Un texte signé Michaël Guarné

USA - 2006 - John Carpenter
Interprètes : Douglas Arthurs, Christopher Britton, Julius Chapple

review

Cigarette Burns

Ces dernières années, Carpenter aura été présent sur les écrans de manière indirecte, via des remakes plus ou moins réussis de ses premiers films (THE FOG et ASSAUT SUR LE CENTRAL 13). Quatre ans après le très divertissant GHOSTS OF MARS, le revoilà mettant en images pour la série Masters Of Horror un script intelligemment écrit par Drew McWeeny. CIGARETTE BURNS ou quand le septième art parle du septième art…
Kirby Sweetman est un amoureux de la bobine qui exploite à juste titre une jolie salle de cinéma. Ayant de sérieuses dettes à rembourser, il accepte l’offre du lugubre mais néanmoins richissime Bellinger, un cinéphile collectionneur bien connu dans le milieu. Sa mission : retrouver l’unique copie de La Fin Absolue Du Monde, un long métrage maudit dont on a perdu la trace depuis plus de trente ans et qui obnubile ses spectateurs au point de les faire s’entretuer. Son réalisateur s’est d’ailleurs lui-même tranché la gorge. Au fur et à mesure que Kirby avance dans sa quête, il se met à avoir des visions de son ex-copine qui s’est suicidée. L’aura maléfique du film commence alors à se faire de plus en plus pesante…
Avec ce huitième épisode, l’auteur de THE THING réussit avec brio à prendre du recul vis-à-vis de son genre de prédilection : l’épouvante. Est-ce que le visionnage d’images particulièrement violentes est à même d’interagir directement sur le comportement des spectateurs ? Un film peut-il dégager une puissance capable d’inciter les gens au meurtre ? C’est en tout cas ce que La Fin Absolue Du Monde laisse entendre. Carpenter étant sur la fin de son parcours artistique, il ne pouvait rêver meilleur moment pour accoucher d’une fine réflexion sur sa carrière. Un peu comme dans THE THING ou GHOST OF MARS dans lesquels le Mal voyageait de corps en corps, l’aspect maléfique se transmet ici de la bobine à tous ceux qui s’en approchent de trop près. Le film est l’élément qui déclenche les motivations meurtrières des personnages.
Le titre de l’épisode fait quant à lui allusion aux marques en formes de cercles (comme des brûlures de cigarette sur du papier) présentes dans le coin supérieur droit des celluloïds, indiquant de ce fait au projectionniste qu’il est temps de changer de bobine. C’est également ces marques qui apparaissent dans le coin supérieur droit de l’écran à chaque fois que Kirby délire à cause du film damné qu’il est supposé retrouver. Des hallucinations qui donnent parfois l’occasion aux responsables des effets spéciaux de s’en donner à cœur joie lors de nombreuses scènes gores. Les SFX sont donc très jouissifs, notamment lors d’une sanglante séquence de décapitation ou encore lorsqu’un personnage est poussé par La Fin Absolue Du Monde à s’énucléer.
La mise en scène demeure très efficace et l’ambiance rappelle moins le fantastique américain que le film noir ou le film d’épouvante asiatique (rythme lent, explosions de violence de temps à autre…). La musique, atmosphérique, joue de son côté bien son rôle grâce à une utilisation discrète.
Carpenter a donc parfaitement rempli son contrat en réalisant un Masters Of Horror palpitant de bout en bout. Un beau jeu d’acteurs, une photo soignée, un scénario finement écrit qui ne délaisse pas le gore : CIGARETTE BURNS est définitivement l’un des meilleurs épisodes de la série, en attendant un vrai retour du maître sur grand écran…


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- Article rédigé par : Michaël Guarné

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