Cold Prey

Un texte signé André Quintaine

Norvège - 2006 - Roar Uthaug
Titres alternatifs : Fritt Vilt
Interprètes : Ingrid Bolsø Berdal, Rolf Kristian Larsen, Tomas Alf Larsen, Endre Martin Midtstigen, Viktoria Winge, Rune Melby

Le Slasher moderne est à la mode depuis déjà un bon bout de temps (SCREAM date tout de même de 1996) et rien ne semble pouvoir l’arrêter. C’est d’autant plus étonnant que l’on ne peut pas dire qu’il s’agisse là d’un genre qui brille par ses excès d’originalité. On peut même dire que c’est justement par sa répétitivité qu’il se distingue ! D’ailleurs, ses détracteurs n’hésiteront pas à faire de ce constat leurs choux gras. Les fans, quant à eux, savent qu’il est réducteur de s’arrêter sur ce détail, en particulier depuis qu’il a plus ou moins fusionné avec le Survival.
L’originalité du genre, on la trouve actuellement dans la nationalité des pays qui produisent du Slasher. Après ILS et CALVAIRE en France, WOLF CREEK en Australie, voici donc FRITT VILT, alias COLD PREY en anglais, qui nous vient de Norvège. La Norvège n’en est pas là à son premier essai en la matière. Nous avions d’ailleurs déjà évoqué MIDSUMMER qui valorisait les grandes forêts norvégiennes. En ce qui concerne COLD PREY, l’histoire se déroule au beau milieu de montagnes enneigées et, si MIDSUMMER s’avérait être un petit produit tout à fait sympathique, le film de Roar Uthaug, quant à lui, joue dans la cour des grands.
Une bande de jeunes décide de faire du ski hors pistes. L’un d’eux se casse une jambe alors que la nuit commence à tomber. On décide donc de camper. Fort heureusement, un hôtel abandonné se dresse alors devant eux. L’idée de passer la nuit au chaud sous une couette près du feu est suffisamment alléchante pour que l’on décide d’abandonner celle de dresser une tente. Et là, évidemment, erreur, énorme erreur même !!! Car, devinez quoi : L’hôtel n’est en vérité pas si abandonné que ça…
Il y a deux catégories de films d’horreur. D’un côté, on a les irrévérencieux, les contestataires, ceux qui sont méchants envers la société. De l’autre, les ultra moralistes. Le Slasher fait plutôt partie de la seconde catégorie comme en atteste ces dizaines d’exemples de jeunes qui se font décimer par un tueur en série simplement parce qu’ils ont fumé un joint ou fait l’amour en dehors du cadre du mariage. De nos jours, évidemment, plus personne ne marcherait dans la combine. Heureusement, le Slasher sait s’adapter à son époque, ce qui prouve qu’il est intemporel ! Dans FRITT VILT, la bande de jeunes skieurs est montrée du doigt tout simplement parce qu’ils ne veulent pas faire du ski, comme tout le monde, dans une station. Ces rebelles refusent de faire la queue devant des télésièges. Par conséquent, ils ne consomment pas et ne font pas vivre le commerce local qui vit essentiellement du tourisme. Cerise sur le gâteau, nos héros résistants de la société de consommation, iront même jusqu’à vouloir passer une nuit aux frais de la princesse dans un somptueux hôtel désaffecté. Heureusement que les portables ne fonctionnent pas dans ce trou perdu, car ils auraient tout à fait été capables, en plus, d’appeler un hélicoptère pour venir les secourir. Imaginez la note pour la collectivité ! Rassurez-vous, un tel incivisme ne pouvait rester impuni et le Jason Voorhees norvégien va nous débarrasser fissa de ces parasites inutiles.
C’est alors à une superbe partie de cache-cache à laquelle nous allons avoir droit. Le suspense est ténu. On vibre, on a peur pour nos héros…. Si vous avez le cœur faible, passez votre chemin. L’hôtel est immense et superbe, suffisamment pour ne pas transformer le métrage en films de couloirs. A l’extérieur, le froid est palpable. Nos 5 héros sont pris au piège et semblent fait de papier face au tueur impitoyable, presque aussi grand que la maison elle-même, comme le dira l’un des protagonistes.
Si vous avez détesté WOLF CREEK en raison des 45 minutes de présentation des personnages, vous haïrez tout autant FRITT VILT. Roar Uthaug a retenu la leçon et prend son temps pour nous présenter 5 jeunes qui n’ont rien de héros. Ils ne sont pas crétins et aucune de leurs réactions ne sera idiote. Même le rigolo de la bande s’avère sympathique, c’est pour dire ! Si c’est la présentation des protagonistes qui fait la différence entre les grands Slashers et les autres, FRITT VILT est assurément l’un des meilleurs représentants du genre. Tout comme dans WOLF CREEK, aucun des 5 protagonistes est plus mis en valeur qu’un autre. Evidemment, on devine très vite qui sera la dernière survivante et qui bottera les fesses du grand méchant, son physique rappelant trop celui de Sigourney Weaver. Mais, pour les autres, il est difficile de deviner l’ordre de sortie décidé par le grand méchant loup. D’ailleurs, à ce sujet, nul doute que les amateurs de beautés scandinaves seront très déçus de voir la jolie Viktoria Winge partir en premier… Plus proche de ses homologues français qu’australien, Roar Uthaug préfère d’ailleurs valoriser le gibier plutôt que le prédateur. Le tueur de FRITT VILT s’apparente plus à un Jason Voorhees qu’à un Mick Taylor. Tout comme le héros des VENDREDI 13, il ne parle pas et la violence qui est en lui est expliquée succinctement par un drame qui s’est déroulé dans son enfance.
Beaucoup regardent le Slasher de haut. Pourtant, à la vue de films comme ILS, WOLF CREEK ou FRITT VILT, on comprend que ce n’est pas un genre si facile à mettre en image. Pour briller, comme on ne peut pas se reposer sur le scénario, il faut alors exceller techniquement et uniquement techniquement, d’autant plus que le Gore a disparu du genre depuis le SCREAM de Wes Craven. Maîtriser le rythme tout en n’oubliant pas de passer beaucoup de temps à présenter ses protagonistes, un exercice que Roar Uthaug a parfaitement réussi. Si ILS est le WOLF CREEK français, FRITT VILT est assurément l’équivalent norvégien. Sachant qu’il y a plus ou moins 200 pays dans le monde et à raison de 1 chef-d’œuvre par an, le Slasher a donc encore une longue et prospère existence devant lui.


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks


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