Chaw

Un texte signé Michaël Guarné

Corée du Sud - 2009 - Shin Jeong-Won
Interprètes : Josiah D.Lee, Eom Tae-Woong, Jeong Yu-Mi

La peur du sanglier : une crainte qui semble à nouveau au goût du jour depuis quelques années avec des tentatives décevantes telles que Pig Hunt de James Isaac ou La Traque de Nicolas Boissier. De quoi raviver des souvenirs des années 80 avec le fameux Razorback de Russell Mulcahy en tout cas. Exit l’Australie et ses terres arides pour l’heure. Bienvenue dans la campagne du Pays du Matin Calme dans le village de Sameri. Les habitants de cette paisible bourgade n’ayant connue aucun meurtre depuis une décennie voient subitement leur quotidien bouleversé lorsqu’un corps est retrouvé déchiqueté un beau jour. Un constat assez ‘laie’ vous en conviendrez…

Pour succéder à Sisily 2km, Shin Jeong-Won tente le coup de la grosse série B horrifique qui lorgne vers la comédie. Le problème est que ni l’horreur ni l’humour n’arrive à véritablement convaincre pendant près de deux heures. Plusieurs scènes de comique de répétition tombent assez vite à l’eau car elles arrivent comme un cheveu sur la soupe (chutes des policiers au début du métrage par exemple), ce qui rend le tout plus potache que véritablement drôle. Même constat quant au traitement de certains personnages gratuitement loufoques. Entre la vieille dansant sans raison dans la rue et la jeune femme qui se balade avec une poupée dans les bras en permanence, le quota de protagonistes timbrés est rempli. Dommage que ça ne serve en rien le récit et n’apporte pas grand chose au métrage tout court.
Les personnages ne font guère dans l’original à vrai dire. L’équipe de six personnes enquêtant sur ces crimes mystérieux est composée de gros clichés. Les forces de police et les chasseurs ont quasiment leur équivalent. Le flic bleu et le détective chevronné d’un côté, le jeune chasseur professionnel et celui à la retraite de l’autre : le même type de relation a tendance à s’installer entre chaque groupe social, rendant le tout sans surprise.

Pour ce qui est de l’action pure, on soulignera l’apparition bancale de la bestiole. Tantôt convaincant, tantôt ridicule, le sanglier géant est loin de faire le même effet que la bête de The Host qui, en plus d’être impressionnante, donnait une véritable âme à la bobine. Et bizarrement, les scènes les plus réussies sont celles qui se rapprochent plus de jeux vidéo que d’autres films du même genre. Assaut dans une baraque en pleine forêt, poursuite effrénée dans un chariot entre le violent mammifère et deux protagonistes, piège dans un entrepôt ayant plusieurs échafaudages avec des switchs à activer : autant de séquences qui évoquent une pièce maîtresse horrifique de Capcom, Resident Evil. Une série qui n’a jamais cachée son influence cinématographique. La boucle est bouclée quelque part donc…
En dépit de tout cela, le long-métrage de Shin Jeong-Won possède quelques cordes à son arc. La photographie, splendide, y est notamment pour quelque chose. Les espaces champêtres sud-coréens sont magnifiquement rendus par le biais de jolis plans larges où la nature règne en maître. Par ailleurs, certains pourront voir une métaphore de l’humain carnassier dans plusieurs scènes d’attaques de la bête. Un sentiment renforcé par plusieurs gros plans où les personnages mangent de façon assez bestiale. Honnêtement, ça n’empêche pas le film de louper son coche, la faute à un humour pas très fin et à un panel de protagonistes loin d’être attachant. On retiendra toutefois quelques scènes d’action plutôt efficaces dans un joli cadre.


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- Article rédigé par : Michaël Guarné

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