deviendra adolescent en sa créature, avant de le considérer comme son fils ; d’une manière perverse et insoutenable mais par certains côtés, touchante.
Le film, superbement écrit, et la réalisation sèche, millimétrée, aident à nous faire entrer dans ce récit étouffant et sans espoir. Jusqu’à la fin, Jennifer Lynch tient son spectateur à la gorge, l’emmenant toujours plus loin dans l’horreur. Et, quand nous pensons avoir tout vu, tout subi, le twist surprend, déstabilise tout en restant effroyablement cohérent et crédible. Il nous fait encore franchir quelques paliers dans l’abomination.
La fin de CHAINED qui achève d’enchaîner son personnage principal à sa vie de souffrance, hantera le spectateur longtemps après le générique de fin.

Retrouvez notre couverture du 31ème Brussels International Fantastic Film Festival (BIFFF).


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- Article rédigé par : Yannik Vanesse

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