BIFFF 2010review

Christopher Roth

Juan, alias Christopher Roth, écrivain de polars gores et violents est en crise. Suite à de mauvaises critiques de son dernier ouvrage, il veut se remettre en question. Il part avec sa femme se ressourcer dans une vieille demeure isolée en Ombrie. Mais bientôt, des meurtres sauvages ensanglantent la Région. Ils sont l’œuvre du Sanglier, un tueur en série qui fiche des défenses dans les joues de ses victimes. Et il semble que l’écrivain suscite son intérêt…

Présenté en première mondiale au 28e Festival du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF), CHRISTOPHER ROTH renoue avec le genre du giallo. Cette coproduction belgo-italienne joue donc des codes du mystérieux tueur qui terrorise une région. On y convoque nombre d’éléments au rang desquels la salle de bain et le meurtre à l’arme blanche. Le belge Max Sender avait déjà réalisé en 2009 un autre thriller en coproduction avec l’Italie : HOLY MONEY. Avec CHRISTOPHER ROTH, on sent bien la volonté du réalisateur de livrer un bon film renouant avec de prestigieux ainés, mais le résultat est mitigé. Sans être honteux, l’ensemble laisse un peu froid. En cause, le style trop téléfilm, qui souffre de la comparaison avec ses ancêtres italiens qui osaient, eux, la carte de l’outrance visuelle. Sans doute aussi l’insuffisance de la carte fantasmatique : repensons à toutes ces splendides créatures délicieusement érotiques que nous a offertes la péninsule des années durant. La profession du principal protagoniste nous vaut enfin quelques longs passages de voix off, au style donc très littéraire, et qui viennent alourdir le propos.

Dans son approche, CHRISTOPHER ROTH s’oppose donc en totalité à une autre production belge contemporaine qui faisait elle aussi revivre le Giallo, à savoir l’extraordinaire AMER, lequel délaissait l’intrigue pour se concentrer sur de pures évocations sensitives.

Dans sa dernière bobine, CHRISTOPHER ROTH délaisse le giallo au profit d’un genre bien plus contemporain : le « torture porn » pour quelques séquences qui ne dépareraient pas dans une production américaine… Quoi de plus normal : en tant que chef opérateur, Max Sender (de son vrai nom Maxime Alexandre) a œuvré aux Etats-Unis sur quelques péloches bien barrées d’Alexandre Aja : HAUTE TENSION, LA COLLINE A DES YEUX et MIRRORS et tout récemment sur le remake de THE CRAZIES. Ses choix visuels et rythmiques sur CHRISTOPHER ROTH sont donc d’autant plus regrettables.

Thématiquement, CHRISTOPHER ROTH traite de l’emprisonnement d’un artiste dans le genre qui l’a rendu célèbre, ici l’horreur. Ce qui pourrait s’appliquer au réalisateur, dont le parcours dans le monde du cinéma le confine jusqu’à présent à l’horreur, et qui indiquait dans sa rencontre avec le public au BIFFF que le film était partiellement autobiographique. On espère pour lui que c’est plus dans son thème que dans les désagréables aventures de ses protagonistes que se retrouve ladite part autobiographique !

Au final, CHRISTOPHER ROTH tient plus du Dario Argento d’IL CARTAIO (2004) que de celui des FRISSONS DE L’ANGOISSE (PROFONDO ROSSO, 1975). S’il n’est pas parvenu à se dégager de la gangue d’une production lambda, CHRISTOPHER ROTH pourra donc cependant vous divertir le temps d’une séance.

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