CJ7

Un texte signé Michaël Guarné

Hong-Kong - 2008 - Stephen Chow
Titres alternatifs : Cheung Gong 7 Hou
Interprètes : Stephen Chow, Min Hun Fung, Chi Chung Lam, Shing-Cheung Lee

Après SHAOLIN SOCCER, sorte d’Olive et Tom en version live ayant redynamisé la kung-fu/comédie comme jamais, et CRAZY KUNG-FU, magnifique hommage à 40 ans de cinéma hongkongais, Stephen Chow sort enfin son dernier bébé : CJ7. Derrière ce titre bizarroïde se cache en fait une comédie grand public un brin fantastique. Reste à voir si l’auteur de KING OF BEGGARS a réussi ou non à se renouveler…
A défaut de dévoiler l’origine du titre, on se contentera de dire que Chow incarne un certain Ti, pauvre ouvrier travaillant d’arrache pied pour permettre à son fils Dicky d’être dans une école privée. Vivotant tant bien que mal non loin d’une décharge, les deux compères voient leur quotidien bouleversé le jour où un chien de nature extraterrestre fait son apparition. Dicky ne tarde pas à déceler les mystères qui l’entourent…
Disons-le d’emblée : CJ7 n’est pas à la hauteur des deux films qui l’ont précédé. La faute sans doute à une approche beaucoup plus ‘mainstream’ aussi bien dans la nature du sujet que dans le déroulement de l’histoire. Car il est vrai que l’on devine les aboutissements du script très longtemps à l’avance. Sans être foncièrement dérangeant, cela reste quand même un chouïa décevant pour le spectateur.
Il est clair que Stephen Chow a développé au fil du temps des automatismes vraiment intéressants en matière de gags et de mise en scène. Bien amené et plutôt efficace, l’humour est évidemment présent dans ce CJ7. A condition de ne pas être réfractaire à l’humour via l’humiliation (notamment par rapport aux différences de statuts sociaux des personnages), vous risquez de passer un bon moment.
Ayant bon nombre de caractéristiques d’une comédie familiale, CJ7 se démarque de ce genre grâce à ce fameux chien venu dont ne sait où. N’ayant pas grand-chose à voir avec le célèbre E.T. de Spielberg (même s’il a été l’inspiration première du Hongkongais), ce Stephen Chow jouit d’effets spéciaux plus que corrects. La bestiole est fort bien animée, comme on peut s’en rendre compte lors d’une séquence où plusieurs gamins lui demandent d’exprimer une émotion chacun à leur tour. Le pouvoir de ce chien pas comme les autres est par ailleurs bien trouvé et exploité… La musique, en revanche, demeure assez passe-partout. Sonnant trop année 80, elle ne trouve guère sa place ici et fait pâle figure après l’excellente bande-son qui accompagnait CRAZY KUNG-FU.
Enfin, on soulignera la forte tendance du réalisateur à s’auto citer à outrance. Certes pas aussi poussées que dans les derniers métrages de Kitano (TAKESHI’S et GLORY TO THE FILMMAKER !), ces auto références n’en demeurent pas moins insignifiantes. On se demande ce qu’elles viennent faire là entre deux scènes. Manque d’inspiration ? Vision nombriliste ? Quoiqu’il en soit, ce n’est pas en recopiant des séquences à l’identique (la paume de Bouddha par exemple, reprise de CRAZY KUNG-FU) que l’on confère à un film une identité qui lui est propre.
Le réalisateur de GOD OF COOKERY a donc créé une œuvre moins aboutie que ses deux précédentes. Le ton et le fond sont relativement gentillets, ce qui en décevra certains. Car même si l’on peut facilement se laisser prendre au jeu, on souhaite vraiment voir Stephen Chow se renouveler complètement lors de son prochain film. Ce n’est pas forcément gagné d’avance vu qu’on parle d’un hypothétique CRAZY KUNG-FU 2.


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- Article rédigé par : Michaël Guarné

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